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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 1 à 6 de la série parue chez Mirage Studio, ainsi que les histoires courtes parues en fin des épisodes 7 et 8. Tous les épisodes sont en noir & blanc, écrits, dessinés, encrés et lettrés par Stan Sakai.

Ce tome regroupe plusieurs histoires. Dans la première, Usagi Yojimbo et Gen (un rhinocéros anthropomorphe) se retrouvent coincés dans une vallée suite à une échauffourée avec des ninjas du clan Neko. Ils sont recueillis par Kakera, un sensei que Shizu et Gunji (les 2 chefs du clan Neko) souhaitent capturer pour prouver leur valeur. Kakera lance un sort pour faire appel apparaître de valeureux guerriers. Leonardo, Michaelangelo, Donatello et Raphael, les 4 tortues ninjas, apparaissent.

Dans la deuxième histoire, une femme installe une idole sur le bord de la route pour porter chance aux voyageurs. Il y a également une poignée d'histoires courtes au cours desquelles le lecteur en apprend plus sur les enseignements de l'ermite Katsuichi, dispensé au jeune Usagi.

Par la suite Usagi Yojimbo n'a d'autre choix que de se battre en duel contre un lutteur, pour un combat provoqué par celui qui organise les paris et qui veut se débarrasser du lutteur. Puis il doit défendre un village contre l'attaque d'un groupe de pillards, et enfin se débarrasser d'un groupe de Tokage (des lézards de grande taille) qui l'ont pris en affection.

Le personnage d'Usagi Yojimbo a été créé par Stan Sakai en 1984 ; il en a conservé les droits et l'a publié chez plusieurs maisons d'édition successives. Usagi Yojimbo est un lapin anthropomorphe, un ronin (= un samouraï sans maître), basé sur le personnage historique et romanesque de Miyamoto Musashi (voir La Pierre et le Sabre de Eiji Yoshikawa). Il évolue dans le Japon de l'époque d'Edo, plus précisément au début du dix-septième siècle.

Il possible de lire ce tome sans avoir lu les précédents. Avec ces épisodes, le lecteur retrouve ou découvre ce lapin au caractère doux mais à la lame acérée. Comme son illustre modèle, il préfère la tranquillité aux affrontements, mais il sait se servir de son sabre quand il le doit.

Stan Sakai a retenu un parti un peu contradictoire dans sa façon de raconter ses histoires. Pour un lecteur de manga comme Lone Wolf & Cub de Kazuo Koike et Goseki Kojima, ou Vagabond de Takehiko Inoué, les aventures d'Usagi Yojimbo constitue une version édulcorée de chanbara, sans être fade. Sakai réussit à retranscrire à travers ses dessins l'époque d'Edo, le caractère rural du Japon, les différentes castes, et les combats. le lecteur peut facilement identifier les différents types d'armes de l'époque du katana à la chaîne lestée à ses extrémités. le rendu graphique est plus simple et plus gentil que des mangas de type gekiga, sans prendre le lecteur pour un idiot. Ainsi il peut apprécier l'authenticité des constructions dans les villages (jusque dans la manière dont elles sont construites), des tenues vestimentaires, des modes de culture, etc. Simplement les personnages ont des visages épurés calqués sur des animaux, et les dessins sont plus facilement et plus rapidement assimilables.

L'aspect graphique de la narration qui n'est pas entièrement raccord réside dans les conséquences des combats. Sakai a pris le parti d'édulcorer les conséquences des blessures. le lecteur lit la souffrance des personnages sur leur visage, il les voit faire des grimaces grotesques quand ils sont tués. Par contre, il n'y a pas de trace de sang, encore moins de blessure. D'un côté ce rendu préserve la sensibilité des plus jeunes lecteurs ; de l'autre côté il diminue fortement les conséquences de la violence en masquant la réalité des blessures et des séquelles.

Sous réserve de tolérer ce choix narratif, le lecteur peut apprécier des histoires bien construites, la gentillesse du personnage principal qui se comporte en héros, l'exotisme réaliste de ce Japon médiéval, et l'ambiance bienveillante. Stan Sakai ne se contente pas de piocher dans la culture japonaise pour construire un décor de carton-pâte. Il dispose d'une réelle culture en la matière qui nourrit son récit de manière naturelle.

Même l'intervention des Tortues Ninjas ne rompt pas le charme du récit. Elle est naturellement justifiée par le récit. Elle est également justifiée par le fait qu'à l'époque ces épisodes furent publiés par Mirage Studio, la maison d'édition bâtie par Kevin Eastman (l'un des 2 créateurs de Teenage Mutant Ninja Turtles).

Avec ces histoires, le lecteur se retrouve transporté dans un Japon féodal, aux côtés d'un rônin, luttant contre l'injustice, et refusant de devenir la marionnette d'un clan. Il rencontre plusieurs personnages attachants confrontés à des choix de nature plutôt adulte (s'émanciper de son village, lutter contre l'oppression d'un clan, venger l'assassinat d'un proche). Il retrouve l'essence des meilleurs mangas de sabre, à destination d'un public plus jeune, réalisé par un auteur qui ne prend pas ses lecteurs pour des idiots.
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