Encore une trilogie qui se termine…
Une nouvelle fois orpheline! C'est fou ce qu'on peut s'attacher à une histoire, à des personnages!
Dire que j'ai aimé est un doux euphémisme!
Tout d'abord, un rapide résumé:
Depuis l'année 1980, 1 % de la population naît avec des dons hors du commun. On les appelle les Brillants. La science se penche sur ce phénomène car les gens normaux ont peur, peur que cette minorité veuille prendre le pouvoir.
Alors le gouvernement des States les traque pour les canaliser, les analyser, circoncire leurs pouvoirs.
Alors un groupuscule mené par
John Smith a décidé de se défendre… par le terrorisme. Quand d'autres Brillants donnent naissance à la nouvelle Canaan, une communauté pacifique et pacifiste mais pas sans moyen de défense.
Quelle issue se profile quand la guerre est déclarée?
La solution réside-t-elle dans les travaux du Professeur Couzen, qui a découvert comment rendre chacun brillant?
Comme je l'avais relevé pour les deux précédents tomes, Les Brillants et
Un monde meilleur, la lecture est à plusieurs niveaux. Soit on ne voit dans cette trilogie qu'un nerveux thriller fantastique, soit on gratte la surface et on réfléchit sur notre société actuelle.
En introduisant le caractère fantastique dans ce thriller, toute polémique est absente. La minorité ciblée se démarque par des dons extraordinaires: aucune connotation religieuse, politique, culturelle. Donc pas de polémique possible sur quelque chose qui a priori n'existe pas encore aujourd'hui, c'est du fantastique, chacun se sent concerné.
Nous ne sommes pas des ermites, nous savons les discordes qui agitent notre monde, nous pleurons les victimes des attentats, nous rageons devant chaque explosion de terreur et de violence, nous élevons la voix devant chaque mensonge éhonté de nos dirigeants. Et l'aspect fantastique de ce roman est un tremplin pour que le lecteur se questionne.
Se questionne sur les pouvoirs politiques qui décident pour tout un peuple et leurs guéguerres intestines, de la manipulation des masses populaires, sur les fondements d'une vie tous ensemble ou l'intolérance extrême, sur la légitimation des conflits, sur la naissance d'une guerre civile ou la mise en oeuvre d'un génocide.
L'iniquité est la source de tous les maux. L'Homme est par essence envieux et jaloux. Il est aussi intolérant devant la différence. Et il cherchera à s'approprier par tous les moyens ce qu'il lui manque et ce que l'autre a. Que ce soit la terre, la richesse, le pouvoir… Ne pas y accéder est ressenti comme une injustice. Il est donc logique de la gommer. Par tous les moyens.
Avec
Un monde meilleur, nous avions laissé un pays au bord de la guerre civile. Entre un terroriste extrémiste et ses adeptes,
John Smith, la présidence des States gangrenée par des appétits égotiques voraces et la naissance d'une enclave, la nouvelle Canaan, censée être un havre de paix pour cette minorité persécutée, la paix est impossible.
Avec En lettres de feu, c'est un présent sombre et sans espoir qui happe le lecteur dès les premières pages. On ne voit pas de solution car chacun est tellement persuadé d'agir selon son bon droit que tout compromis est exclu, surtout quand les informations transmises à Madame la Présidente sont tronquées et erronées.
L'auteur nous pousse dans nos retranchements et dans l'aspect le plus sombre de notre esprit. En effet, devant les morts innocentes et injustes d'attentats, qui n'aurait pas envie de se venger aveuglement? Vous savez, le « oeil pour oeil et dent pour dent » qui fait couler le sang sans fin?
Et celui qu'on traque et dont on veut l'élimination quand son seul tort est d'être différent n'est-il pas en droit de se défendre, de se regrouper avec ceux qui lui ressemblent et souhaiter
un monde meilleur loin des agresseurs?
Et quand on est parents, existe-t-il une limite à ne pas franchir pour les protéger?
Ce sont des réflexions qui m'ont accompagnée tout au long de ma lecture mais ne vous y trompez pas, ce final est nerveux et sanglant, basé sur l'action. L'action de
John Smith qui veut en finir avec les gens normaux pour assurer la suprématie des Brillants, l'action d'un gouvernement totalement désarmé devant le chaos ambiant, l'action de la populace qui décide de se faire justice elle-même quitte à se planquer derrière un bouclier humain constitué d'enfants.
Action mais aussi stratégie: militaire pour le siège de la nouvelle Canaan, mensonge destiné à tromper les plus hautes instances de l'État ou encore torture psychologique pour amener un prisonnier à parler. Ce sont les armes qui parlent mais aussi l'intelligence des meneurs qui envisage le monde comme un échiquier et les êtres humains, Brillants ou normaux, pour des pions. Et ces meneurs ont toujours plusieurs coups d'avance sur le commun des mortels, instruments de l'ambition d'une élite.
Nick Cooper doit protéger sa famille, son pays. C'est un Brillant mais avant tout un homme qui souhaite une vie tranquille, sereine et simple. On ne dirait pas à le voir courir sans cesse, intrépide et volontaire! À travers lui, nous vivons son chaos intérieur, son désespoir devant une situation inextricable et sa loyauté mise à mal. Nous sommes face à la guerre dans son absurdité la plus totale, dans son apothéose de violence et d'aveuglement. Et s'il n'est pas le seul personnage déterminant de cette trilogie, c'est lui qui synthétise le mieux tous les sentiments ambivalents qui agitent le lecteur. C'est aussi l'image du héros par excellente: bon père, patriote, juste, qui se sert de sa cervelle mais aussi de ses muscles!
Ce final est apocalyptique! Les scènes de guérillas urbaines sont atrocement réalistes, tout comme les combats rapprochés. le rythme est haletant, le suspens vous prend épouvantablement à la gorge et les rebondissements vous laissent épuisés au coin de la rue!
Cette trilogie est une réussite! Honnêtement, aucun bémol à relever. Un régal du début à la fin, trois tomes très bien équilibrés, sans temps mort et un talent fou pour aborder des thèmes graves et contemporains sous couvert de ce qui n'existe pas (encore…)!
Je conseille à 200%, bien évidemment! Mais pourquoi? Pourquoi autant de haine en écrivant le mot « FIN »?
Je suis orpheline alors Môssieur
Marcus Sakey, j'attends avec impatience vos prochains écrits!
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