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Citations sur Saison de la Migration vers le Nord (36)

Comment dire à Mahjoub que dans ce décor somptueux, dans un verbeux discours, un ministre déclarait, accueilli par une tempête d'applaudissements : " Il faut empêcher la contradiction entre la connaissance livresque et la réalité populaire de se nouer. Tous les étudiants de nos jours aspirent au confort, veulent climatiser leur bureau et leur villa, circuler dans de vastes voitures américaines. Il faut s'attaquer aux racines du mal faute de quoi il se formera chez nous une classe d'intellectuels bourgeois coupés de la vie réelle. Et pour l'Afrique, c'est là un danger plus grave que le colonialisme même. " Dirais-je à Mahjoub que ce ministre aux déclarations si péremptoires passe les vacances d'été dans sa villa sur les bords du lac de Locarno, que sa femme s'approvisionne à Londres, par avion spécial, que les membres de sa délégation déclarent à qui veut l'entendre que leur ministre est corrompu et vénal, enrichi par le négoce et l'investissement dans l'immobilier, que sa fortune repose sur une exploitation scandaleuse de son peuple ? Ces gens-là ne pensent que ventre et bas-ventre. Il n'y a justice ni équité dans ce monde.
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Nous évoquions parfois notre enfance et il me disait :
- Compare un peu nos deux chemins. Tu es devenu haut fonctionnaire tandis que je suis resté paysan dans un pays perdu.
- Mais c'est toi qui as réussi, parce que tu agis sur la vie réelle du pays. Nous autres, fonctionnaires, ne changeons rien à rien, tandis que les gens comme toi sont les héritiers légitimes du pouvoir.
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Comme il gardait le silence, le regard détourné, je le dévisageai longuement. C'était assurément un bel homme : le front large et avenant, les sourcils bien séparés, croissants surmontant les yeux, une tête couverte de cheveux blancs, abondants, épais, en parfaite harmonie avec son cou puissant et ses épaules déployées, un nez pointu à l'extrémité, aux narines fournies en poils. Quand il releva la tête au cours de la conversation, je notai l'expression tout à la fois de tendresse et de dureté de son visage. Sa bouche était détendue, ses yeux rêveurs. Son visage plus harmonieux que mâle. Mais sa voix était tranchante, claire ; quand il se taisait son visage se durcissait ; quand il riait, la joie rayonnait en lui.
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Il avait déclaré : " Je suis un mensonge. " En étais-je un également ? La réalité n'est-elle pas, pour moi, dans ce village ? J'ai vécu parmi des étrangers, mais superficiellement : sans les aimer ni les haïr. Mes pensées secrètes étaient pour le village qui ne quittait point mon imagination, où que je me tournais. À Londres, en été, après l'orage, je pouvais sentir l'odeur de mon village. [...] Ce n'est ni meilleur ni pire ici que là-bas. Mais je suis, pareil au palmier dans notre cour, originaire de cet endroit. Et le fait que ceux de là-bas soient venus chez nous doit-empoisonner notre présent et notre avenir ? [...] Nous sommes tels que nous sommes, des gens ordinaires. Et s'il devait y avoir mensonge, il serait notre œuvre !
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Un économiste n'est ni un romancier comme Dickens, ni un politicien comme Roosevelt, c'est un instrument travaillant à partir de faits indiscutables, de chiffres et de statistiques. Le maximum d'initiative qu'il puisse prendre est d'établir une relation entre deux données, deux chiffres. Quant à interpréter les chiffres dans un sens ou dans l'autre, cela est du ressort des politiciens. Il y a déjà assez de politiciens de par le monde.
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- Avez-vous provoqué le suicide d'Ann Hammond?
- Je ne sais pas.
- Et Sheila Greenwood?
- Je ne sais pas.
- Et Isabella Seymour?
- Je ne sais pas.
- Avez-vous tué Jean Morris?
- Oui.
- Intentionnellement?
- Oui.
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Non, je n'étais point un caillou lancé dans l'eau, mais une graine jetée dans le sillon.
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Point d'abri face au soleil, s'élevant à pas lents, lançant ses rayons de feu sur terre, comme pour accomplir une ancienne vindicte. Point d'abri sinon la torride cabine, ombre qui ne protège pas. Éreintante route qui montait, descendait: et rien qui séduise l'oeil. Arbustes éparpillés dans le désert, tout épines, sans feuilles, végétation misérable, ni vivante, ni morte. On pouvait rouler pendant des heures sans rencontrer âme qui vive. Puis un troupeau de chameaux maigres, efflanqués, se profilait avant de disparaître. Pas un nuage, promesse d'ombre, dans ce ciel de feu, couvercle de l'enfer. Le jour ne compte pas ici: c'est une torture que subit l'être vivant, dans l'attente de la nuit salvatrice.
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La ville se métamorphose en femme étrange dont les appels mystérieux provoquaient mon désir à mort. Ma chambre à coucher était source de deuil, virus ravageur. Telles femmes en étaient contaminées depuis mille ans. Et j’avais provoqué les insondables profondeurs du mal juqu’a Faire du meurtre une cérémonie.
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Ce n’est ni meilleur ni pire ici que là-bas. Mais je suis pareil au palmier dans notre cour, originaire de cet endroit. Et le fait que ceux de là-bas soient venus chez nous doit-il empoisonner notre présent et notre avenir? Pareils à d’autres envahisseurs à travers l’Histoire, ils devaient, tôt ou tard, s’en aller. ....... Et nous parlons maintenant leur langue sans culpabilité ni reconnaissance. Nous sommes tels que nous sommes des gens ordinaires. Et s’il devait y avoir mensonge, il serait notre œuvre !
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