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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Danièle Sallenave, Académicienne, prend fait et cause pour le mouvement des Gilets jaunes. Pourquoi un immortel viendrait-il s'épancher sur les gens de peu ? On peut lire dans son ouvrage au moins trois raisons.

Tout d'abord, l'auteure se reconnaît dans l'origine sociale des manifestants. Ses parents étaient aussi d'humbles et invisibles travailleurs. Ensuite, Danièle Sallenave croit toujours à l'idée d'égalité et l'espoir d'un dénivellement social. Enfin, l'auteur croit tout autant au pouvoir de l'éducation populaire, de l'instruction et de la culture pour sortir de sa condition et s'élever intellectuellement sans même chercher une quelconque promotion sociale. A ce propos, elle évoque cette histoire lu dans dans le roman « Démons » de « l'écrivain autrichien Heimito von Dorerer, qui a surpris par son appétit de livres. Sa vie lui convient. Avec des livres. On lui propose de devenir responsable culturel à la mairie ? "Mais non, répond-il. Je veux être un menuisier qui lit."»

Avec ce soutien indéfectible aux Gilets jaunes, aux opprimés en général, on se demande bien ce que Danièle Sallenave trouve comme plaisir à siéger dans une institution aussi conservatrice que l'Académie française ; peut-être est-ce le plaisir d'enrager les plus réactionnaires. Et ce plaisir est partagé.
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S'accaparant comme tout un chacun la figure du gilet jaune, Danièle Sallenave en décrit une image correspondant à sa propre culture modeste. Au travers de cette image pleine d'humanisme et empreinte de finesse, elle propose une réflexion sur l'incompréhension collective de notre propre société et l'aveuglement des uns envers les autres. le métier du romancier apprend sans doute à transmettre par ses textes des sentiments plutôt que des seuls faits, et c'est bien là l'intérêt majeur que j'ai vu dans cette proposition d'analyse.
Le recul et la culture politique aussi de Danièle Sallenave font de cette réflexion, sans devenir pamphlet ou manifeste, un éclairage bienvenu.
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Ce livre est aussi court (42 pages) qu'il est intéressant.

On pourrait croire que, par sa condition d'Académicienne et de femme de lettres, Danièle Sallenave pourrait regarder les Gilets jaunes de haut, comme beaucoup de ces "gens d'en haut", mais il n'en est rien : a contrario, elle prend, avec un certain brio verbal, la défense des Gilets Jaunes, comprend et légitime leurs revendications de justices fiscale et sociale et mène une charge contre les politiques et certains médias qui ont tendance à dénigrer le mouvement, ce qui est contraire à l'attitude qui devrait être la leur.

Elle pose également la question et trouve des explications relativement justes au fait que certains sujets soient absents de leurs revendications comme la culture (qui, selon elle, ne s'intéresse pas assez aux personnes qui ont peu de moyens) ou l'éducation.

Cependant, il ne faut pas croire qu'elle légitime tout ce qui vient des Gilets jaunes. Elle remet l'église au milieu du village en disant que les violences qu'elles soient verbales ou physiques ont eu tendance à nuancer sa sympathie, qui, au début, était totale, envers les Gilets jaunes.

Donc, une position modérée et richement argumentée de la part de cette grande dame de lettres : soutien aux Gilets jaunes, qui ne légitime pas pour autant la violence qui émane par moment du mouvement.

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Je découvre cette collection. Titre intéressant, malgré une digression.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Oeuvre salutaire, relativement "à chaud" mais écrite avec le recul qui sied à une grande dame, académicienne et - cependant - fille de l'Ecole de la République (ses parents étaient d'ailleurs instituteurs).
Une sympathie affirmée pour le mouvement des Gilets jaunes, ce que l'on peut ou non partager, mais surtout des analyses qui valent par leur acuité quant à la crise de notre société : crise de la représentation démocratique, crise de l'économie, crise de l'éducation, crise de la culture. Un dénominateur commun à tout cela, l'inégalité croissante entre ceux "d'en-haut" et ceux "d'en-bas", entre ceux qui possèdent (le statut social, l'argent, le pouvoir) et ceux qui n'ont rien ou pas grand-chose, ou qui même, pour certain Président, "ne sont rien". Les excès du mouvement sont à mesurer aussi à l'aune de cette inégalité-là.
Une quarantaine de pages ne sauraient bien sûr pallier une analyse approfondie des événements. Celle-ci viendra en son temps, mais en cette période post-Grand débat, où l'explosion soudaine de fin 2018 semble retombée, il fait bon se souvenir que tout ce qui a causé le mouvement est encore loin d'être résolu, tant la transformation attendue, si elle vient un jour, devra être nécessairement conquise de haute lutte, démocratique s'entend.
Petit livre très sain et à consulter, de même que cette nouvelle collection Gallimard qui semble promettre de bonnes choses.
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