AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 33 notes
5
6 avis
4
3 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
A partir de 1946, le gouvernement belge mène la "bataille du charbon". le premier Ministre van Acker instaure un système d'échange avec des pays étrangers : "Du charbon contre des ouvriers".
Comme beaucoup d'Italiens Pietro cède aux promesses des campagnes d'embauche en 1956. Mourir de faim au soleil dans les Pouilles, ou mourir écrasé/asphyxié mais le ventre plein au fond d'une mine à Marcinelle ?

Pietro est vite déprimé par ce "Vespa-mine-famille", la version charbon du Métro-boulot-dodo. Dans cette Belgique froide et grise, il a des envies d'évasion, de chaleur. Un petit retour au pays pour des vacances, par exemple. Ou se laisser charmer par une belle inconnue.

Né en 1960 dans les corons, fils d'émigrés italiens, Sergio Salma rend ici un bel hommage aux mineurs. A travers l'histoire fictive d'un homme paumé, fatigué, il restitue fidèlement l'environnement qui fut le sien et celui de ses proches : le travail harassant et dangereux des ouvriers, la peur des accidents, la solidarité entre compatriotes et l'importance des valeurs familiales et religieuses.

Si on s'est arrêté à la couverture et aux thématiques de l'album, on peut être dérouté et déçu par la place accordée à l'histoire d'amour au détriment du reste.
J'ai apprécié le dosage, ce zoom sur quelques mois de la vie d'un homme en rupture.

La postface apporte des précisions très intéressantes sur les aspects socio-historiques : contexte économique, "accueil" des immigrés italiens par les populations locales, mode de vie, évolution du secteur minier dans la seconde partie du XXe siècle.
Commenter  J’apprécie          251
Récit de la mine, récit de l'émigration et du rêve du retour au pays, voilà ce que l'on retrouve dans cette BD. Tout y est en noir et blanc, comme les hommes qui remontent du fond. Quand ils remontent. Parce que Marcinelle 1956 c'est aussi la plus grande catastrophe minière de la Belgique du 20è siècle.
Mais il n'en est pas beaucoup question. le plus important, ce sont les relations entre les hommes, entre indigènes et émigrés, qui parfois ont du mal à se comprendre. Parfois même les émigrés entre eux ; c'est pire encore quand deux visions s'affrontent au sein de la même famille : l'installation définitive en Belgique ou le retour à la terre natale ?
Beaucoup de questions, pas de réponse définitive. Plutôt une ouverture vers des lendemains possibles, que l'auteur connait bien, lui-même fils de mineur italien.
Avec un dossier explicatif du charbonnage en Belgique.
Commenter  J’apprécie          120
8 août 1956. Un incendie se déclare dans la mine du Bois du Cazier, à Marcinelle. 262 mineurs perdent la vie dont 132 de nationalité italienne. C'est la pire catastrophe industrielle de l'histoire de la Belgique. Dans ce roman graphique en noir et blanc, Sergio Salma raconte ce jour funeste. Mais pas seulement. Il fait aussi revivre le travail harassant, répétitif et dangereux des gueules noires. Surtout, à travers le personnage de Pietro, immigré atypique peu nostalgique de son Italie natale, il prend à contre-pied la figure classique de l'ouvrier viscéralement attaché à ses racines. Pour Pietro, son pays est celui qui lui donne à manger. Peu importe que ce soit la Belgique ou le royaume de Zanzibar ! Et même s‘il retourne chaque été voir la famille, même s'il roule en Vespa et qu'il passe chaque dimanche avec sa communauté autour d'une grande tablée, il voit son avenir et celui de son fils sous la pluie et le ciel bas du plat pays qui est devenu le sien.

Salma ne donne pas dans l'autobiographie. Son père (italien) n'a jamais été mineur et lui-même est né en 1960. Il a néanmoins grandit à Fontaine-l'Evêque, près de Charleroi, à moins de 500 mètres d'un puits d'extraction. Son récit mélange donc des souvenirs d'enfance et une solide documentation. Beaucoup de finesse et d'intelligence dans son propos qui ne se limite pas à un hommage rendu au monde de la mine. Avec Pietro, il navigue entre mémoire familiale, instants de vie privée, questionnement sur la place des immigrés dans la société et réflexions sur le déracinement.

Coté dessin, l'épaisseur du trait donne de la profondeur aux planches en noir et blanc. Les nombreuses séquences sans textes racontent quant à elles mieux que de longs discours la pesanteur des habitudes au fond de la mine. le découpage simple et les courts chapitres rendent l'ensemble dynamique et très agréable à lire. En fin d'ouvrage, un dossier rédigé par le journaliste Morgan di Salvia met en perspective l'importance de l'industrie charbonnière belge des années 50 et apporte des précisions sur le déroulement de la catastrophe et son retentissement.

Une belle réussite que je recommande chaudement.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          120
Sergio Salma évoque la catastrophe du Bois du Cazier, à Marcinelle, en août 56, à travers le récit de la vie quotidienne de Pietro, un immigré italien, mineur de fond. Ce roman graphique est très réussi parce qu'il ne tombe pas dans le didactique et est exempt de discours historique à vocation édifiante. Ici pas de jugement, pas de diatribe contre les patrons de charbonnages ou l'Etat belge prêt à sacrifier la main d'oeuvre qu'il avait obtenue pour pas cher. Salma parle du temps qui passe, des doutes de ces Italiens déchirés entre l'envie de retourner au village et la certitude que maintenant la vie est ici . Il évoque les regrets, les instants où un sourire, une chevelure volant au vent, un frôlement de main laissent entrevoir une porte de sortie, une vie moins absurde. Et, paradoxalement, cette chronique assez neutre, se révèle d'une terrible efficacité pour dénoncer la condition des mineurs en plein milieu du vingtième siècle, alors même que la Belgique s'apprêtait à inviter le monde entier pour célébrer le triomphe de la science et du progrès technique. Et quand le chef des sauveteurs prononce la phrase restée célèbre, "Tutti cadaveri", le lecteur a un goût de cendre dans la bouche.
Commenter  J’apprécie          110
En Belgique, le Bois du Cazier est indissociable de cette phrase terrible "tutti cadaveri" qui scella la catastrophe de mars 56. Dans ce superbe album graphique en noir et blanc, Sergio Salma entreprend de nous relater la vie des immigrés italiens employés au fond de la mine et les jours qui précédèrent cette date funeste.

Il nous présente Pietro, mineur de fond, rêvant d'un quotidien meilleur; il mêle vie familiale, rejet, amour et nostalgie dans un dessin superbe et émouvant. Une ambiance et une époque magnifiquement rendues !
Commenter  J’apprécie          70
Intelligent et sensible.

Une tragédie comme celle du bois du Cazier à Marcinelle, en 1956, c'est loin historiquement, et géographiquement. Des tragédies dans les mines, il y en a beaucoup. Celle de Marcinelle, voici plus de 50 ans, n'a jamais quitté les consciences belges (et encore moins celle de la région "du centre", comme on l'appelle).

262 morts, à la suite d'une manoeuvre maladroite. Mais qui sonne quand même comme la chronique d'une catastrophe annoncée. Même si l'auteur ne prend pas cette voie, facile, vers les patrons pourris et avides au gain.

Sergio Salma nous livre une oeuvre intelligente, ai-je dit. Car il choisit de recadrer le tout dans un contexte plus large (tout en restant au niveau des individus): le Plan charbon de van Acker au lendemain de la seconde guerre mondiale. L'immigration massive d'Italiens qui sont appelés "macaroni", moqués, insultés, et qui trouvent en Belgique une seconde patrie. C'est l'histoire de deux frères, fictive et pourtant si "réelle". Un se trouve bien en Belgique, Pietro, l'autre rêve de l'Italie, d'où les tantes envoient du fromage et du saucisson.

C'est la Belgique, pluvieuse et froide, et les charbonnages, noirs et impitoyables.

Récit intelligent car on retrace l'année 1956 à travers Pietro et son rapport au monde, aux autres, à la mine, et à la famille, aux femmes aussi.

Sensible car pudique. Car humain. Pietro, on l'aime pour ses faiblesses et ses doutes. On ne s'appesantit pas sur la mort et le désastre. Il se lit dans ces visages simplement croqués, dans les postures de gens simples, directs, déracinés. Même l'histoire d'amour, cette séduction maladroite pleine de non-dits et d'incompréhension entre Pietro et une jeune blonde, est très puissante et tendre à la fois.

C'est par ailleurs très bien documenté. La salle des pendus, les wagons, la vie quotidienne dans la mine, les chevaux, etc. tout est d'un réalisme de bon aloi. Les gueules noires, la vie au fond du trou... Les quelques discussions entre frères sur l'Italie, la place en Belgique, etc. c'est aussi très bien rendu.

A une époque où l'immigration est honnie, haïe, où l'on crache à la tête de l'immigré, il est bon de se plonger dans un bout de son passé.

Une belle réussite, idéalement suivie d'un court dossier pédagogique bien vu. Mention particulière pour les affiches de l'époque, encourageant la production de charbon, exhortant les travailleurs qui oeuvrent pour le bien commun...
Commenter  J’apprécie          60
Je ne vais pas répéter la quatrième de couverture. Juste ajouter que la construction du roman graphique commence et se termine le 8 août 1956, par l'accident et par les tentatives de sauvetage, début et fin qui enserrent les sept premiers mois de 1956, pour montrer le quotidien de Pietro Bellofiore et de sa famille. Ce personnage de Pietro est vraiment intéressant : Italien d'origine, et bien entouré par toute sa « smala » (femme et fiston, frère, copains du même village en Italie), il se démarque des autres parce qu'il n'a aucune envie de retourner dans son pays natal. « Mon pays c'est celui qui me donne à manger » proclame-t-il. Aussi, plutôt que d'économiser pour rentrer et s'acheter quelque chose au pays, il s'offre une Vespa, pour ne plus pédaler douloureusement avant et après des journées à la mine épuisantes. C'est la Vespa qui lui donne l'occasion de rencontrer Françoise, fille d'un colon belge au Congo. Une rencontre qui répond sans doute au désir inconscient d'intégration de Pietro. Comme l'explique Sergio Salma à la fin du livre, les difficultés de compréhension entre la Belge et l'immigré italien sont une sorte de métaphore du malentendu entre l'ouvrier italien du fond et le belge en surface, qui a provoqué la catastrophe le 8 août au matin.

Au delà de ce personnage de fiction et de l'aspect romancé (pas lourd du tout), c'est le travail des mineurs de fond qui est montré, leurs conditions de travail, le racisme envers les « Macaronis » dont l'Italie a été contente de se débarrasser contre des tonnes de charbon et que la Belgique a attirés avec des promesses dignes de l'Eldorado pour mener la « bataille du charbon », déclarée priorité nationale après la seconde guerre mondiale. Mais les premiers temps en Belgique n'ont pas été aussi roses que les affiches de propagande qui les recrutaient en Italie, loin s'en faut. Par exemple, les ouvriers italiens ont d'abord été logés dans des baraquements qui avaient servi pour les prisonniers de guerre allemands… (Ceci dit, j'ai vu un reportage à Manoppello, un petit village italien qui a perdu vingt-huit ressortissants dans la catastrophe, et dont les descendants des victimes disent que l'Italie n'a rien fait pour eux à ce moment-là, ce sont les Belges qui se sont bougés pour eux – vous me direz, on leur devait bien ça…). A travers le personnage de Françoise, c'est aussi la Belgique des années 1950 qui est évoquée, le contraste avec les ouvriers, le colonialisme.

J'ai beaucoup aimé le traitement graphique de cette histoire par Sergio Salma : un dessin en noir et blanc très clair, réaliste évidemment mais aussi très sensible, un découpage judicieux, et surtout de nombreuses pages sans paroles qui montrent la routine, la pénibilité du travail, les heures passées au fond, à 975 ou 1035 mètres sous terre, sans remonter en surface, des jours et des jours où la solidarité entre mineurs n'est pas un vain mot. Un dossier en fin d'ouvrage rappelle les enjeux de la bataille du charbon, l'immigration italienne, les jours et les jours d'attente qui ont suivi la catastrophe avant que les sauveteurs puissent enfin remonter les corps des 262 victimes, dont 139 Italiens. On peut essayer de s'imaginer les galeries où le feu a pu se propager rapidement grâce à la ventilation permanente et se nourrir du bois qui étançonnait les tailles, la fumée toxique, le noir complet dans lequel ont été plongés les mineurs, les tentatives de sauvetage avec des moyens dérisoires face à l'ampleur du drame. Seules 13 personnes ont pu sortir vivantes du brasier, le jour même ou le lendemain. le dernier corps a été remonté au jour en décembre… 1957.

Un sujet social et un ouvrage de mémoire poignant, indispensable.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
Commenter  J’apprécie          60
Un accident mortel dans les mines de Marcinelle.
Une plongée dans la vie d'homme et de famille des mineurs d'origine Italienne.
Commenter  J’apprécie          61
Marcinelle 1956 est une histoire fictive inspirée de faits réels. L'auteur Sergio Salma montre la difficulté du travail dans les mines après la seconde guerre mondiale. de nombreux italiens et d'autres étrangers vont venir travailler en Belgique pour mieux gagner leur vies. Les conditions salariales étaient plus intéressantes en comparaison à un autre travail mais celui-ci était tellement éreintant que peu de Belge y travaillait. En 1956, un accident causa la mort de plus de 200 personnes. Un histoire poignante, triste et bien réele...
Commenter  J’apprécie          30
On connaissait Sergio Salma grâce à sa série Nathalie qui tourne autour d'une petite brune passionnée par les voyages et l'environnement, on le redécouvre avec un sacré virage dans Marcinelle 1956. Comme d'habitude, la bande dessinée est un excellent moyen de (re)découvrir un évènement historique. le trait réaliste de Sergio Salma correspond bien au récit historique et le noir et blanc est parfait - on imagine difficilement une ambiance qui reflèterait mieux l'intérieur d'une galerie.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (62) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5240 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}