J'étais très curieuse de lire ce livre car notre époque n'a pas son
Zola, et depuis longtemps déjà, j'aspire à lire du quotidien de masse, de ce que nous vivons tous, des histoires simples ou complexes, mais du vrai quoi, du vrai du concret du vécu, et surtout pas de drame systématique, surtout pas de destins exceptionnels, un peu comme un reality show télévisuel ( soit dit en passant je ne les supporte pas), mais en papier, et avec un style littéraire attachant et élaboré : j'aimerais même qu'il existât une collection consacrée à ce thème : les vies de M et Mme tout le monde. On vit tellement en dehors de la réalité avec partout les messages mensongers des publicités, et les demis vérités ( quel doux euphémisme !) des médias. Notre époque vise le confort et le plaisir, d'où probablement le manque d'intérêt pour la réalité : que l'on lise ou que l'on regarde un film, on cherche surtout à s'évader...
Donc, ce livre m'a tentée pour combler ce besoin de réalisme. Et il l'a été en partie : il se lit casiment comme une liste d'épicerie qui aurait été écrite par une ménagère bien organisée : tout comme cette ménagère va répartir ses achats en catégories ( les légumes ensemble, les produits laitiers etc...), les anecdotes ramassées par Anna la caissière écrivaine sont rassemblées simplement par thème : le chapitre du mauvais payeur, celui des voleurs, des dragueurs etc...
J'ai aimé me retrouver dans cette lecture, car j'aime faire mon épicerie , hihi !!! (pas trop souvent quand même, je suis plutôt du genre à acheter pour minimum une semaine, afin de ne pas y passer tout mon temps libre non plus !!!)
Tout au long du livre, la narratrice prend à témoin le lecteur, le vouvoyant, ce qui n'est pas sans rappeler d'une certaine manière les marchés à la criée et augmente le caractère vivant et réaliste de l'ensemble.
Mais soyons clair :
Anna Sam n'est pas un
Zola contemporain et ce livre se lit plutôt comme un article de revue dans une salle d'attente...
De plus, j'ai carrément été surprise par le nombre de clients agressifs ou désagréables !!! Rarement je n'ai été témoin d'attitudes de la clientèle, telles que décrites par Anna, ce qui m'a laissée le sentiment qu'elle est tombée dans le piège évident de ne remarquer que le négatif. C'est bien connu, il suffit d'un pertubateur dans une classe, par exemple, pour que le professeur ait l'impression d'avoir une classe difficile.
Cependant, j'aurais bien aimé que Anna évite ce piège et qu'elle ait la délicatesse d'affiner son regard pour observer plus en profondeur sa clientèle et qu'elle consacre plus de chapitres à ceux qui n'étant pas désagréables, devaient aussi avoir d'autres caractéristiques tout aussi intéressantes à mes yeux, si ce n'est plus...
Une autre surprise, pour moi qui ai toujours considéré la France comme la Championne du respect des conditions de travail : 3 minutes de pause par heure travaillée !!! Je n'aurai pas survécu une semaine à ce rythme, moi qui ai besoin d'au moins 40 mn, ne serait-ce que pour manger !!!
J'en profite pour dire mon respect à toutes les caissières, ce n'est pas une job facile quand même, on s'en doutait, et Anna le confirme, avec une pensée spéciale pour les caissières québecquoises, qui en surplus, n'ont pas de siège pour s'asseoir...