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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a quelques heures, ce premier roman m'attendait dans ma boite aux lettres. Je remercie vivement les éditions Hachette et Babelio…. de cette proposition de lecture et de rencontre ultérieure , avec son auteure…

Aussitôt débuté et « accroché »…Je n'ai pas lâché cette histoire poignante, nous parlant haut et fort du monde où nous vivons et que nous faisons, chacun à notre modeste niveau, selon notre ouverture aux autres et nos conditionnements sociaux !!!

Un sujet engagé et délicat à traiter !.... mais l'auteure, toute jeune femme de 22 ans, «étudiante en médecine, écrit et décrit avec un tact infini une rencontre périlleuse et des plus improbables entre deux jeunes aux extrêmes de l'échelle sociale : Noémia, jeune étudiante de 19 ans, en droit, timide et solitaire, vivant en colocation avec ses cousins, et Tristan, 21 ans, se trouvant SDF, dans une solitude et un dénuement terribles… Comment ces deux-là vont –ils pouvoir se rencontrer, se parler, hors des préjugés de la société ambiante… ?

“Ses souvenirs de classe de première ressurgirent. L'étude de -Jacques le Fataliste- lui avait fait découvrir le concept de "déterminisme", selon lequel chaque événement était la conséquence d'un autre. La vie ne serait donc qu'un enchaînement de causes et d'effets. le fatalisme ressemblait au déterminisme, avec une nuance plus pessimiste. A l'époque, Tristan jugeait ces théories sans intérêt. Aujourd'hui, assis comme chaque jour sur le trottoir à la sortie du supermarché Cora, il y repensait. bien sûr, il ne s'était pas retrouvé sur ce mètre carré de goudron en un claquement de doigts. Mais pourquoi lui ? Arrête, tu te fais du mal pour rien.
Une fois de plus, Tristan se sentit écoeuré. Ecoeuré d'être à la rue à vingt et un ans, écoeuré d'avoir déjà raté sa vie alors qu'elle commençait à peine. » (p. 13)

Un texte, au demeurant, en direction de jeunes lecteurs , qui toutefois concerne tout un chacun, quel que soit son âge. Un récit tout en finesse interpellant tous nos préjugés et nos réflexes de mettre les personnes dans des cases très restrictives… Noémia, notre étudiante de 19 ans, privilégiée… se remet en cause… et analyse fort bien les pressions sociales et le poids du regard des autres…qui font, qu'en dépit de la sincérité de ses sentiments, ne parvient pas à dire les choses aux êtres les plus proches, dont son cousin, Valentin !

« (...) assumerait-elle une amitié avec un SDF ? La réponse qu'elle découvrait la laissait mal à l'aise. Malgré sa grande estime pour Tristan, elle avait honte d'avouer à ses proches qu'il était sans domicile. Que diraient-ils ? Que penseraient-ils ? Mais arrête ! On se moque de leur avis, ce n'est pas parce qu'il vit dehors que tu n'as pas le droit de l'apprécier ! (...)
Malgré elle, la jeune femme dut se rendre à l'évidence: elle se trouvait incapable d'assumer cette amitié "différente". (p. 124)
J'ai apprécié fortement la manière de l'écrivaine de traiter ce « sujet casse-gueule »… Pas de manichéisme caricatural, ni d'évangélisme… mais une lucidité perturbante car elle s'adresse à tous… Qui, d'entre nous, échappe aux préjugés, aux idées toutes faites, et à cette « foutue honte sociale » ??....
La complexité de la situation, réunir deux êtres venant de planètes diamétralement opposées ou différentes… nous rend, nous-même bien perplexes quant à l'issue de cette véritable histoire d' « amour impossible »… l'auteure nous offre donc l'alternative de choisir entre deux conclusions !!??
Je n'ajouterai rien de plus !!!...

Cela donne une sorte d'oxygène, d'ouverture, d'espoir libérateur…mais là aussi…le choix reste cornélien. Comme dans la vraie vie, il faut faire du mieux possible, en tentant d'être sincère, en accord avec ses convictions, en écartant le plus possible les solutions manquant de vérité, celles qui colmatent juste « notre » bonne conscience…
Je renouvelle mes remerciements aux éditions Hachette et à Babelio…
Avec le nouveau couvre-feu à 18h… qu'en sera-t-il de la soirée initiale prévue avec l'auteure, le 3 février prochain ??

En attendant, BRAVO et moult félicitations à Célia Samba pour ce premier roman, légitiment « primé» au concours d'écriture « Nos futurs »…

******P.S : un renseignement ayant son importance : chaque exemplaire de ce livre acheté, 1€ est versé à l'Association « La Cloche » [ Pour lutter contre l'exclusion des personnes sans abri » ]
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Un premier roman d'une très jeune auteure, car même s'il vient d'être publié, Célia Samba en a entrepris l'écriture en 2013, lorsque, lycéenne, elle rencontre un SDF coiffé d'un bonnet Pikachu à qui elle offrira une crêpe. C'est lui qui inspirera le personnage de Tristan, jeune sans-abri de 21 ans. L'autre personnage central du récit, c'est Noémia, ou "Mia" comme la surnomment ses proches. Selon une interview ( https://www.carnetsdeweekends.fr/la-rue-qui-nous-separe-de-celia-samba/), Célia Samba ressemblerait beaucoup à Noémia ! Comme son héroïne, elle est étudiante (mais en médecine), et comme Noémia elle a à coeur de ne pas ignorer ceux qui vivent dans la rue et d'avoir des échanges avec eux. En 2018, elle décide de participer au concours d'écriture 'Nos Futurs" dont le thème est "l'engagement" (à ne pas confondre avec "No future", n'est-ce pas les keupons !), et pour l'occasion reprend son texte, le remanie, l'enrichit et le déplace de quelques années afin de le faire correspondre à la réalité du moment. Elle gagnera le concours, et Hachette publie son roman en y associant "La Cloche", un organisme qui vient en aide aux sans-abri. Pour chaque roman vendu, un euro est reversé à l'association, ça vaut le coup d'être souligné.
L'histoire est assez simple : Mia à 19 ans, elle vit en banlieue parisienne dans un appartement bourgeois avec son cousin Valentin et la soeur de celui-ci, Joanna, un trio très fusionnel depuis l'enfance. Pas de soucis d'argent, les parents veillent au grain. C'est l'hiver, il fait froid, et le jour où Mia remarque ce jeune SDF (il a 21 ans), recroquevillé devant un supermarché (dont le nom est répété trop souvent à mon goût !), elle est profondément touchée par sa triste situation. Mais il lui faudra quand même pas mal de temps pour se décider à l'aborder en lui offrant...une crêpe ! La relation va se développer, Mia va découvrir avec surprise qu'on peut avoir fait des études, être cultivé, et se retrouver quand même à la rue. Elle prend conscience de sa propre existence privilégiée (même si elle cache également un traumatisme), et cherche par tous les moyens, parfois maladroits, à aider Tristan. Vous vous en doutez, ces deux-là ne tardent pas à s'attacher l'un à l'autre, mais pas facile de vivre une histoire d'amour quand l'une a honte d'afficher qu'elle fréquente un SDF, et quand l'autre se débat avec son passé familial tragique et ses culpabilités.

Ce roman comporte de nombreux aspects positifs, dont son étonnante maturité, comparé à d'autres "premiers romans" lus récemment. La narration est agréable, elle alterne entre Noémia et Tristan, à la 3ème personne du singulier, ce qui permet de bien percevoir le contraste entre le quotidien de chacun au même moment. La vie dans la rue n'est manifestement pas celle de l'auteure, mais on ressent son empathie, et elle s'est sérieusement documentée, le récit est plausible. Les personnages secondaires sont intéressants, même si le cousin Valentin je l'ai cerné un peu trop vite, sous ses airs prétentieux de Bogoss de service. La cousine Joanna aurait mérité un peu plus de développements, tout comme Nora l'ancienne petite amie de Tristan ou Lila la jeune prostituée. Mais on me souffle qu'un autre roman est sur le point d'être terminé, où elles devraient réapparaître.
De nombreux thèmes abordés, souvent liés à la précarité : alcoolisme, drogue, prostitution, foyers...mais l'histoire n'est pas plombante, la plupart du temps on entrevoit des lueurs d'espoir, sauf...
Surprise à la fin, mais je ne dirai rien ! A mon avis ce livre peut être proposé à partir de 14-15 ans mais en tant qu'adulte je ne me suis pas ennuyée, même si je n'ai rien appris. Ce peut être une bonne occasion de sensibiliser les jeunes à la précarité, et à la solidarité avec ceux qui sont moins gâtés qu'eux, voir un peu plus loin que la dernière console de jeu ou le prochain smartphone. Ma note peut paraître un peu basse, ce n'est pas du à la qualité de l'ouvrage, mais plutôt au fait que ce n'est pas vraiment mon style de lecture favori, je préfère les récits plus engagés, plus proches de témoignages sur ces thèmes-là.
Merci une fois de plus à Babelio, ainsi qu'à l'éditeur Hachette romans de m'avoir offert l'occasion de découvrir cette jeune auteure très prometteuse.
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Le sujet m'interpelle ; ceux qui me connaissent un peu et qui ont lu Libres dans leur Tête ne seront pas étonnés : Tristan, Romain, … parfois les événements s'enchaînent pour le pire, et les trajectoires dévient. Les « coups du destin », les « mauvaises rencontres », les bonnes aussi, peuvent faire basculer une vie « du bon ou du mauvais côté ».

En tout cas, chapeau bas à Célia Samba pour l'écriture de ce très joli roman, qui lui a valu de remporter le concours « Nos Futurs 2020» organisé par Hachette romans. Célia Samba, malgré son jeune âge, propose en effet un roman abouti sur un sujet engagé et délicat à traiter. Sa plume est douce, sensible et pudique.

L'histoire en elle-même est simple : Mia, une étudiante de 19 ans, se prend d'affection pour un jeune SDF de 21 ans qu'elle va peu à peu « apprivoiser ». Alors qu'une série d'événements tragiques ont poussé Tristan à la rue, l'existence de la jeune fille est apparemment lisse et « sans histoire ». Mais elle a aussi des blessures enfouies ; tout cela est dévoilé progressivement. Une histoire d'amour contrariée donc, du fait du poids des préjugés, des conventions sociales et des fardeaux lourds à porter.

Si l'on peut déplorer que certains personnages secondaires (féminins) n'aient pas été plus « fouillés » et étoffés, je salue le travail de documentation de Célia Samba sur « le monde de la rue » et ses codes, et la façon (originale) dont elle se sort de l'épineux problème du romancier de « décider du sort » de ses personnages : vont-ils surmonter les obstacles et pouvoir s'aimer ?

Je dirais que le roman s'adresse à tous, à partir de 14/15 ans. La vision n'est pas manichéenne mais lucide et nuancée, c'est un bon vecteur pour sensibiliser les jeunes à la précarité et à la solidarité. Une réussite, et un premier roman tout à fait prometteur !

À noter enfin : pour chaque exemplaire vendu, 1€ est versé à l'Association « La Cloche », qui vient en aide aux sans-abris.
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La rue qui nous sépare entrecroise les histoires de Noémia, une jeune étudiante en colocation avec ses cousins, et de Tristan, qui a son âge mais s'est retrouvé à la rue après une histoire familiale difficile. Quand Noémia décide de surmonter sa timidité et d'offrir une crêpe à Tristan pour le réconforter, elle n'imagine pas une seconde que ce simple geste va les amener à mieux se connaître et marquer le début de leur histoire commune.

Après la lecture de ce résumé, j'étais un peu inquiète à l'idée des clichés et des bons sentiments que ce roman risquait de véhiculer. Les premières pages ne m'ont pas vraiment rassurée : je les ai trouvées assez convenues, le ton sonne plutôt juste mais l'histoire est prévisible avec les passages obligés sur la crainte ou les difficultés que l'on peut avoir à aborder une personne qui vit dans la rue. Comme il s'agit d'un roman pour ados, les chapitres sont assez courts et entremêlent les points de vue de Tristan et de Noémia, ce qui fait que ce roman est facile à lire. J'ai donc tourné les pages sans grande conviction mais sans ennui non plus.

Et finalement le charme de ce roman et la sincérité que met Célia Samba dans son récit ont fini par agir : au fil de ma lecture, j'ai été de plus en plus embarquée dans cette histoire et ai fini par ne plus lâcher ce livre ! A partir du point de départ initial et de cette amitié inattendue, l'auteur brode une intrigue très cohérente et beaucoup plus riche que ce à quoi on aurait pu penser. Les personnages sont attachants et le fait d'alterner les points de vue des deux héros permet de faire ressentir leurs incompréhensions mutuelles et le fossé qui peut se créer entre ceux qui sont à la rue et le reste du monde. J'ai apprécié également le fait que l'auteur n'édulcore pas la difficulté à s'en sortir : malgré toute la bonne volonté et le courage de Tristan, ce n'est pas si facile de s'accrocher pour remonter la pente et il est vite fait de commettre une erreur et de retomber.

La fin "particulière" que propose l'auteur (je n'en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise) m'a tout d'abord agacée et puis j'ai finalement adoré ce procédé : à chacun de se faire une opinion et de choisir comment il a envie de voir les choses. C'est aussi une jolie manière d'insister sur tout ce qu'un simple détail peut changer pour une vie et par ricochet celles qui nous entourent.

Pour un premier roman s'adressant aux ados (mais pas que !) j'ai trouvé cette lecture très réussie : l'auteur se saisit à bras le corps d'un problème complexe et réussit à très bien rendre compte de son sujet tout en proposant une lecture rythmée et agréable. Il y a quelques défauts de jeunesse (notamment le fait d'accumuler un peu trop d'intrigues secondaires qui n'apportent pas grand chose au sujet initial) mais c'est un roman très sympathique et attachant. Une auteur à suivre !

Un grand merci à Babélio et à Hachette, l'éditeur, qui m'ont proposé ce livre dans le cadre d'une Masse Critique. Une chouette découverte que je n'aurais sans doute pas lu spontanément.
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Après avoir tant entendu parler de ce roman, j'ai enfin pu l'avoir entre mes mains et le lire assidûment ! L'histoire est simple : une étudiante, nommée Noémia, vivant à Paris en colocation avec son cousin et sa cousine, fait la rencontre d'un jeune sans abri, Tristan, dont elle s'éprend bien malgré elle. Faisant fi de leurs différences socio-culturelles ainsi que de leurs situations respectives, les deux jeunes gens vont se lier d'amitié et entretenir une relation qui défie les préjugés.

Un roman puissant sur les différences. On plonge dans la vie de ce jeune sans-abri, dont la survie est quotidienne. Tristan n'a plus de famille, pas de logement ni d'argent, il ne travaille pas et est obligé de mendier pour pouvoir manger. Chaque jour, il est confronté aux regards de pitié, d'incompréhension, de haine parfois, ou à l'indifférence, cruelle, froide. Quand Noémia lui insuffle un semblant de réconfort en lui apportant une crêpe au sucre, Tristan sent instantanément que cette jeune fille est différente des autres. Elle se moque des différences qui peuvent exister entre eux. Mais bien vite, elle se retrouve rattrapée par ses préjugés. Quand on parle d'un sans-abri, on pense forcément à une personne alcoolique, violente, déshumanisée. La jeune fille ne peut s'empêcher de nourrir des craintes à l'encontre de Tristan, ce jeune homme de prime abord bienveillant, qui n'en reste pas moins un inconnu qui vit dans la rue. Noémia et Tristan développent une relation pudique, atypique, qui sort des sentiers battus et des règles de bienséance. Un duo improbable certes, surprenant, mais touchant, qui peut émouvoir aux larmes.

De nombreuses thématiques liées à la précarité sont abordées : l'alcoolisme, le proxénétisme, la drogue, la violence, le froid, la faim, la peur… Des sujets sombres, mis en parallèle du message d'humanisme pur qui se dégage des personnages et de leurs actions, des nombreuses lueurs d'espoir qui viennent espérer une échappatoire à la précarité de Tristan. Noémia, comme un phare dans l'obscurité, vient éclairer l'existence de Tristan et lui apporter toute la gentillesse et la générosité dont il a besoin pour retrouver goût à la vie. On ne peut s'empêcher de s'associer à Noémia : qu'aurions-nous fait à sa place ? On s'interroge, on se remet en question, on voit la vie différemment.

À travers cette histoire émouvante, l'auteure sensibilise son jeune lectorat aux problèmes des personnes en situation d'extrême précarité. En France, ce sont près de 300 000 personnes qui vivent dans la rue ; un chiffre en constante évolution depuis de nombreuses années. Chacun, à son échelle, peut contribuer à apporter un peu de chaleur, de sourire et de soutien à ces personnes, souvent isolées, seules, désespérées. Cette histoire peut permettre de changer notre regard, ainsi que nos actions quotidiennes, aussi infimes soient-elles, pour apporter un peu de réconfort aux sans abris. Sachez qu'en achetant La rue qui nous sépare, 1€ est reversé à l'association La Cloche, qui lutte contre l'exclusion des personnes sans abri. Une manière simple et solidaire de commencer à s'impliquer auprès des personnes dans le besoin.

Enfin, sans vouloir aborder trop nettement le dénouement, sachez que Célia Samba a imaginé deux finalités disjointes à son histoire. L'une est réaliste, brute, froide ; tandis que l'autre est une fin alternative plus romancée. Même si je n'adhère pas forcément aux doubles fins, je comprends l'intérêt de l'auteure de ne pas trop brutaliser son public cible – des jeunes adolescents, à partir de 13 ans – avec la première fin crue et pourtant bien trop concrète. Elle m'a d'ailleurs tiré les larmes, ce qui est très rare !

Un roman young adult touchant sur les sentiments qui peuvent naître au-delà des différences. Un sujet délicat, traité avec tendresse et réalisme, qui pourra, je l'espère, apporter une autre vision des sans-abris.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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J'avais été séduite par la couverture et l'avis d'une Babeliote (il est dans ma pal depuis si longtemps que j'ai oublié qui malheureusement).
Ce roman young adult fait le récit de la rencontre de Noemia une étudiante au premier abord pour qui tout va bien et Tristan un jeune adulte qui s'est retrouvé sans domicile si jeune.
C'est par la romance que l'autrice a décidé d'aborder des thématiques pas si souvent mises en avant dans la littérature : la précarité, la vie dans la rue. Si la romance touche à l'idyllique et aux bons sentiments, c'est avec sincérité et justesse que les difficultés du jeune Tristan sont traitées. Malgré les mains tendues, le jeune homme a perdu ses repères et ne connaît plus les codes de la société. Il se referme sur lui-même et mène une lutte quotidienne pour ne pas sombrer. Mais ce n'est pas le seul fait de société dont le roman parle. Si Mia est autant à l'écoute c'est qu'elle aussi a une fragilité. Un traumatisme qu'elle a du mal à dépasser.
Le roman est très bien construit. On ne découvre le passé des personnages que tardivement dans le récit ce qui permet au lecteur de s'immerger dans les difficultés quotidiennes des personnages. Les personnages secondaires, Valentin et Joana ont leur lot d'obscurité.
Ainsi ce roman est un joli message qui s'adresse aux adolescents et jeunes adultes sur le regard que l'on pose sur les autres. Chacun cache ses souffrances à sa façon. La compréhension, l'entraide, la bienveillance sont des valeurs et des engagements à pratiquer quotidiennement avec ses proches mais aussi les autres.
Célia Samba propose une finalité originale. Chacun choisira l'option qu'il préfère.
Un roman chouette à lire, auquel j'enlève une étoile car la romance n'était pour moi pas utile.
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Noémia, que tout le monde appelle Mia, est étudiante. Elle a rejoint en colocation son cousin Valentin et sa cousine Joana pour suivre ses études supérieures en région parisienne.
Dans le même temps, Tristan, vingt et un ans, est sans-abri et fait la manche sur la route qu'emprunte chaque jour Mia.
Alors qu'il y avait peu de chance que ces deux là se rencontre, et encore plus qu'ils se plaisent, ils vont vite comprendre que plus d'un obstacle peu se mettre en travers de leur chemin.

L'idée de départ est intéressant en télescopant deux mondes que tout oppose. Après j'ai trouvé pas mal de longueurs dans le texte, j'avais envie de secouer Mia a plusieurs occasions. Il y a trop d'hésitations et de pseudos réflexions qui tournent en rond.
Le lecteur à le choix entre deux fins. La première abrupte mais qui m'a le plus convaincu que la seconde proposée qui fait trop "happy end" et pleins de bons sentiments (et surtout 100 pages de plus). C'est une lecture en demi teinte pour moi, sans doute par les critiques dithyrambiques lu lors de sa sortie, qui n'a pas remplit toutes mes attentes.
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Voici un roman qui ne manque pas d'originalité.

Déjà, de par le thème central : placer un sans-abri au centre d'une relation sentimentale, ce n'est pas banal. Noémia a 19 ans. Un soir de décembre en sortant de l'université, elle remarque un sans-abri qui mendie près de l'enseigne Cora. Dilemme qui se joue en elle : lui offrir une crêpe sera-t-il perçu comme une marque de bonté ou de condescendance et de pitié ? Lorsqu'elle se décide à sauter le pas, elle découvre avec étonnement la jeunesse et la beauté de ce sans-abri. Il s'agit de Tristan, il a 21 ans. Débute alors pour Noémia un questionnement obsessionnel sur sa capacité à aimer, à être aimée, et surtout sur les conventions sociales. Eh bien oui, car, convenons-en, voir une jeune fille discuter dans la rue avec un sans-abri et s'en amouracher, ça… apostrophe, non ? J'aurais d'ailleurs aimé que ce clash des conventions sociales soit plus détaillé et animé dans le roman. Il n'en reste pas moins que l'auteure a le mérite indéniable de faire tomber quelques préjugés quand on parle de sans-abri. Ils ne sombrent pas tous dans l'alcool, ils ne sont pas tous rustres et agressifs quand ils parlent, et surtout, ils ne sont pas dénués de cerveau. Un sans-abri, c'est un être humain. Comme vous et moi. Des pieds, des mains, une bouche, des neurones, un nez. Simplement il y a le toit en moins. Et pour en arriver là, il y a une histoire, un passé, un passif. Un concours malheureux de circonstances peut faire basculer une situation sociale. C'est le côté du roman que j'ai vraiment apprécié, nous faire voir les sans-domicile-fixe sous un angle différent, bienveillant. Et puis, entre nous, vu les temps qui courent, personne n'est à l'abri d'un revirement de situation… Oui vraiment, après avoir lu ce roman, c'est une vision différente du sans-abri qui nous reste.

L'autre originalité du roman se situe dans…eh bien je ne vais pas le dire, sinon je risque de spoiler. Mais aux ¾ du roman, il se passe un truc que je n'avais, mais alors pas du tout, envisagé. Et c'est plutôt perturbant. J'avoue que je ne sais toujours pas quoi en penser. Je ne sais pas si j'apprécie l'angle choisi par l'auteure. Mais en tout cas, ça ne laisse pas indifférent. Qui lira verra.

L'auteure nous place tour à tour dans la tête des deux protagonistes. C'est parfois déroutant car cette alternance se fait au sein même du chapitre. Ce point de vue omniscient se retrouve tout au long du récit. Déconcertant au début, je m'y suis finalement habituée.

Le début du roman est plein de bons sentiments, il est question de l'éveil des sentiments et des consciences amoureuses. Mais ensuite, le quotidien de l'un et de l'autre est décrit, surtout celui de Tristan et des affres de la rue : violence, agressivité, hostilité. Barbarie. Pour s'en sortir, il y a l'argent facile, entendez « drogue » et « proxénétisme ». Je suis assez sensible quand il est question de violences faites aux femmes, et le milieu de la prostitution les accentue. Dans le roman, il y a parfois des passages écrits ou suggérés en lien avec ce point, ma sensibilité en a été dérangée.

Le style d'écriture est fluide et s'emballe au moment où l'histoire se met à décoller, les pages se tournent donc avec avidité.

Puisque le roman est classé en section jeunesse, j'ai maintenant hâte de savoir quel accueil mes élèves vont lui réserver.
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Lorsque Mia offre une crêpe au jeune SDF assis devant l'entrée du Cora de son quartier, elle tombe sous le charme de ses yeux gris. du bonjour quotidien au café offert pour adoucir la rigueur de l'hiver, ils sympathisent vite et Mia découvre un jeune homme doux et cultivé avec qui elle discute aisément et se sent en confiance malgré son passé douloureux. Comment Tristan en est-il arrivé là ? C'est un secret qu'il garde avec pudeur... L'amitié, puis l'amour, qui nait entre eux pose cependant problème dès qu'il faut les révéler à un entourage plus conventionnel. Quel regard portera son insolent cousin Valentin sur Tristan ? Là est la limite qu'a ressentie la jeune étudiante en droit, laissant place à une douleur sourde chez Tristan qui avait repris un peu de force...
Une romance un tantinet fleur bleue, un récit un peu idéalisé du difficile quotidien des SDF. Il a cependant le mérite de nous faire réfléchir aux incohérences de notre société, aux jugements hâtifs portés parfois sur ces gens de la rue en nous invitant à nous comporter avec humanité à leur égard. Ce roman m'a rappelé le plaisir éprouvé en découvrant No et moi de D. de Vigan, il séduira certainement les jeunes ados et même les adultes.
J'ai été particulièrement touchée par la narration de deux fins alternatives : elles soulignent le rôle capital qui incombe à chacun d'entre nous face à ces laissés pour compte...
L'Abbé Pierre nous le rappelle simplement avec cette phrase : "Un sourire coûte moins cher que l'électricité, mais donne autant de lumière"... Merci aux éditions Hachette et à Netgalley pour ce beau moment de lecture.
#LaRuequinoussépare #NetGalleyFrance
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Ils sont rares, ces romans ados qui abordent le difficile sujet de la précarité et des SDF. Rien que pour cela, je trouve que "La rue qui nous sépare" mérite d'être lu et conseillé à tous, ados comme adultes.

J'ai été extrêmement touchée par les personnages et la relation qui se tisse fragilement entre Noémia et Tristan. Dès le début du roman, je me suis beaucoup attachée à eux et ai apprécié la façon dont l'auteure développe leur relation. Celle-ci ne brusque pas les choses. Elle n'enjolive à aucun moment leur rencontre, leurs échanges, mais montre au contraire tous les obstacles qui se dressent entre eux et leur difficulté pour les surmonter. J'ai beaucoup aimé les craintes et maladresses de ses personnages, leur sincérité, leur vulnérabilité. de manière générale, j'ai aimé la profonde humanité qui se dégage du roman.

L'autre élément qui m'a marqué est le dénouement proposé par l'auteure. Celle-ci en propose non pas un, mais deux. Comme on peut s'y attendre, l'un est tragique, l'autre plein d'espoir. S'il n'y en avait eu qu'un, quel qu'il soit, je crois que j'aurais été déçue. le fait qu'il y en ait deux montre que l'auteure ne "nie" pas la cruelle réalité de la vie des SDF, tout en gardant un peu espoir en la nature humaine.

Pour finir, je dirais que ce roman amène à une véritable réflexion sur notre façon d'être par rapport aux SDF. Pour ma part, si je détourne parfois le regard, ce n'est pas parce que je nie leur présence, mais parce que je ne sais pas comment les regarder. J'ai toujours peur de les blesser par un regard qu'ils interprèteraient comme un jugement. J'espère que la prochaine fois que j'en verrais un, je saurai adopter la bonne attitude, faire le petit geste qui montre que je le VOIS.

Une lecture inspirante qui donne envie de faire le bien autour de soi.
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