Citations sur Comment j'ai cessé d'être juif (20)
Pour justifier la colonisation en Palestine, le sionisme a invoqué la Bible, présentée comme un titre de propriété juridique sur la terre. Il a ensuite dessiné le passé des multiples communautés juives, non pas comme des fresques de groupes convertis au judaïsme en Asie, en Europe et en Afrique, mais comme l’histoire linéaire d’un peuple-race, prétendument exilé par la force de sa terre natale et qui, durant deux mille ans, a aspiré à y revenir.
Maintenant, et plus que jamais, il est demandé à ceux qui aspirent à s’identifier à la semence d’Abraham de récolter des fonds au profit du pays des juifs en pleine expansion territoriale, et surtout de faire jouer tous leurs réseaux susceptibles d’influer sur la politique extérieure et sur l’opinion publique de leur pays. Ce dernier objectif a enregistré des résultats remarquables.
La place marginale que le judéocide avait occupée jusqu’alors dans le souvenir de la civilisation « judéo-chrétienne » était bien évidemment intolérable. Il importait, au plan moral, qu’il soit reconnu comme un élément central du rapport que l’Europe entretenait avec la Seconde Guerre mondiale. Cependant, il en fallait bien davantage pour la nouvelle politique sioniste et pseudo-juive : il ne lui suffisait pas que le souvenir des victimes fût gravé dans la conscience de l’Occident. Elle revendiquait la spécificité, l’exclusivité et la propriété nationale totale sur la souffrance. De là date ce qui est appelé opportunément l’« industrie de la Shoah », avec l’objectif de maximiser le passé douloureux afin d’accumuler un capital de prestige, mais aussi économique.
Le problème est que je ne crois pas à un être suprême. Si l'on excepte une brève crise mystique, à l'âge de douze ans, j'ai toujours pensé que l'homme a créé Dieu et non pas l'inverse; et cette invention m'est toujours apparue comme l'une des plus problématiques, des plus fascinantes et des plus meurtrières de l'humaine société.
En tant que rejeton des persécutés qui sont sortis de l`enfer européen des années 1940, sans avoir abandonné l`espoir d`une vie meilleure, je n`ai pas recu de l`archange effrayé de l`Histoire la permission de renoncer et de désespérer. C`est pourquoi, afin de hater d`autres lendemains, et quoi qu`en disent mes détracteurs, je continuerai d`écrire des livres semblables a celui dont vous achevez la lecture.
Je vis dans une véritable contradiction: je me sens comme un exilé face a l`ethnicisation juive croissante qui nous enferme, mais je parle, j`écris et je reve pour l`essentiel en hébreu. A l`étranger, j`ai la nostalgie de cette langue, réceptacle de mes émotions et de mes pensées. Quand je suis loin d`Israel, je revois mon coin de rue tel-avivien et j`attends le moment ou je pourrai m`y retrouver.
En tant qu`historien des temps modernes, j`émets l`hypothese que la distance culturelle entre mon arriere-petit-fils et moi sera égale, voire supérieure, a celle qui me sépare de mon arriere-grand-pere. Tant mieux ! Je vis, malheureusement, parmi trop de gens qui croient que leurs descendants leur ressembleront en tout point parce que pour eux les peuples sont éternels, et a fortiori un peuple-race comme leur peuple juif.
être juif en Israël signifie être un citoyen privilégié qui jouit de prérogatives refusées à ceux qui ne sont pas juifs, et particulièrement aux Arabes
le moi s’invente et se fixe une identité dans un dialogue permanent avec le regard de l’autre
Pour cela, j’extrairai de ma mémoire friable des grumeaux de poussière et dévoilerai certaines composantes des identités personnelles acquises au cours de ma vie