Si tu as nourri un seul instant cette absurde espérance, tu n’étais qu’un fou, ô don Juan ! Si tu as cru un seul instant que la femme peut donner à l’homme qu’elle aime autre chose que sa beauté, son amour et sa confiance, tu n’étais qu’un sot : si tu as cru que ses caresses éteindraient impunément l’ardeur de tes sens, que sa patience ne s’endormirait jamais et attendrait, sans se lasser, le réveil de tes désirs grossiers, qu’elle te prêterait son épaule pour t’assoupir, son cœur pour reposer ta tête et qu’elle ne s’indignerait pas lorsque ta main la repousserait comme un vêtement inutile, tu n’étais qu’un esprit aveugle et ignorant.
Console-toi, Sténio, ton épreuve est finie et la mienne continue. Tu n’entends plus la foule imbécile bourdonner à tes oreilles ; tu n’as plus devant toi le spectacle importun des joies qui se mentent à elles-mêmes et qui s’étourdissent du bruit de leurs mensonges.