Il n'y a guère de surprise quand on ouvre un roman de
George Sand : on est transporté dans un monde idéal, hors de l'histoire et de la géographie, où la nature est aussi belle et pure que les âmes de ses habitants. Les métayers sont heureux de travailler, ce sont de bons paysans dévoués à leurs maîtres qui s'occupent bien d'eux. Les animaux sont bien nourris, les fermes sont parfaitement propres. Les sentiments sont tendres, évidemment.
Non, il ne faut pas lire ce roman pour ses rebondissements, bien prévisibles. Mais pour cette douce atmosphère où le paysage et les fleurs permettent de purifier les coeurs. Pierre a failli se perdre dans les tentations et les dangers de la ville, mais en revenant dans sa campagne natale, il est purifié, retrouvant un coeur vierge - une expression employée. Il comprend d'ailleurs qu'il est amoureux au milieu des fleurs, comprenant que
Marianne et lui partage la même passion.
Oui, c'est doux, c'est tendre, élégiaque. Je regrette cependant une vision très ancrée dans le XIXème siècle de l'éducation des femmes : Pierre admire la sensibilité de
Marianne, mais il ne conçoit pas qu'elle puisse avoir de l'esprit. D'ailleurs, elle-même explique que cultiver son esprit ne lui servira que si elle reste seule, si elle se marie, elle n'en aura pas besoin.