Bon, j'arrête là. Raconter les cours, c'est pas top. Les vivre est déjà bien assez pénible. Ah, une dernière chose : je déteste le collège.
La télé continue à débiter ses horreurs. Sur l'écran se succèdent des scènes de guerre. Il y a pire ailleurs. Bien pire.
- Bon, je te propose un truc. On arrête de parler de ton père et du mien. On arrête de parler de déménagement. On change de sujet. Et si on discutait de maquillage ?
- Tu ne vois plus ton père ?
- Non, il est violent. Il frappait ma mère. Il me frappait aussi. Alors, il n'a pas le droit de nous approcher.
- Le mien, il ne frappait personne. Mais une fois, il m'a enlevée. On a disparu pendant six semaines. Et du coup, il a des ennuis.
Violetta cracha par terre de dégoût.
L'homme n'a même pas conscience qu'il jure tout haut, tout seul. S'il avait son ex-femme en face de lui, il ne sait pas ce qu'il ferait. Il ne l'a jamais touchée. Ce qu'il veut dire par là, c'est qu'il ne l'a jamais frappée. Mais maintenant, il en serait peut-être capable. Et hop, le poing qui part... La garce !
Je me souviens d'un temps où mes parents étaient heureux ensemble. J'étais encore à la maternelle et le ciel était bleu à la maison. A mon entrée au CP, les premiers nuages ont commencé à s'amonceler au-dessus de mes parents. J'ai eu l'intuition qu'un événement avait brutalement taillé en pièces l'amour qu'ils se portaient. Quoi ? Je ne l'ai jamais su. Mais, à partir de cette période, des orages ont éclaté dans leur chambre, puis dans la cuisine, avant de gagner toutes les autres pièces. Seule ma chambre a été épargnée. Peine perdue. Mes parents ont fini par se séparer de la pire des manières : dans la haine. Pour la petite fille que j'étais, c'était la fin du monde.