Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours.
La seule à admettre que l'amour était une chose digne d'être prise en considération était ma mère, mais elle en faisait quelque chose de tellement compliqué: ce devait être un amour libre de conventions, de chantages psychologiques ou financiers, et cætera. Bref, elle en faisait quelque chose de tellement officiel qu'il valait mieux détourner la conversation sur la Grèce antique, la politique ou la philosophie, car là au moins, même si c'était difficile, en s'appliquant, on arrivait à comprendre...
"Essaie de vivre libre, toi, et tu verras le temps qu'il te reste pour dormir".
" Se tenir toujours accroché au rêve, et défier jusqu'à la mort pour ne jamais le perdre."
" Il ne faut pas laisser la vie détruire le rêve."
" ne pas gagner d'argent en réduisant le rêve à un petit récit commercialisable."
Pourquoi te tais-tu, ma chérie ? Peut-être penses-tu que j'ai tort ? S'il en est ainsi, dis-le : tu ne dois te soumettre à personne et moins que quiconque à ton père ou à moi. Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours.
De quelque amour que l'on soit possédé,on doit observer l'autre,savoir ce que veut sa nature,le respecter. Ce sentiment de respect porte en lui-même une si grande récompense qu'il réchauffe le coeur et dilate les poumons .
Les sous, c’est vraiment étrange, tant qu’on les garde entiers ils peuvent durer un mois, mais si on les change en un tas de petite monnaie qui sur le moment paraît une montagne, ils se volatilisent en un clin d’œil
C'est Nunzio, mais vous le connaissez déjà, c'est ça qui est beau dans le fait de parler à de vieux amis, on n'a pas besoin de trop expliquer, de tout reprendre depuis le début. Donc Nunzio, disais-je, incliné sur moi de toute sa masse - comme il est grand, oh ! il obscurcit le soleil - me décoche un baiser léger comme un vol de papillon. Comment fait-il pour transporter ce grand corps osseux sans rien casser ? Il glisse comme un ange, ou mieux on dirait un transatlantique, de ceux qui de près ressemblent à des immeubles et de loin à des sirènes blanches et noires aux chevelures de fumée et de mouettes.
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Promets-moi que même si le fascisme devient le plus puissant des puissants des puissants, tu lutteras toujours pour les pauvres, qu’eux aussi ils puissent faire des études comme moi et n’être plus humiliés par les autres
« les femmes et les hommes qui font commerce d’eux-mêmes –on ne dit pas putain, c’est méprisant, c’est un métier comme un autre, vieux comme le monde »
Nunzioo appartient à cette race distraite et toujours douce – sauf pour prendre le pistolet et tuer de temps en temps quelque tyran – qui est celle des anarchistes, et il a des principes moraux différents de ceux de ma mère, d'Ivanoe, d'Arminio, principes séduisants mais dangereux, du moins à ce qu'ils disent.
– Laissons, mon oncle, quand tu commences à me parler de l'anarchie tu me fais peur... Un monde où n'existe plus de carte d'identité et où l'on croit les gens sur parole, un monde sans prisons et sans guerres.
– Parce que ça te répugnerait, ça, Goliarda ?
– Non ça le séduit... trop. Tu dis que si quelqu'un, moi, mettons, dans le cas présent, n'est pas capable de travailler ou, qu'est-ce que je sais ?qu'il n'y est pas porté mais est porté à dire des mensonges...
– Des mensonges ? Mais tu ne dis pas de mensonges.
– Non, non, je voulais dire : à écrire des poèmes, à chanter, à danser... Il peut accepter de l'argent de qui l'admire sans être un réprouvé !
– Mais bien sûr ! [...]
Que de vices ont les Sapienza me dis-je en moi-même, et je frémis d'horreur à l'idée de grandir et être obligée de les affronter tous.
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