Claireece Precious Jones est une jeune fille de 16 ans obèse, noire, presque illettrée, battue par sa mère et violée par son père dont elle est enceinte pour la deuxième fois. Résumée ainsi, l'histoire peut sembler très caricaturale voire peu crédible. Cependant, on ne ressent pas cette impression en lisant ce livre. Au contraire il est très authentique et c'est du en partie au style du livre. En effet, les phrases sont souvent remplies de fautes, certains mots mélangés comme "ame dit" pour dire "elle me dit". Cependant, ça ne m'a du tout dérangée (même moi qui déteste les fautes d'orthographe d'habitude) parce que l'histoire est racontée du point de vue d'un personnage presque illettré donc c'est logique (Je félicite d'ailleurs au passage le traducteur
Jean-Pierre Carasso pour son travail parce que j'imagine que ça doit être extrêmement difficile de traduire un texte comme celui ci) Avant de lire ce roman je n'aurais pas imaginé aimer un livre avec des fautes mais je dois reconnaître qu'on n'aurait pas pu faire parler Precious avec de grandes phrases aux mots compliqués, en fait je pense qu'on n'aurait pas pu la faire parler autrement que comme ça. La grande force de ce livre c'est de ne pas chercher à enjoliver les choses, à rajouter de la beauté là où il n'y en a pas, à montrer les choses telles qu'elles le sont, brutes, choquantes, insoutenables parfois mais avec une grande justesse. J'ai bien aimé aussi que Precious ne soit pas non plus montrée comme une sorte d'ange en opposition à l'enfer de sa vie. Au contraire Precious fait partie intégrante de cet enfer,elle dit parfois des choses choquantes, à la limite du racisme et de l'homophobie, elle est loin d'être parfaite. Cependant, je trouve juste qu'on insiste un peu trop sur l'obsession de Precious pour les couleurs de peau. Les mots "nègres", "blancs" reviennent quand même souvent. Je ne dis pas vraiment que ça me choque mais c'est un peu trop répétitif, un petit peu lourd au bout d'un moment. Ce n'est pas forcément la peine de répéter ça si souvent. Precious reste tout de même un personnage attachant, qui fait tout pour essayer de s'en sortir. Et au milieu de l'horreur dans laquelle on a été plongés on voit apparaître de la poésie, de la tendresse et même de l'espoir auquel on ne s'y attendait pas, à travers ses cours d'alphabétisation, ses nouvelles amies, la découverte de la poésie, l'amour qu'elle a pour son fils . J'ai surtout adoré, dans ses camarades, Rita une écorchée vive mais ,douce, protectrice, sensible, très loin de l'image de la junkie qu'on pouvait se faire. C'est un personnage secondaire mais que je trouve très réussi, peut être mon préféré. le petit bémol de Precious, pour moi, comme j'en ai un peu parlé avant ce sont des passages un peu répétitifs, redondants qui aurait pu être enlevés et remplacés par une explication, par exemple du comportement des parents de Precious. Qui sont ils vraiment, qu'on t-ils pu vivre pour se comporter comme ça avec leur fille? On en sait peu sur eux... Ces éléments m'empêchent de mettre à Precious la note maximale, mais pas de rester un excellent roman bouleversant. Par contre, si je le conseille, je pense qu'il faut savoir vraiment à quoi s'attendre et y être préparé psychologiquement avant de le lire car il est très difficile et certains passages sont insoutenables.