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Le titre de ce livre est "Le bateau de Palmyre, quand les mondes anciens se rencontraient" : nul bateau de Palmyre sur la couverture affichée par Babelio. Maurice Sartre aborde le sujet passionnant des contacts entre le monde classique et méditerranéen, et les autres espaces et continents entre le VI°s av.J.-C. et le VI°s après J.-C. : Europe du Nord, Afrique, Asie proche ou lointaine. Il rencontre dans son entreprise deux obstacles principaux : d'abord, le grand naufrage de la culture gréco-latine nous a fait perdre beaucoup de textes et témoignages précieux de voyageurs et de géographes ; ensuite, les civilisations contactées soit ignorent l'écriture, comme en Afrique ou en Europe du Nord, soit l'utilisent à d'autres fins, comme en Perse et en Inde. Ces autres mondes enfin ne semblent pas animés de la même curiosité pour les cultures étrangères que les anciens Grecs. L'information est donc lacunaire du point de vue occidental, et souffre d'un déséquilibre documentaire au profit du peu qui nous reste des auteurs classiques.

Maurice Sartre prend soin de signaler ces points, et nous avertit qu'il ne s'agit en aucun cas d'histoire globale au sens où l'entendent Patrick Boucheron et son école, puisque les contacts entre le monde méditerranéen et les autres espaces sont épisodiques. Il ne peut y avoir d'histoire globale car ces mondes ne dépendent pas les uns des autres. Maurice Sartre préfère parler d'histoire connectée, ce qui est plus fidèle à l'état des sources et peut-être à la réalité. Cette prudence, en tous cas, le préserve de faire un ouvrage trop grossièrement idéologique.

A l'aide de l'archéologie et des textes qui nous sont parvenus, Maurice Sartre retrace les dangereuses navigations grecques vers la Baltique, autour de l'Afrique et vers l'Inde du sud (quand on a su exploiter les vents de mousson). Il ne s'agit pas d'exploration scientifique, même avec Hannon et Pythéas : le motif est d'abord commercial. Si Grecs et Romains ont tenté d'aller en Inde du sud par la mer, c'est que l'empire perse (ou avant, parthe) gênait les routes terrestres et prélevait trop de taxes. L'auteur décrit donc, à partir des traces matérielles et textuelles (objets importés, monnaies, stèles, graffitis etc), ce que l'on peut savoir de ces routes du poivre, des perles, de l'ambre etc ... La tête de pont des royaumes gréco-indiens et bactriens fondés par Alexandre permet aussi de se procurer de la soie par voie de terre, mais l'auteur tente de réfuter l'expression reçue "route de la soie". Il termine son enquête par le cas chinois et par une étude des usages commerciaux et diplomatiques de cette étoffe si recherchée.

Le livre se présente comme une énumération de routes, d'objets archéologiques commentés, de textes : la forme adoptée est donc fatigante, et la langue de l'historien, pleine de fautes et de clichés, n'arrange rien. Ceci n'a pas dérangé les journalistes qui ont recommandé chaudement cet ouvrage mal écrit.

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Maurice Sartre est un excellent professeur d'histoire antique. Je me souviens encore de ma lecture de son précis d'histoire grecque qui m'avait donné le gout de l'histoire antique et que j'avais dévoré comme un roman. Dans ce nouvel ouvrage, il développe les liens entre les "mondes antiques" : entre grecques , romains et les pays du Nord (Islande, Baltique), l'Afrique subsaharienne, les pays frontaliers de l'Océan Indien, l'Inde ou encore la Chine. C'est dons sur ces zones charnières que se porte le regard au travers des traces matérielles du commerce et des échanges. Mon seul regret est que un bon nombre dé développement consiste à repérer sur une carte les emplacements géographiques cités par les auteurs anciens. L'ouvrage est cependant très intéressant et permet de jeter un nouveau regard sur des textes anciens comme des passages de Pline ou d'Hérodote ou encore le récit de voyage de Pythéas. Il subsiste peu de doute par exemple que la première circumnavigation de l'Afrique fut faite par des Phéniciens missionnés par un pharaon et les traces matérielles montrent que des peuples celtibères avaient sans doute également l'habitude de ces routes maritimes.
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En conclusion, j'ai eu un énorme coup de coeur pour le bateau de Palmyre! L'ouvrage est parfaitement bien documenté et son auteur reste prudent face aux sources. le livre est également agrémenté d'outils (notes, cartes, dossier photographique) pour aider le lecteur à appréhender le propos et il s'avère passionnant en raison de nombreuses connaissances que j'ai pu acquérir. Bref, ouvrage que je conseille amplement!

Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Quel bonheur ce livre qui donne l'impression de partager des explorations lointaines réalisées par des égyptiens ou des grecs de l'Antiquité. Une belle idée qui montre aussi combien les populations du bassin méditerranéen ont eu très tôt envie de découvrir leurs marges, souvent pour des questions stratégiques ou économiques, mais avec des idées ouvertes par des auteurs qui ont donné un cadre au monde connu à l'époque. La description du contournement de l'Afrique par des égyptiens et tout bonnement stupéfiante et l'auteur parvient très bien à explorer les rares indices susceptibles d'évoquer ces explorations de façons pointue et argumentée, sans bien sûr tomber dans le sensationnel. Les données brassées sont tout simplement exceptionnelles et donner accès à ce travail est tout simplement salutaire pour tous ceux qui s'intérressent à l'Antiquité.
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Maurice Sartre est un historien français, spécialiste de l'histoire du monde grec et du monde romain oriental. Il a suivi des études d'histoire et a participé à des fouilles archéologiques notamment au Proche-Orient. Il fait partie des principales références pour la vulgarisation de l'Histoire Antique.
Jusqu'où sont allés les plus aventureux des Phéniciens, des Égyptiens, des Grecs, des Romains? Que connaissent-ils à la fin de l'Antiquité du reste de la Terre habitée, l'οἰκουμένη comme disent les Grecs? Et jusqu'où sont arrivés Indiens et Chinois? Au-delà des trafics commerciaux que l'on peut repérer, quels autres échanges peut-on déceler?
Maurice Sartre tente de répondre à ces questions en s'appuyant, pour chaque chapitre, sur un document qui suscite une interrogation à laquelle il tente de répondre et à partir de laquelle il élargit les perspectives.
Il suit un plan géographique en partant du monde méditerranéen et proche-oriental, en passant par l'Europe septentrionale et l'Afrique pour finir par l'Asie centrale et le monde chinois.
Il retrace la mobilité des Anciens ainsi que la connectivité qui s'établit entre ces différents espaces. Il met également en évidence certains aspects de ces échanges qui permettent d'éclairer les liens existant entre les civilisations de la Méditerranée et des terres plus lointaines. En effet, il s'interroge sur les divers types d'échange: échanges de marchandises, échanges d'hommes, échanges d'idées et de savoirs. Ce livre est ainsi complet et ludique, bien documenté puisqu'il s'appuyé à la fois sur les textes mais aussi les découvertes archéologiques. Je recommande cet ouvrage pour ceux qui s'intéressent aux interactions et aux différents échanges internationaux dans l'Antiquité.
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Les historiens interrogent toujours l'histoire en fonction du moment présent. La science historique s'est passionnée au cours des dernières décennies pour la mondialisation qui nous occupe tant. Ils en ont cherché les origines et les prémices, illustrant la précocité du désir des hommes pour la recherche de l'ailleurs, les échanges de biens et d'idées ; le tout en sortant enfin du regard européo-centré.

Maurice Sartre poursuit cet effort en scrutant sa période d'études : l'Antiquité. Il recherche dans les textes et l'archéologie les traces les plus anciennes de découvertes, de voyages au-delà des mondes connus, de circulation de biens et de marchandises parfois entre des mondes qui s'ignoraient.
Les sources sont bien sur la difficulté essentielle : une allusion dans un texte antique, un témoignage de troisième main qui mêle une vérité probable à cent fantasmagories ; un bas-relief représentant Héraclès avec un geste évoquant Bouddha, une inscription latine en hommage à l'empereur Antonin dans une île tout au sud de la Mer Rouge...

Pourtant à partir de ces traces, Maurice Sartre nous entraine dans un véritable voyage d'aventure. Nous y rencontrons quelques personnages fascinants; comme ce Pythéas, grec de Marseille de la fin du IVe avant JC qui a probablement atteint l'extrême nord de l'Europe, même si les géographes de l'Antiquité le traite de " grand menteur". Pythéas affirme avoir vu le soleil briller sans discontinuer ce qu'il n'a pu inventer.
L'auteur anonyme du " périple en mer d'Erythrée" livre un témoignage sur la navigation le long des côtes de l'Afrique et vers l'Inde.
Une mention a particulièrement retenue mon attention : l'auteur Marin de Tyr relate les voyages d'un marin appelé Diogène, qui, revenant d'Inde, fut repoussé par des vents, à hauteur des "lacs d'où coule le Nil" , lacs qui se situent à 800 km à l'intérieur des terres, indiquant ainsi que l'information des sources du Nil était parvenue aux méditerranéens de cette époque.
Le chapitre " la vie mouvementée de Sôphytos" débute sur une inscription en grec, provenant d'Afghanistan, qui retrace les mésaventures d'un Indien issu d'un riche famille lui ayant donné une éducation grecque.

Le chapitre 14 "l'ambassade d'Andoun" fait référence à "l'histoire des Han Postérieurs" de Fan Ye qui relate une improbable ambassade envoyée par l'empereur Marc-Aurèle au IIe siècle de notre ère à la cour de Chine. Il n'y a pas de traces de cette ambassade dans la documentation de l'empire romain.

Aussi loin que la mémoire des hommes puissent remonter, ceux-ci ont toujours été poussés vers la découvertes de nouvelles terres, la volonté de voir où le monde finissait et aussi de rencontrer d'autres cultures. C'est bien ce que l'auteur voulait montrer. le monde d'aujourd'hui est né de cette envie puissante dont il ne faut pas négliger les effets positifs. Pour autant, les mécanismes de la mondialisation actuelle ne sont peut être pas les mêmes que ceux des échanges antiques, si on se réfère à la littérature économique.
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