Les yeux, c’est ce qu’il y a de plus important chez les vieillards. La chair s’est détachée, affaissée, amassée en nœuds crevassés autour de la bouche, des yeux, du nez, des oreilles, c’est un visage dévasté, illisible. On ne peut rien savoir d’un vieillard si on ne va pas à ses yeux, ce sont eux qui détiennent l’histoire de sa vie.
p. 161 "La mort ne se tient jamais loin des personnes âgées. Mourir à quatre-vingt-quatorze ans, ce n'était pas si mal. Ted n'avait pas été le plus heureux des hommes, mais il avait tenue le coup et il était mort libre, avec dignité, même pas eu besoin de se faire aider, et à son heure... Quitter le monde sans obliger personne à des adieux, c'est une marque de respect pour ceux qu'on laisse derrière soi. Des adieux, ça ne fait du bien à personne."
« le bonheur a besoin simplement qu'on y consente. »
La vieille dame avec ses cheveux mousseux et ses mains comme de la dentelle avait la fragilité d'un oisillon. Il avait l'impression qu'il lui suffirait de souffler dessus pour que l'oisillon tombe de son siège. Cette pensée le gêna. Plutôt que lui souffler dessus, il avait envie de la prendre au creux de sa main et de ramener l'oisillon à son nid. Une pensée qui l'intimida encore davantage.
Et pourtant, c'est dans la forêt qu'il prenait la mesure de son être, qu'il respirait l'air du monde, qu'il sentait son appartenance à la puissance de l'univers. (p 43)
La petite vieille était une survivante du Grand Feu de Matheson . Elle lui avait parlé d'un ciel noir comme la nuit et des oiseaux qui tombaient comme des mouches.
Il pleuvait des oiseaux, lui avait-elle dit.
Ces deux-là formaient une caisse de résonance. Quand on voulait savoir si Tom disait la vérité, on jetait un oeil sur Charlie.
Ils seraient bien étonnés si on leur demandait s'ils sont heureux. Ils n'ont pas besoin d'être heureux, ils ont leur liberté.
La photographe s’était demandé comment elle parviendrait à fixer cette absence sur photo. Ceux qui l’avaient connu vieillard disaient qu’il était impossible de voir quoi que ce soit dans ses yeux. C’était comme essayer de lire un livre qu’il n’avait pas écrit. On s’y perdait à imaginer ce qu’on voulait voir.
Le sourire chez un mort c’est une dernière politesse.