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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tristan Saule reprend les codes du roman noir pour construire brillamment un récit à la mécanique narrative implacable. Il entremêle les destins, complexes, de deux personnages principaux autour desquels gravite toute une myriade de personnages secondaires tout aussi réussis et incarnés. Laura est infirmière, ce n'est pas facile en période COVID tout début de pandémie, d'autant qu'elle est en pleine confusion amoureuse. Tonio est un petit dealer d'ecta qui saisit l'opportunité de monter un plan héroïne sans en avoir l'envergure. Ils ne se connaissent pas mais vivent dans le même quartier.

Forcément, on sent l'inéluctable arriver. Laura et Tonio vont être en danger par les choix qu'ils vont faire, contraints ou insouciants ou assumés. On sait qu'ils vont se rencontrer et que la collision fera mal, et pourtant rien n'est surjoué ni artificiel. Bien au contraire, le récit respire l'authenticité tant Tristan Saule a un oeil aiguisé pour prendre le pouls de la société à un moment de bascule et observer ce quartier populaire qu'il a choisi comme cadre de son roman. La critique sociale et politique est fine, acérée mais sans manichéisme, pleine de tendresse pour tous ces oubliés, ici désoeuvrés par le confinement qui se profile, sans ressources, les laissés pour compte de l'ascenseur social. le regard n'est jamais surplombant mais à leur hauteur, d'une rare empathie.

L'auteur excelle dans la narration, enchaînant des paragraphes courts, parfois d'une dizaine de lignes voire d'une seule phrase, deux pages au maximum. Les mots claquent, apportant une rythme très particulier, plein de nervosité et de tension crescendo à mesure que les destins s'entremêlent. Les dernières pages happent totalement. le sens de la découpe, très assuré, donne l'impression de lire avec plein de caméras filmant chacune leur scène, leur morceau de scène sous leur angle. le mouvement finit par créer une chorégraphie irrésistible qui explose et laisse le lecteur chaos, entre système hospitalier au bord du chaos et guerre des gangs.

Tristan Saule confirme son talent avec ce deuxième volet de son cycle de romans noirs sociétaux «  Chronique de la place carrée ». Si le premier, Mathilde ne dit rien m'avait plus remué ( c'est un de mes gros coups de coeur 2021 ), j'ai trouvé celui-ci tout aussi formidable. Et quel plaisir de retrouver le personnage de Mathilde, même dans un petit rôle ( mais O combien important ) ! J'attends le prochain opus avec impatience !
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Héroïne, oui mais laquelle ?

L'agencement répétitif de paragraphes courts, donnant voie aux personnages de cette trilogie m'a donné l'impression de descendre l'escalier d'une des tours de la place carrée.

Place carrée, place dont j'étais familier ayant trouvé dans les lignes du premier tome une oscillation habile entre roman noir et roman social, campé par une héroïne singulière et forte.

J'avais hâte de retrouver cet univers austère, ancrée dans un décor, vestige décati d'une architecture qu'on croyait idéale au temps du tout goudron.

Je descends donc d'abord à pas prudents et attentifs ces marches, prenant le temps des présentations du casting et de la cadence à adopter. Puis, page. Après page, je prends de l'assurance et me laisse emporter par ce petit vortex de cyclique et circulaire descendant inexorablement, dans ce bouquin aussi noir que le laisse suggérer sa couverture.

Les pages ou les marches défilent à l'image des personnages du roman, un peu ternes, sombres, parfois s'en détachent des plus claires pas encore usées, délavées ou encrassée par une misère sociale qui infiltre le microcosme de cette cité quasi déserte avec l'arrivée du Covid ou soignants côtoient trafiquants.

Un beau roman prenant, sur des destins de personnes aux sombres dessins bien souvent plus imposés que choisis. Des héros simples, tristement réalistes qui luttent pour leur survie dans un endroit qu'ils n'ont peut-être jamais aimé. Dépeints avec acuité et sans misérabilisme. J'ai retrouvé cette patte habile de l'auteur avec une construction toutefois différente du premier opus, plus de personnages cette fois-ci et si toujours subtilement amenés je leur ai trouvé moins de superbe que Mathilde l'héroïne du premier volet.

Les deux ouvrages peuvent largement se lire dans le désordre et de petites réapparitions de personnages racolent de vieux souvenirs, mais ne décourageront absolument pas le lecteur qui attaquerait le triptyque par cet opus mitoyen.

Heureux gagnant du tome 3 grâce à la dernière opération, j'ai extirpé celui-ci in extremis pour me rafraichir la mémoire sur les personnages convoqués tout en me faisant très plaisir avec un bon moment de lecture, j'ai été très agréablement surpris de retrouver une intrigue bien menée sur la durée, pimentée de subtiles réflexions sur la place du cinéma par rapport à la littérature.

Hâte de découvrir prochainement ce que nous réserve cet auteur à la grande acuité pour décrire et créer des personnages aux prises avec un quotidien difficile où l'espoir gifle autant qu'il aide à tenir.
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Destins croisés par temps de pandémie

Tout d'abord je remercie chaleureusement Babelio et l'opération Masse Critique, ainsi que l'éditeur le Quartanier, pour m'avoir permis de découvrir ce roman noir très réussi.
L'auteur nous emmène dans une ville de province et nous fait rencontrer Tonio et Laura que nous allons suivre au fil des pages de fin 2019 à mi 2020.
La chronologie a de l'importance car l'auteur a souhaité coller au plus près des évènements engendrés par l'irruption du COVID …
Laura est infirmière, elle travaille à l'hôpital et doit faire face, jour après jour, à une situation qui s'aggrave et qui échappe à tout contrôle… Tonio est un petit dealer, il sert aussi de chauffeur au caïd du coin, et pour lui aussi, la pandémie ne va pas sans poser de problème.
Autour de ces deux personnages principaux nous croisons les habitants de la Place Carrée, ce quartier déshérité, où les jeunes n'ont pas beaucoup d'avenir et où les pères de famille sans travail sont amenés à voler des couches pour leur bébé à la supérette du coin ...
J'avais déjà remarqué le premier volet des Chroniques de la Place Carrée (Mathilde ne dit rien) qui est dans ma PAL mais je n'ai pas été gênée de ne pas l'avoir lu (en revanche, je vais certainement le lire !). L'écriture de Tristan Saule est sobre, son style est particulièrement cinématographique et il y a, d'ailleurs, de nombreuses références au monde du 7ème art.
Un très bon roman noir.
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Après Mathilde il y a un an, revenons place carrée de Monzelle pour suivre cette fois-ci Laura, infirmière de son état , et Tonio, petit dealer de quartier.
Sous son armure de thriller social, Tristan Saule dépeint une France paumée, la délinquance de quartier, la précarité, les petites combines, les violences verbales et physiques.
C'est malheureux, désenchantant, teinté de peu d'espoir, mais, au même titre que « Mathilde ne dit rien », le reflet, la réalité, le quotidien d'une certaine France d'aujourd'hui.
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Après une lecture très appréciée du premier opus (« Mathilde ne dit rien ») me voici plongée « corps et âme » dans le second volet des « Chroniques de la Place carrée », en compagnie des nouveaux protagonistes (et de quelques anciens …)

Laura est une infirmière, amoureuse de Marion (qu'elle a croisée dans un cinéma d'art et d'essai) de Mozelle, dans l'Est de la France … Malheureusement, Marion est mariée et mère de famille … Cynthia et Thierry jeunes parents d'une adorable Fiona ne s'en sortent plus (au point de voler les couches culottes dans une grande surface …) Mathilde, Tonio, Lounès et le petit Idriss sont là également (voir le premier tome) Ainsi que Joëlle, Bolleg, la petite Zoé et tant d'autres ! …

C'est Noël (2019) une période pas forcément joyeuse pour tout le monde … Puis viendront janvier et février 2020 et des informations préoccupantes dans les médias, concernant un virus chinois potentiellement dangereux … Finalement en mars, Emmanuel Macron devra annoncer – à la stupeur générale – la fermeture des écoles puis un confinement national ! (Comme c'est déjà le cas dans de nombreux pays de la planète …)

Un roman (plus social que policier) particulièrement touchant. La souffrance – morale ou physique – des habitants les plus vulnérables (ceux de la Place carrée notamment) est palpable, dans une petite ville qui doit faire face aux insolubles trafics de drogue, aux problèmes financiers des uns, aux déceptions amoureuses des autres … En passant par la brutale épidémie de coronavirus, qui tue les moins chanceux et traumatise leurs familles … Une écriture particulièrement « visuelle », un style percutant et une analyse profondément humaine, de la part de l'auteur de cette bien sombre chronique ! La lecture du troisième volet ne saurait tarder, en ce qui me concerne !
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''Héroïne'' se présente comme un ensemble de courts métrages autour de la vie quotidienne dans un quartier populaire durant le confinement lié à la Covid.
Chacun des habitants de la ''Place Carrée'' s'escrime à traverser cette singulière épreuve. Les plus démunis vivent de petits expédients, cherchent la nourriture : il faut bien survivre. Les enfants ne vont plus à l'école, partagés entre joie et ennui ils explorent l'environnement : il faut bien occuper le temps. Les dealers zonent, s'agacent, ils cherchent à contourner la pénurie : il faut bien marquer son territoire. Les fragiles décompensent : il faut bien réagir au marasme extérieur. Les alcooliques boivent : il faut bien boire.
Les soignants luttent, ils sont débordés, ils mettent leur vie personnelle entre parenthèses : il faut bien faire face.
Si on croise quelques personnages nés dans l'épisode précédant (Mathilde ne dit rien), la focale se centre sur Laura, l'infirmière et Tonio le petit dealer. Les destins vont se percuter. La sueur, le sang et les larmes irriguent le quartier. La peur et le manque imprègnent le récit.
Tristan Saule réussit magistralement à poursuivre les chroniques de la place carrée.Tout en restant fidèle au roman social noir, il propose une structure narrative originale, sophistiquée très différente du premier opus.
le cinéma est au coeur de la narration, de l'ambiance générale du roman. Pas le cinémascope, le blockbuster, non plutôt le film art et essai, caméra sur l'épaule, montage hyper serré. L'auteur maîtrise le rythme, les images, la lumière. Il distille intrigue, tension et étrangeté.
L'ensemble est à la fois très sombre et plein d'humanisme.
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Héroïne : femme qui fait preuve d'un grand courage.
Laura est infirmière en ce début d'année 2020. La pandémie de COVID désorganise le service d'urgence dans lequel elle travaille. Les malades s'accumulent en réanimation. Comment les soigner ? Quelles précautions prendre pour se protéger du virus ?
Peu d'échappatoire s'offrent à la jeune femme en dehors de ce travail : les cinémas sont fermés, son amoureuse ne répond plus au téléphone…
Héroïne : drogue dérivée de la morphine.
Les frontières sont fermées, le trafic de stupéfiant est lui aussi désorganisé. Tonio est un petit dealer de quartier. L'acquisition d'un kilo d'héroïne lui semble être une opportunité incroyable. Il réunit des fonds nécessaires, recrute des livreurs…

Ce roman dit « roman noir » est aussi une fresque sociale : en marge de la vie des personnages principaux, c'est toute l'histoire d'un quartier déshérité, en période de confinement, qui est dépeinte. L'enfant Idriss, privé d'école et jouant dans un collège désaffecté m'a particulièrement émue.
Il a manqué un petit rien pour que ce livre soit un vrai coup de coeur : peut-être un léger temps mort dans le développement de l'intrigue en milieu de lecture.
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