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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Deuxième volet de la trilogie de Tristan Saule - Chronique de la place carrée -, romans sociaux, sociétaux, plutôt noirs comme ont pu s'en rendre compte les lecteurs du tout premier opus - Mathilde ne dit rien -, et si celui-ci semble l'être "un peu moins", ne vous fiez pas aux apparences, il réserve des surprises auxquelles vous resterez difficilement insensibles.

Nous retrouvons donc la place carrée, place située au coeur de la cité populaire de la petite ville de Monzelle.
Dans ces barres d'immeubles conçues dans les années 70 vivent aujourd'hui 8000 de nos compatriotes, ceux essentiellement appartenant à ce que certains appellent "la France d'en bas", celle des "Lumpen", celle qui survit grâce à des petits boulots, des aides sociales, de l'entraide ou de la "débrouille" ; mode de survie peu considéré par le Code pénal.

Au milieu de ce décor et de quelques-uns des protagonistes
du premier pan de la trilogie, dont Loumès, Idriss, Zineb et Mathilde, ouais, "la Mathilde qu'est revenue"... juste le temps d'une ou deux scènes, mais pas n'importe lesquelles...vit Laura, une très belle jeune femme ; une beauté magnétique, un peu comme celle de Cléopâtre.
Laura, infirmière de son état, est passionnée de cinéma. Et puis elle est gay ; rien de vraiment extraordinaire si ce n'est que son amour du 7ème art va lui faire croiser le chemin de Marion, une jeune trentagénaire... mariée à un homme, mais en laquelle vivent des pulsions homosexuelles qui vont faire leur coming out grâce à la "Zone" de Tarkovski et à Laura de laquelle elle va s'éprendre...pour le meilleur et pour le pire.
Tonio, l'ancien toxico auquel Mouss a donné une seconde chance, qui deale "léger" et qui sert de chauffeur à Mouss et à Loumès va se voir proposer par le "Manouche", un Marocain qui a jadis combattu en Bosnie et qui s'est reconverti en trafiquant à la petite semaine et en alcoolo chronique, une affaire d'héroïne.
Passer de l'exta à la dreu et le faire en loucedé en s'associant avec une brute sociopathe, avec l'espoir de toucher le jackpot, tel est le choix auquel est confronté Tonio.
Laura et Tonio forment donc ce binôme dramatique mis en scène par Tristan Saule. Binôme autour duquel gravite un monde dont la vie et les mauvais choix peuvent faire surgir les djinns les plus redoutés.
Mais intéressons-nous un instant à Laura, laquelle fait office dans ce roman d'héroïne cinématographique ( alors que Tonio se débat toutes les larmes de sa mère pour en avoir un peu... ), de scénariste, de metteure en scène, de cheffe opératrice vidéo, de spectatrice cinéphile, voire de critique.... Bref, elle incarne le cinéma dont elle orchestre le film à la manière d'un Otto Preminger, et je me suis posé la question de savoir si le - Laura - de Tristan Saule n'était pas une révérence littéraire offerte au maitre en hommage à son - Laura -, ce chef-d'oeuvre dans lequel auréolait de toute sa "présence" et de tout son mystère une sublime Gene Tierney... laquelle, les amateurs s'en souviennent, a incarné dans - L'Égyptien - de Michael Curtiz la tout aussi sublime princesse Bakétamon... sorte de Cléopâtre, dont la beauté peut faire penser à celle de Laura l'infirmière, bouclant ainsi la boucle...

Et tout cela au début de 2020 alors que de Chine arrive un virus inconnu, le SARS-COV2, plus "célèbre" sous l'appellation de " coronavirus de Wuhan."
La menace est d'abord sous-estimée comme le "nuage de Tchernobyl", puis on manque de masques, puis on confine...et c'est à ce moment-là que le roman nous cueille.

Un roman à l'écriture et au montage ( structure narrative ) découpé comme un film.
Il débute ainsi :
"- le SAMU, bonsoir.
Au bout du fil, une voix féminine, brisée, tremblante.
- Il faut venir. Il faut venir.
- Dites-nous ce qui se passe, madame, dit la permanencière .Comment vous appelez-vous ?
- Il y a un souffle dans le combiné. le vent peut-être. Ou alors la respiration vaine de la femme.
- C'est moi, dit-elle. Je suis rentrée dedans. Je l'ai tuée, elle bouge plus.
- Où êtes-vous, madame ?"

COUPEZ !

D'autres lieux, d'autres scènes, une autre temporalité(?)
Et on retrouve Laura aux urgences qui attend l'arrivée d'une jeune accidentée de la route. L'hélicoptère ne va pas tarder.
La jeune femme qui vient d'être renversée par une voiture est prise en charge et transportée au scanner.
Elle est suivie de près par sa mère qui crie son nom : "Laura !"
Surprise, troublée, l'infirmière se retourne croyant un instant que c'est elle qu'on appelle, que c'est sa mère qui l'appelle...
Cette jeune femme qui porte le même prénom qu'elle, qui a le même âge qu'elle, qui porte un pantalon vert pomme pareil à l'un des siens, ce pourrait être elle.
Tout au long de cette scène, Laura ne va être partie prenante que dédoublée, un peu de manière extracorporelle.
"- Laura contemple l'évènement à distance, invisible. Elle est au cinéma. Personne ne lui prête attention. Elle est un fantôme blanc qui tremble dans la lueur des néons blafards. La fille a le même âge qu'elle, le même nom qu'elle. Laura n'est peut-être que son âme errante, flottant dans la pièce avant de rejoindre le tunnel de lumière, avant de se fondre dans le grand tout. Il n'y a qu'une seule Laura qui s'éteint à l'âge de vingt-trois ans comme une conne, en ayant passé toute sa vie à attendre qu'elle commence. Ça ne devait pas se dérouler comme ça."

COUPEZ !

Laura marquée par la mort tragique de la jeune femme, se confiera à Marion, avec laquelle elle prendra connaissance de la sentence prononcée quelques mois plus tard par un juge contre la chauffarde : deux mois de prison avec sursis. Marion s'indignera de la légèreté de la peine...

Tristan Saule a réussi son pari ; un second volet, différent mais tout aussi prenant que le premier.
L'écriture ciné, l'authenticité des personnages, le réalisme de leur vécu ( en tant qu'ancien soignant, j'ai été scotché par l'aisance avec laquelle il met en scène le médical, le paramédical, leur lexique, leurs codes, leurs actes... c'est bluffant ! ), le rythme et l'action parfaitement accordés, le scénario et le script impeccablement maîtrisés.
La Place Carrée vit sous nos yeux, réelle comme seul le réel pouvait nous la montrer ; se contentant d'observer.
Il y a chez Tristan Saule, sur le plan cinématographique, mais pas que... quelque influence néoréaliste à laquelle, pour ce qui est de la relation Laura-Marion papillonnent devant nos yeux des effluves d'un - Mulholland Drive – qu'aurait mis en scène un duo Truffaut-Kassovitz.

J'ai vraiment tout aimé dans ce bouquin.
À commencer par la structure narrative que je ne peux qu'appeler montage.
Tout y est vie.
Rien n'échappe à la caméra du metteur en scène.
Et comme j'avais parlé en commençant ce billet des lieux que l'on retrouve dans ce deuxième opus et qui nous deviennent familiers, comment ne pas évoquer ces deux établissements symboliques qui enserrent la cité et que sont l'hôpital et la SPA... cette SPA, ce pistolet de Tchekhov dont je me disais que Tristan Saule parlait trop pour ne pas finir par lui offrir un rôle à sa mesure...
Il y a du social, il y a du sociétal, il y a de la chronique, de l'action, du suspense, du noir... et c'est intelligent.

Un régal de lecture... dont je pourrais parler des heures ; je ne le ferai pas, rassurez-vous !

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Voilà un auteur, Tristan Saule, qu'il me tardait de lire, fortement influencé par les amis de Vleel où il est régulièrement mis en avant. Alors quand j'ai reçu Héroïne dans le cadre du jury du prix Quai du Polar 2023, il a été positionné en haut de la pile.

Deuxième tome des Chroniques de la place carrée – qu'on peut lire indépendamment du précédent – Héroïne nous entraîne en plein confinement dans les pas de Laura, infirmière qui tient le coup grâce à l'amour entrevu avec Marion, et de Tonio, second couteau des caïds locaux qui rêve de sa propre place au soleil.

Ils sont les personnages centraux d'une mini comédie humaine au coeur de cette ville ouvrière de l'Est de la France et de son quartier des Hauts, qui voit sa Place carrée devenir le théâtre du désoeuvrement, de la misère, du désespoir comme des espoirs fébriles. Et du drame aussi.

Roman sombre qui transpire l'empathie et l'humanité de son auteur, Saule place ses personnages entre deux vies, qui vont passer au révélateur décisif du confinement. La fuite avec Manon, son héroïne, pour Laura ; l'élévation sociale grâce à l'héroïne, pour Tonio.

C'est noir ; mais beau ; mais noir… Et addictif ! Les deux autres tomes seront vite rattrapés !
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C'était avec une légère appréhension que j'attendais le deuxième tome des Chroniques de la Place carrée.
Après "Mathilde ne dit rien" et sa protagoniste attachante, je me demandais comment l'auteur allait pouvoir offrir autant de tension narrative mais aussi autant d'émotions. "Héroïne" relève ce double défi.
Avec ce deuxième tome encore plus dense que le précèdent, le lecteur continue de vivre la vie des habitants de la place carrée avec leurs fêlures, leur passé, leurs projets, leurs douleurs et leurs doutes.
Tristan Saule confirme son talent pour saisir une époque et pour rendre vivants les invisibles.
d
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Et rebelote : mon gros coup de coeur pour cet auteur vient de se confirmer. Après #MathildeNeDitRien, c'est peu dire que j'attendais cette « Héroïne ». Pari gagné.
L'héroïne, c'est la solution trouvée par Tonio pour ne pas rester un sous-caïd du quartier - bientôt figé par l'arrivée du Covid. L'héroïne, c'est aussi ce que devient Laura, infirmière hospitalière - bientôt happée par l'arrivée du Covid.
Mais l'héroïne, c'est surtout cette Place carrée, banlieue ordinaire et délabrée - bientôt asphyxiée par l'arrivée du Covid. Bref, un mot polyphonique qui irrigue parfaitement ces folles histoires enchevêtrées à l'extrême.
Car au-delà du fond remarquable, hautement inflammable, c'est la forme adoptée par l'auteur qui a fini de m'estomaquer.
Pas de chapitres, pas de temps mort : à peine un saut de ligne et l'on passe d'un personnages à l'autre. Un zapping qui fonctionne extrêmement bien, même sur la longueur, même s'il n'est pas de tout repos pour le lecteur.
Impossible de s'arrêter face à ces femmes et ces hommes qui perdent pied : ce roman m'a littéralement aspiré avant de me terrasser.
Énorme coup de coeur... tellement recommandé.
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« Au cinéma ce qu'on voit n'existe pas. »
Sombre, attachant, implacable, « Héroïne », la place carrée lève son voile pavlovien, on ne bouge plus.
Nous sommes dans une ville semblable à tant d'autres et pourtant elle est unique.
La place carrée, ses hôtes, ses fureurs et ses turbulences. La vaste humanité , fleur qui perce sur le goudron immanquablement.
Ce deuxième livre qui fait suite à « Mathilde ne dit rien » est une chronique à ciel ouvert. L'exactitude d'un lieu et des transhumances intérieures.
Notre monde dans un cercle : la place et ses symboles.
Ils sont là, tous, les habitants de l'ère Covid, une fourmilière agitée, prise au piège des diktats qui ne laissent aucune chance.
Laura, infirmière, amoureuse de Marion, l'énigmatique mariée. Tonio, le pas de côté, les meurtrissures aux abois, Zoé, la petite lumière calée entre la littérature et la joie des amitiés enfantines. Et tous ont cette histoire semblable, le reflet d'une place en plein coeur.
Le récit est vivant, actif et réel. On ressent une empathie pour les protagonistes, jusqu'au chien de le Manouche qui s'appelle Stranje et pour cause.
D'aucuns ont l'expérience des résistances, des lignes jaunes franchies, des heures lourdes à affronter dos à dos les conséquences d'une confinement.
Ici, vous avez Laura et ses batailles à l'hôpital de Monzelle. L'authenticité d'une guerre contre le manque de tout, masques, blouses et les covidés qui tombent comme des mouches, sac blanc en plastique, l'horreur fermeture.
« Pourtant aujourd'hui, il comprend qu'il peut y avoir pire. Par exemple se faire choper au Leader Price de Monzelle en train de piquer des couches-culottes. Se faire choper, puis libérer sans poursuite, avec comme seule réprimande un plein tonneau de pitié déversé sur la tête. »
Je vous présente Thierry, père abandonné dans le radeau de Géricault. Rejoindre les sables mouvants, les petits dealers, affronter la meute de loups, héroïne, héroïne, le chant des sirènes.
La drogue est le pain qui manque, les coups bas et les violences citadines. Entre les palpitations d'un récit absolument sociétal, crucial parfois tendre et gorgé d'humanité, le tremblant de l'homosexualité, les quêtes existentielles et les douleurs qui courbent les dos et brouillent les regards de pluie glacée.
« Héroïne », un livre choc, coup de poing, d'une beauté inouïe.
« Laura apparaît au coin de la rue. Parmi les filles de SOS confinement, elle reconnaît Mathilde, une travailleuse sociale qui l'a aidée pour une demande de logement quand elle s'est installée ici. Une fille bizarre, un peu flippante mais serviable. »
Les retrouvailles, bond en avant avec notre contemporanéité écorchée vive.
Mais « au cinéma l'aube n'est jamais laide. La vérité ne débarque jamais à l'improviste au cinéma. L'héroïne tragique tue ou meurt. »
Tristan Saule est un collecteur de mémoire. Ce texte lave de volcan est nécessaire et détourne le fictionnel. Tout est criant, juste et émouvant. On est en plongée dans le huis-clos de la place carrée.
« Si tu veux une autre fin, lis un livre. »
« Au cinéma tout le monde tient ses promesses. »
Fraternel, engagé, humaniste, « au cinéma tant que le générique n'est pas terminé, il reste toujours quelque choses à sauver. »
« Héroïne » est une déambulation sur la place carrée du vrai-monde.
« Au cinéma, les couchers de soleil ne brûlent pas les yeux ».
Inoubliable, culte, incontournable, ce piédestal de la littérature dans la collection Parallèle Noir est publié par les majeures éditions le Quartanier éditeur.
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On l'attendait avec impatience en janvier, on l'a acheté à Quais du Polar au printemps et on l'a enfin lu cet automne, pour se préparer à la sortie du tome 3 en 2023 : Héroïne, le tome 2 des Chroniques de la place carrée !!

Et ce nouvel opus a tenu toutes ses promesses !!

Si les premières pages peuvent sembler un peu déstabilisantes (les passages d'une histoire à l'autre sont rapides, très rapides,... trop rapides ?), très vite on se prend au jeu de ce tissage et métissage qui fait l'ADN de ce quartier où chacun cherche sa place, son rôle, et doit s'adapter à un nouvel arrivant : le COVID.

Tres vite, deux histoires parallèles se dégagent et nous prennent au corps : Laura D un côté, infirmière, confrontée à l'insoutenable et inimaginable épidémie. de l'autre Tonio, qui cherche à monter les échelons dans sa carrière de délinquant, pour se faire une place au soleil.
Autour, gravitent les habitants de la place carrée, plus ou moins confinés mais tous impactés par cette crise sans précédent qui bouleversent leur quotidien.

Toujours avec justesse, Tristan Saule nous raconte 2020 et sa pandémie (pour vous dire comme j'étais happée : je lisais dans le bus et en descendant un soir, j'étais choquée de voir tout ce monde sur les routes : "mais ? Ils ne sont pas confinés ?!). Il nous dit aussi la vie d'un quartier comme il en existe tant en France, et nous laisse spectateurs de ces destins qui sont un peu les nôtres...
Sans parler de cette fin qui m'a tant émue...

Je ne vous dirai qu'une seule chose : venez à la découverte des habitants de la place carrée, si ce n'est pas déjà fait !!

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Héroïne, c'est cette infirmière Laura, avec une relation amoureuse compliquée qui travaille sans relâche à l'hôpital, enchainant les gardes et les heures supplémentaires en période de pandémie de COVID. Héroïne, c'est ce qui manque cruellement à certains en période de confinement mais Tonio, petit dealer est sur un gros coup……
Nous suivons la vie des habitants de ce quartier populaire de la Place Carrée, Laura et Tonio principalement, mais également beaucoup d'autres habitants que nous avions déjà appris à connaitre dans le tome précédent. Nous sommes rapidement pris dans le tourbillon des tranches de vie, tout s'enchaine dans un récit très addictif, avec de courts paragraphes où s'entremêlent les différents personnages, donnant une impression de fuite en avant. J'avais beaucoup aimé le premier tome et j'ai également beaucoup aimé celui-ci tant les personnages, le contexte de pandémie et les descriptions des lieux est réaliste. J'ai tout particulièrement apprécié dans celui-ci de reconnaitre le vrai "Monzelle".
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Dans le cadre de la Masse Critique de Babelio, j'ai eu la chance de lire "Héroïne" de Tristan Saule, paru aux Editions Folio.
Ici, nous sommes dans le 2nd tome de la trilogie de la place carrée, mais il peut se lire indépendamment du 1er.
On retrouve les mêmes personnages que dans le 1er, mais l'accent est mis sur d'autres.
L'histoire se passe principalement pendant le 1er confinement, en mars 2020.
Les personnages principaux sont cette fois : Laura, jeune infirmière qui va vivre la covid à l'hôpital et nous rappeler les conditions dans lesquelles les soignants exerçaient... On oublie vite l'horreur que c'était...
Sa vie sentimentale est aussi très compliquée car elle aime une femme, mais celle ci est mariée et le confinement va venir encore complexifier les choses entre elles.
Il y a aussi Tonio, petit dealer, suiveur de plus gros mais qui veut devenir calife à la place du calife.
On retrouve Idriss, le petit garçon qui grandit, on voit passer Mathilde, l'héroïne du 1er opus. On fait la connaissance du "Manouche" qui tient un bar clandestin.
C'est encore un roman sociétal qui nous plonge dans la banlieue où les règles et les lois ne s'appliquent pas à tous (ici les déplacements avec attestation, c'était pas très strict..).
L'héroïne, titre du roman, on ne sait si c'est la drogue ou Laura... chacun y verra sa version.
Je lirai le 3eme roman pour finir cette trilogie car j'ai bien aimé l'écriture, voir les personnages évoluer...
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Le projet ambitieux de Tristan Saule, faire une chronique d'une place de ville de banlieue au rythme d'un livre par an, m'a tout suite attirée. Après Mathilde n'a rien dit, je me réjouissais de retrouver l'ambiance si particulière du lieu avec Héroïne. Une fois encore la magie a opéré. Tristan Saule nous propose un voyage en 2020 alors que la pandémie menace et que la pression monte dans les hôpitaux comme dans les rues.

Laura travaille comme infirmière à l'hôpital de Monzelle. Elle vit dans un appartement donnant sur la place carrée. Elle est amoureuse d'une femme en couple et souffre de la situation. Tonio deale aux pieds des tours de la place. Un jour, une grosse opportunité se présente à lui. Il connaît les risques mais tente quand même le coup. Il aimerait pour une fois jouer le premier rôle. Dans le quartier, chacun vivote et galère. Thierry ne peut plus payer les couches de son bébé, Joëlle n'ose plus appeler sa fille tant elle se sent démunie et Idriss trompe le temps en attendant que l'école ouvre de nouveau.
Par paragraphes successifs, l'auteur nous raconte les vies croisées des habitants de la place carrée. Les itinéraires de Laura et Tonio s'entremêlent à ceux de leurs voisins. Il construit de manière brillante un roman polyphonique saisissant. Avec une construction presque cinématographique, il fait monter crescendo le rythme de son roman. Comme pour renforcer ce lieu avec le cinéma, Tristan Saule ponctue son roman de réflexions sur les différences entre la vie réelle et le cinéma. Très addictif, ce roman se lit presque d'un souffle et se termine dans un final grandiose.

Si le covid et le confinement constituent la trame de fond du livre, il n'en sont pas le sujet. L'auteur réussit brillamment à nous replonger dans cette période d'incertitude et nous faire ressentir l'impact du confinement sur les populations de banlieue. Il montre aussi la pression folle qui s'est emparée des hôpitaux et les angoisses qui ont embrasé la population. Il réussi à traiter d'un événement encore très présent dans la mémoire de chacun avec déjà une forme de recul. Son sujet, ce sont les personnages et la manière dont ils mènent coûte que coûte leur vie. Les aléas du covid sont des entraves supplémentaires à une existence faite d'obstacles et de difficultés.
Si l'intrigue autour de Tonio et Laura m'a beaucoup intéressée, j'ai adoré suivre les personnages secondaires également. On retrouve avec grand plaisir Mathilde, Idriss et Louness. J'ai eu une tendresse particulière pour Manouche, sorte de gitan vivant dans un baraquement près de la SPA de magouille en tout genre. le passage où il raconte sa vie est passionnant. Tristan Saule a un véritable talent pour créer des personnages incarnés.

J'ai adoré retourner sur la place carrée et je me réjouis de la sortie prochaine d'une troisième tome ( en janvier 2023)
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Carton plein pour les Chroniques de la place carrée !
Après Mathilde ne dit rien, j'ai eu un second coup de coeur pour Héroïne.

Cette fois, c'est Laura, aide-soignante aux Urgences de Monzelle, qui est au coeur du récit.
Le roman commence par la mort d'une jeune femme, prénommée elle aussi Laura, emmenée aux Urgences après avoir été renversée par une voiture.
Laura a un moment de confusion : est-ce elle cette jeune femme qui meurt sous ses yeux ? Puis se reprend : non elle, elle meurt à petit feu de ne pas arriver à quitter cet endroit, de rêver d'ailleurs sans partir, de toujours recommencer les mêmes erreurs en amour...

L'action du roman se situe durant le confinement strict de mars-avril 2020, les habitants de la Place carrée sont confrontés aux difficultés qui ont suivi : plus d'école, pas de cantine, baisse drastique de revenus pour certains travailleurs, mais aussi baisse du trafic de drogue...
Alors que Laura doit faire face au quotidien à l'épidémie de Covid, à la surcharge de travail à l'hôpital, Tonio tente un gros coup, Idriss traine dans l'école désaffectée avec son amie Zoé, Thierry cherche à gagner de l'argent pour payer les couches de son bébé...

"Au cinémɑ tout le monde tient ses promesses."
Ici aussi, la promesse est tenue : l'écriture nerveuse, cinématographique, le rythme effréné, l'atmosphère tendue. le roman noir et social est brillamment réussi, jusqu'aux dernières pages qui ne laissent au lecteur aucun répit, et accélèrent jusqu'au dénouement final, qui m'a laissée sans voix.

Si ce n'est pas encore fait, il n'est pas trop tard pour commencer Les Chroniques de la place carrée. Pour ma part, j'attends le prochain avec impatience !
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