Quand on a besoin de quelque chose, on le prend, c’est tout.
Il voulait tout mesurer. Combien on gagne. Combien on vaut. Combien on paie. Tout avait un prix qui pouvait être calculé. Tout. Il fixait du regard les gens, les choses, lisait le nom des magasins et la marque des voitures. Combien gagne ce vendeur ? Quelle est la valeur du magasin où il travaille ? Combien touchaient-ils par mois ? Avaient-ils des prêts ? Étaient-ils cocus ? Avec ces mains, quels métiers faisaient-ils ? Pour lui, tout se réduisait à un classement de l’argent et du pouvoir.
La mer. C’est d’elle qu’il avait besoin, l’antidote à ses pensées. Ce bleu inépuisable ne lui demandait rien et il ne pouvait rien lui demander.
Il y a les baisers et il y a les baisers féroces. Les premiers s’arrêtent dans les limites de la chair ; les seconds ne connaissent pas de limites. Ils veulent être ce qu’ils embrassent.
Les baisers féroces sont inclassables. Ils peuvent sceller le silence, souligner des promesses, prononcer des condamnations ou déclarer des acquittements. Il y a les baisers féroces qui touchent à peine les gencives, d’autres qui pénètrent jusque dans la gorge.
Les baisers ont une typologie bien précise. Ceux qu’on donne comme un coup de sonnette : les lèvres qui s’impriment sur d’autres lèvres. Baiser passionné, pas encore mûr. Jeu précoce, cadeau timide. Ou le contraire : baisers « à la française ». Les lèvres qui ne se rencontrent que pour s’ouvrir : un entrelacs de papilles, un échange d’humeurs et de caresses avec la chair de la langue, dans le périmètre de la bouche garnie par l’ivoire des dents. À l’inverse, il y a les baisers maternels. Lèvres qui claquent sur les joues.
Dis-moi un peu, Nico : les armes que je vous ai données, vous les gardez pas dans la planque dela Via dei Carbonari ?
- Comment vous savez que j'ai une planque ?
- Je sais tout sur toi. C'est moi qui t'ai fait. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre et tu es ma pomme.
Le ciel était leur seule limite.
Elle était magnifique. La peau lisse, diaphane, avec seulement un soupçon de maquillage, et ces yeux très noirs, rendus encore plus profonds par le khôl.
Si on se tape un mec, ça veut dire qu’on est pédé ?