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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A peine a-t-il posé la pointe de son escarpin sur la grève battue par les vents du rivage d'Ys qu'Enoc Martel nous embarque dans un voyage exceptionnel, au coeur d'un univers fictif entièrement créé dans toutes ses dimensions (topologiques, politiques, historiques, sociologiques et j'en passe, c'est d'une richesse et d'une cohérence inouie!) mais construit comme un miroir à peine déformant de notre propre société.
Perdue au milieu de l'Atlantique, l'indépendante île d'Ys s'est construite sur un système opposant les terriens privilégiés et protégés par les murs de la citadelle des aventuriers sans dents, sans culture, tous marins ne sachant pas nager, tous rêvant d'accéder un jour à la cité à la faveur de la Saine Rotation.
Enoc Martel ne sera que de passage, mais c'est celui qui apporte à Danaé Poussin, l'orpheline héroïne de ce plantureux roman, les fondations de son émancipation sur la base de sa singularité : Danaé, elle, sait nager. Dès lors, fille de l'eau dans un univers dominé par une mer sauvage et cruelle, Danaé va connaître une destinée hors normes, portée par d'autres rencontres et le grand vent du large.
Cela doit être ce même vent qui a fait tourner à pleine vitesse les 700 pages de ce palpitant roman dévoré en un week-end, salant ces pages d'une écriture finement relevée et faisant naître ici et là des évocations somptueuses et terribles d'un univers ilien d'un autre temps.
Un régal!
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Une lecture à laquelle il faut s'adapter. C'est comme s' il y avait cinq livres avec leurs propres chapitres. Chaque livre a une petite introduction, titrée, qui nous explique un aspect de ce que vivent les habitants de l'île de Ys, les traditions, le fonctionnement, le climat, les différences sociales entre les insulaire, etc. Ensuite l'histoire se poursuit …

Nous sommes en Atlantique nord, sur l'île de Ys. Personne ne sait nager sauf Danaé dite Poussin. Elle utilise son don afin d'aller à la rescousse des naufragés et pour piller les épaves des bateaux. En suivant Danaé dans ses rencontres, ses amours, et ses voyages, on apprend sur cette île loin d'être paradisiaque et sur les deux classes d'Yssois qui se côtoient : les habitants de la Cité protégés par des murs des grandes marées, et les riverains à la merci des caprices de la mer.

J'ai senti une certaine distance face au récit. Nous sommes les observateurs de ce qui se passe sur l'île et je ne me suis pas senti en osmose avec ce qui se passait … Ça m'a pris du temps à m'habituer. Et finalement j'ai bien aimé ce conte historique, intemporel et fantaisiste plein d'aventures !
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Si un gosse me disait quand j'srai grand je veux être maître du monde, voici ce que je lui recommanderais : tu as 2 solutions. La première, tenter la version méchant de James Bond, avec machiavélisme, quelques hommes de mains baraqués et une île planquée au milieu du Pacifique avec un rocher qui s'ouvre pour laisser passer les avions et les sous-marins. Mais le risque s'est de se faire attraper par James Bond.
La seconde solution c'est devenir écrivain. Là, point de limite. Tu deviens un véritable démiurge. Tu crées des gentils et des méchants, sans aucune souffrance sur la conscience.
Je viens donc avec cette lecture, renouveler mon admiration pour ces auteurs démiurges qui nous offre de nouveaux univers clé en main.
Qui n'inventent pas seulement la petite histoire de quelques héros, mais aussi toute l'Histoire autour : la géographie, l'antiquité de tout un peuple, ses coutumes, ses rituels, ses croyances, ses guerres et ses conquêtes, ses souverains et ses petites gens, ses grandes victoires et ses lâchetés.
Le talent de ces romanciers démiurges parvient même parfois à flouter la frontière entre réalité et imagination. Comme si l'île d'Ys avait vraiment existé et qu'on en découvrait les secrets par la littérature. J'avais eu la meme sensation avec le cycle de Majipoor de Robert Silverberg, peinant parfois à me rappeler que la planète n'existait pas pour de vrai.
Alors oui, vous allez découvrir un univers avec ce roman. Un univers qui sent le poisson, les algues, et qui vous laissera un goût de sel sur les doigts au fur et à mesure que vous en tournerez les pages.
Danae Poussin sera votre guide. Une sacrée nana, qui vit au rythme des marées, des grandes marées aussi, des rencontres, avec des pilleurs d'épaves, des pêcheurs, un maître d'arme éducateur, des citoyens de la cité dans laquelle elle vivra un temps. Mais la cité est-elle plus une prison ou un refuge ?
Il reste le vent du large, le roulis sous vos pieds sur le ponton d'un bateau branlant, l'eau de mer et de pluies qui alourdit les vêtements, la voix grasse des femmes restées à terre, le vide laissé par ceux jamais revenus.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Même si vous avez le mal de mer/mère. On pourrait, on devrait en faire une chanson. « Laissez-moi vous conter les aventures de Danaé Poussin… »
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728 pages, c'est ambitieux. le livre pourrait tomber des mains, caler une porte ou rester dans l'étagère du plus motivé des lecteurs. Il aurait beau être beau, coloré d'un joli bleu foncé et décoré d'un château orangé, être publié dans une maison d'édition canadienne de renom, il pourrait rebuter. Et là serait l'erreur : passer à côté !

Aux pieds de la Cité dans laquelle ne pénètrent que les chanceux sélectionnés par l'Amirauté, vivent les riverains que l'Océan nourrit de sa faune et des navires naufragés par gros temps. Danaé est l'une de ces petites gens. Orpheline, saleuse et nageuse, elle traverse moult aventures sur 728 pages nous entrainant au coeur de son île. L'histoire est passionnante : elle surprend, palpite, vit. 728 pages qui se dévorent sans répit. Les rebondissements sont multiples, les personnages habités. Quel plaisir de lecture ! Je ne peux vous résumer ce livre puisqu'il me faudrait des pages et des pages, puisqu'en révéler des extraits serait en percer le secret. Il ne tient qu'à vous de le lire et d'être à votre tour malmené.e par le vent des tempêtes, bousculé.e par les vagues que les marées poussent aux crieuses, inquiété.e par ceux qui surveillent les naufrages. Vous ferez de la contrebande, voguerez, aimerez, serez trahi.e. Vous partagerez l'existence d'hommes et de femmes hors du commun. En route pour l'aventure !
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Merveilleusement titanesque. Ce roman a dû imposer à l'auteur un travail colossal. Il est difficilement racontable tant le style est tout à fait particulier et propre à l'autrice. J'ai failli lâcher prise après une centaine de pages, mais je me suis laissée emportée par la musique du récit et l'histoire fabuleuse de Danaé Poussin et de ses rencontres avec différents hommes sur l'île d'Ys. J'ai laissé mon dictionnaire de côté et me suis laissée emportée par le courant tant il aurait été dérangeant de stopper sans cesse ma lecture.
L'écriture est tout à fait particulière et elle permet de recréer totalement un monde nouveau avec pour personnage principal, la mer. Pendant ma lecture, j'ai beaucoup pensé au roman de Maurice Pons « les saisons » qui proposent également un récit entièrement original et inclassable.
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Sur l'île d'Ys, soit tu es citoyen, soit tu es riverain. Dans le premier cas, les fortifications et la hauteur te protègent des grandes marées d'équinoxe qui submergent tout, dans le second à toi de trouver abri 2 fois l'an sans garantie de succès, dans une criarde ou sur un bâtiment.

N'es pas citoyen qui veut, n'es pas Issois qui veut. La saine rotation impose la méritocratie pour gagner sa place dans la cité. Néanmoins, on va bien vite comprendre que le mérite seul ne suffit point… corruption, cruauté, avilissement, ont libre cours à l'intérieur des murs.

C'est sur cette île qu'est née Danaé Berrubé-Portanguen, nom d'usage Poussin, issue de la lignée des Premiers Hommes, sachant nager parmi les marins ne le sachant pas.

Ce roman d'aventures, écrit à une époque où le homard était le plat du pauvre, boudé par les puissants et bradé sur les marchés, narre les péripéties de cette nageuse, ballottée de criques, en rencontres, en défis. C'est à travers sa rencontre avec 5 hommes bien différents, que l'on va découvrir cette femme d'un courage et d'une ténacité extraordinaire. Jusqu'à son dernier souffle, elle ne baissera jamais les bras.

Entre coupé au récit, des chapitres viennent nous préciser les us et coutumes de cette île si particulière d'Ys, nous expliquer certains mots de vocabulaires ou certaines expressions, comme le matelotage et ses dérivés.

La critique politique offerte par l'auteur, de cette mérito-démocratie corrompue, donne à réfléchir sur les éléments qui fonde le sentiment d'appartenance à une nation ou à une population.

Loin d'être pris en pleine tempête, l'eau est plutôt calme du côté lecteur, un peu trop même. Je n'aurai pas été contre un peu de rythme en plus ou quelques pages en moins, voir même les deux !

Néanmoins, j'ai eu le temps de beaucoup m'attacher au personnage de Danaé, jeune femme influençable mais qui parvient à mener sa barque (que dis-je son cotre même) sur cette côte inhospitalière, pour finalement trouver le bonheur ou du moins ce qui s'en rapproche le plus.
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Peut-on faire confiance au prix Imaginales qui a récompensé l'année dernière Capitale du Sud et Notre part de nuit ? Absolument, presque les yeux fermés.

C'est ce que confirme la lecture de "Les marins ne savent pas nager", très chouette roman de Dominique Scali, qui y déploie une langue et un univers très riches, dans une construction qui balance comme le ressac sur les rivages d'Ys, une île des confins, baignée par les eaux glacées de l'Atlantique nord assez St-Pierre et Miquelonienne dans un XVIIIe siècle de fiction.

Scindée entre une ville haute corsetée dans ses remparts où seuls quelques privilegiés sont à l'abri selon un système complexe de distinctions, et le reste de son territoire exposé aux cruelles et meurtrières marées d'equinoxe, Ys n'est pas tendre avec ses gens de peu. Contrebandiers, naufrageurs, citoyens à la condition élevée pour Hauts faits, tous dépendent de la mer qui est presque, en soi, un personnage, et sans nul doute le fil rouge de ces récits entrecroisés, tissés de rage, de vengeance, de déception, de résignation, de cruauté et de résilience, comme celle de Danaé Poussin (celle qui précisément sait nager).

Bien que le roman prenne le temps pour trouver son rythme, on finit par plonger tout à fait dans cet étrange récit, intrigant et séduisant empreint de mélancolie, à la construction élaborée. Beaucoup de charme !
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Une lecture très contrastée car oui, j'ai beaucoup aimé la plongée dans le monde de l'île d'Ys et tout particulièrement la langue de l'autrice qui roule son texte comme la mer (véritable héroïne de ce roman) les épaves.
Mais j'ai été dérangée par le manque de structure. Certes il y a 5 chapitres et Danaé Poussin est là du début à la fin mais j'ai trouvé qu'il n'y avait pas réellement d'histoire, trop de personnages, trop de ruptures, trop d'ébauches.
La fin m'a finalement réconciliée avec l'ensemble, l'originalité de ce livre m'a plu donc finalement j'ai aimé mais je ne sais presque pas pourquoi 🤣
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Au milieu de l'océan Atlantique se trouve la petite île d'Ys, une sorte de cité état, totalement indépendante. L'histoire de cette île est faite de rebondissements, notamment sur l'aspect des citoyens, avec une manière bien particulière d'avoir le droit d'habiter ou non dans la cité. Dans ce roman, on suit la vie de Danaé Berrubé-Portanguen, une des rares personnes à savoir nager. Car oui, le comble pour les Issois et les Issoises, est qu'ils ne savent pas nager... Pour des îliens, des marins, ce n'est pas de chance ! Enfin, l'histoire se passe tout de même au XVIIIè siècle, alors en ce temps-là, l'apprentissage de la nage n'était pas la préoccupation première.

J'ai trouvé la couverture très jolie. Cette illustration, d'une île pratiquement entièrement submergée, est simple mais très bien réalisée. La partie immergée, orange, est parfaite pour attirer l'oeil et s'intéresser à cette histoire.

Dominique Scali a réussi avec brio à écrire une histoire de science-fiction qui se déroule au siècle des Lumières. J'ai beaucoup aimé son style d'écriture et sa manière de raconter cette histoire. J'ai trouvé très intéressant de découvrir le fonctionnement de cette île, la manière de vivre de ses habitants, leurs coutumes à travers la vie de Danaé, dite Poussin. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi épais. J'ai été tellement pris par l'histoire que je n'ai pas eu l'impression de lire un pavé de plus de 700 pages. Tout est fluide dans cette histoire et je ne me suis pas ennuyé une seule fois. Il y a tellement de choses à découvrir que la lecture est captivante du début à la fin. L'imagination fonctionne parfaitement et on a le temps de s'imprégner de l'histoire, de vivre les différentes péripéties qui jalonnent la vie de Danaé Poussin.

Un beau roman qui trouvera facilement une place dans votre bibliothèque.
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Le grand destin des petites gens

Voilà ce qui arrive lorsqu'on laisse traîner un retour de lecture pendant des mois et des mois. Les souvenirs de l'intrigue se font brumes éparses tandis que l'impression que nous a laissée le roman se perd dans une nébuleuse d'adjectifs qui finissent par perdre leurs sens.

Et pourtant le livre est toujours là, posé sur un meuble, il m'épie, m'observe, attendant que je daigne lui accorder l'attention qu'il mérite, que, de par mes mots maladroits, je parvienne à le faire briller un instant parmi la galaxie d'ouvrages scintillants qui nous font briller les yeux dès que l'on franchit l'entrée d'une librairie.

Alors que vous dire pour que vous daigner vous immerger dans les trépidations du quotidien de ces insulaires de l'île d'Ys auxquels le rivage ne laisse que peu d'espoir et de perspectives d'avenir ?

Comment retranscrire la beauté de la plume de l'autrice alors que depuis la lecture d'autres plumes m'ont captivée, rebutée, interloquée ? Je vous dirais, tout piteux, que je me souviens d'une plume dense qui fait la part belle aux embruns et aux cris des mouettes. Maigre consolation pour ceux qui se demandent si le livre est fait pour eux.

Comment vous convaincre de suivre le destin du personnage principal dont je ne me souviens même pas du nom ( c'est Danaé andouille !) Sinon qu'en vous disant que j'ai apprécié le passage durant lequel elle accède à la citoyenneté, apprenant ainsi que c'est lorsqu'on se croit au paradis que l'on est le plus proche de l'enfer.

Voilà tout ce que je peux vous dire sur ce roman qui mérite beaucoup plus que ces quelques mots jetés sur l'écran d'un smartphone au cours d'une nuit d'insomnie. Insuffisant pour lui rendre hommage.
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