Si un gosse me disait quand j'srai grand je veux être maître du monde, voici ce que je lui recommanderais : tu as 2 solutions. La première, tenter la version méchant de James Bond, avec machiavélisme, quelques hommes de mains baraqués et une île planquée au milieu du Pacifique avec un rocher qui s'ouvre pour laisser passer les avions et les sous-marins. Mais le risque s'est de se faire attraper par James Bond.
La seconde solution c'est devenir écrivain. Là, point de limite. Tu deviens un véritable démiurge. Tu crées des gentils et des méchants, sans aucune souffrance sur la conscience.
Je viens donc avec cette lecture, renouveler mon admiration pour ces auteurs démiurges qui nous offre de nouveaux univers clé en main.
Qui n'inventent pas seulement la petite histoire de quelques héros, mais aussi toute l'Histoire autour : la géographie, l'antiquité de tout un peuple, ses coutumes, ses rituels, ses croyances, ses guerres et ses conquêtes, ses souverains et ses petites gens, ses grandes victoires et ses lâchetés.
Le talent de ces romanciers démiurges parvient même parfois à flouter la frontière entre réalité et imagination. Comme si l'île d'Ys avait vraiment existé et qu'on en découvrait les secrets par la littérature. J'avais eu la meme sensation avec le cycle de Majipoor de
Robert Silverberg, peinant parfois à me rappeler que la planète n'existait pas pour de vrai.
Alors oui, vous allez découvrir un univers avec ce roman. Un univers qui sent le poisson, les algues, et qui vous laissera un goût de sel sur les doigts au fur et à mesure que vous en tournerez les pages.
Danae Poussin sera votre guide. Une sacrée nana, qui vit au rythme des marées, des grandes marées aussi, des rencontres, avec des pilleurs d'épaves, des pêcheurs, un maître d'arme éducateur, des citoyens de la cité dans laquelle elle vivra un temps. Mais la cité est-elle plus une prison ou un refuge ?
Il reste le vent du large, le roulis sous vos pieds sur le ponton d'un bateau branlant, l'eau de mer et de pluies qui alourdit les vêtements, la voix grasse des femmes restées à terre, le vide laissé par ceux jamais revenus.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Même si vous avez le mal de mer/mère. On pourrait, on devrait en faire une chanson. « Laissez-moi vous conter les aventures de Danaé Poussin… »