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Citations sur Backstage : Je hais l'amour véritable (29)

Johnny Rottn a regardé sa montre pendant que les autres étaient morts de rire Grundy a annoncé la fin de l'émission, et tandis qu'un générique tout guilleret retentissait, Steve Jones s'est levé et a montré à la caméra ses fesses moulées de cuir noir.
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Je me croyais la plus grande des rebelles parce que j'avais osé tenir tête à mon père. Mais je n'étais qu'une petite fille docile et aveugle. Peter avait soulevé un pan du rideau. Il m'avait montré une Grande-Bretagne que jamais je n'avais croisée dans mes livres scolaires : le poids de l'etablishment, le système des castes sociales, la rigidité de la société... J'avais l'impression de voir le pays à travers ses yeux. Ce n'était ni agréable ni rassurant.
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The Clash n'avait jamais été meilleur que ce soir-là. Le public était éléctrique. Dans le fond, les hippies réfugiés contre le bar sifflaient et lançaient des canettes. Aux premiers rangs, la bataille pour la vie se jouait. Elle était trépidante, féroce, à la mesure de tout ce qui l'oppressait. Elle engloutissait tout le reste dans ue pulsation de basse et un déchaînement de rythmes.
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Au moment où il allait crier pour prévenir que les flics les suivaient, Damian trébucha et s’affala de tout son long sur le trottoir, empêtré entre le manche de la guitare et les plis de son pardessus.

Il lui tendit la main pour l’aider à se relever. Damian grimaçait de douleur en massant sa cheville. Une de ses chaussures trempait plus bas, dans la rigole du caniveau.

– Putain de Doc ! Elles me lâchent toujours quand j’en ai le plus besoin…

– Grouille, les flics arrivent ! rétorqua Peter en agitant sa main tendue.

Damian leva les yeux et aperçut à son tour les deux casques arrondis qui se rapprochaient dangereusement. Il balança la guitare dans les bras de Peter.

– Prends-la et dégage… Je m’ démerde.

Peter hésita un quart de seconde, le temps de scruter le regard délavé de Damian, guettant une autre bravade, un nouveau coup de « trompe-la-mort, ce qui arrivera, je m’en tape ». Non, il avait juste raison : c’était la seule solution pour les sauver tous les trois, Damian, lui-même et la guitare.

Deux rues plus loin, il y avait une station de métro. S’il parvenait jusque-là, il s’enfoncerait dans le dédale des couloirs et se retrouverait bientôt à l’abri à Finsbury, avant même que les flics aient compris qu’il les avait semés pour de bon.

Il se saisit de la Telecaster et détala comme s’il avait les chiens de l’enfer à ses trousses.
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La guitare avait l’air toute nue dans le métro. Peter la serra contre lui et les battements de son cœur résonnèrent contre le bois de la Telecaster. Les gens le regardaient de travers. Soupçons ? Convoitise ? Il faudrait d’urgence lui trouver une housse. Une gratte aussi bien roulée ne pouvait pas se balader comme ça, à poil. C’était de l’incitation à la débauche.

Lorsqu’il émergea du métro, Finsbury Park resplendissait sous le soleil comme si l’été décidément ne voulait pas disparaître. Peter pensa que c’était peut-être ça, que cet été 1976 durerait jusqu’à la fin du monde, avec son ciel en fer-blanc accroché au-dessus de Londres. Un été de plus en plus chaud, une canicule comme on n’en avait pas vu depuis 1940 selon les vieux et les journaux. La nuit, les rues grouillaient de monde. Les gens glandaient dehors, cramés, hargneux, pressés de vivre et de s’éclater. Les concerts se suivaient, le pub rock vivait ces dernières heures, une nouvelle musique était en train de naître. On disait « punk » ou « new wave ». On sentait qu’on était au bord de quelque chose et qu’il ne fallait rien louper. Enfin, on crachait sur les hippies et c’était peut-être ça le plus marrant.

L’été avait démarré en fanfare, le 4 juillet, au Dingwalls, avec un super concert des Ramones, quatre New-Yorkais complètement déjantés jouant à fond la caisse. Ensuite, il y avait eu un groupe londonien, les Damned. Puis le choc, au Lyceum, avec un nouveau groupe, les Sex Pistols. Leur chanteur, Johnny Rotten, beuglait comme un bébé abandonné en écrasant ses cigarettes sur sa main. Damian était devenu complètement fou ce soir-là. Il avait pogoté toute la nuit en hurlant à la mort. Il avait enfin trouvé son héros, un Irlandais fêlé comme lui, un prolo énervé qui n’avait peur de rien ni de personne…

Grâce à son job dans une épicerie pakistanaise, Peter avait des tarifs de gros sur les bières. Solo avait toujours de l’herbe jamaïcaine et Damian fournissait le speed, qu’il achetait pour rien dans la rue ou qu’il fabriquait avec des produits en vente libre. Ensuite, chargés jusqu’aux oreilles, ils écumaient les boîtes et les clubs. Ils s’étaient fait des biceps en titane à force de porter le fauteuil roulant de Solo dans le métro. Après les concerts, en attendant le premier métro, ils traînaient dans les clubs homos, les seuls endroits où l’on passait de la bonne musique et où personne ne venait les chercher à cause de leur dégaine.

Puis, fin août, une autre bombe musicale avait éclaté dans l’arène : un festival punk dans un vieux cinéma pourri, avec les Sex Pistols, les Clash et les Buzzcocks, un groupe de Manchester. Le public commençait à ressembler à quelque chose de plus consistant qu’une meute de jeunes délinquants. Avec Damian et Solo, ils étaient allés dans les coulisses, au flan. Personne ne leur avait barré la route.
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Les Dead Rats étaient nés, et depuis, la roue tournait de plus en plus vite. Ils dormaient quelques heures par nuit. ...
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Peter n’eut pas le temps d’hésiter. Il allongea la jambe et heurta le tibia du gros type qui arrivait à sa hauteur. D’un geste du coude, il l’envoya valser dans les partitions et fonça à son tour vers la porte, les yeux fixés sur le manche de la Telecaster qui dansait dans les bras de Damian à quelques mètres de là. Il rejoignit son copain au moment où il arrivait au niveau de la porte vitrée. Ils émergèrent d’un bond dans la rue. Peter se retourna et aperçut, derrière la vitrine, le vendeur plié de douleur qui agitait les bras en ouvrant la bouche comme un noyé.

– Cours ! hurla-t-il à Damian qui peinait déjà à reprendre son souffle.

Celui-ci se lança à fond de train dans King’s Road, en direction de Chelsea.

Un groupe de filles jacassaient devant une vitrine, sans prêter attention à ces deux types qui fonçaient sur elles. Sans cesser de courir, Damian dirigea le manche de la guitare dans leur direction et fit claquer sa langue dans un bruit de fusil-mitrailleur. Elles s’écartèrent en poussant des piaillements et l’une d’elles heurta Peter. Il s’arrêta une seconde, le souffle coupé, les oreilles trouées par les hurlements du vendeur qui avait fini par s’extraire du magasin.
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Si toutes les sociétés sont fondées sur la répression, alors l’Angleterre est au sommet de la civilisation occidentale.

Sigmund Freud, psychanalyste

On vit dans la camelote. Tout ce qu’on a, c’est ce que d’autres ont mis à la poubelle.

Joe Strummer, chanteur des Clash
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Je me suis dit que les Sex Pistols ne pouvaient pas durer, qu'ils avaient allumé une poudrière dont ils seraient les premières victimes.
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- Ce mec, continua-t-il, cet artiste comme tu dis, a exposé un chiotte... Et je suis censé penser quoi ?
Il se recula d'un mètre et observa de nouveau "l’œuvre d'art", les mains dans les poches.
- Que l'art, c'est là où on dépose sa merde ? Que la merde, c'est de l'art ? Que les merdeux qui font de l'art se payent ma tronche ?
- C'est punk, voilà tout, répondit Marie, lapidaire. (p. 77)
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