Krishna et Radha - Extrait du Vasanta Ragini - École du Mewar - Fin XVI siècle
"Manuscrit du XVe siècle, dans lequel l'illustration apparaît pour la première fois en pleine page.
Principalement consacrées à Krishna et à l'amour, ces illustrations, libérées du cadre étroit du manuscrit, traduisent une véritable ivresse d'inspiration ; le peintre y rompt avec un passé qui ne convenait plus à l'expression des temps nouveaux. (...) les créations du Mewar nous frappent par leur air d'extraordinaire jeunesse.
On a le sentiment que l'artiste naît à la liberté des formes et des couleurs.
Sur des fonds bleu de nuit, rouge sombre ou vert, posés en aplat sur toute la surface de la page ou morcelés par des architectures stylisées, se silhouettent des personnages au dessin schématique.
Les femmes portent des jupes et des corsages éclatants, la tête et le buste sont drapés dans le orhni, cette écharpe transparente qui donne ici prétexte à de ravissantes arabesques.
Malgré une ligne un peu hiératique, les attitudes sont pleines de spontanéité et de fantaisie.
Un certain naturalisme reprend ses droits à travers l'observation attendrie des hommes et de la nature.
Un climat de tension lyrique baigne ces œuvres."
Nicole Ménant - L'art indien
(page 72)
Le rythme : clé de voûte de l'art indien
La métaphysique et les diverses religions et philosophies du sous-continent sont fondées sur la notion du samsara, perpétuel recommencement des choses, auquel sont indistinctement soumis les trois règnes et jusqu'aux univers et aux dieux.
Le rythme est l'expression synthétique et poétique de cette gigantesque récurrence. (...) C'est aussi à travers la croyance au samsara qu'il faut comprendre le naturalisme et l'idéalisme de cette peinture.
Par ses transmigrations successives l'homme est lié au monde animal, il l'observe donc avec égard et une certaine connivence ; en outre, redoutant l'action qui retient l'être à la roue du karma, il se tourne vers la contemplation passive de la nature propice à la méditation, au détachement et à l'union avec le divin.
(Nicole Ménant)
(page 51)