Citations sur Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran (357)
Pour un homme normal, comme toi et moi [...], ta beauté, c'est celle que tu trouves à la femme.
Nous avions plein de jeux. Il me faisait entrer dans les monuments religieux avec un bandeau sur les yeux pour que je devine la religion à l'odeur.
- Ici ça sent la cierge, c'est catholique.
- Oui, c'est Saint-Antoine.
- Là, ça sent l'encens, c'est orthodoxe.
- C'est vrai, c'est Sainte-Sophie.
- Et là ça sent les pieds, c'est musulman. Non, vraiment là, ça pue trop fort...
- Quoi ! Mais c'est la mosquée Bleue ! Un endroit qui sent le corps ce n'est pas assez bien pour toi ? Parce que toi, tes pieds, ils ne sentent jamais ? Un lieu de prière qui sent l'homme, qui est fait pour les hommes, avec des hommes dedans, ça te dégoûte ? Tu as bien des idées de Paris, toi ! Moi, ce parfum de chaussettes, ça me rassure. Je me dis que je ne vaux pas mieux que mon voisin. Je me sens, je nous sens, donc je me sens déjà mieux.
- Pourquoi est-ce que tu ne souris jamais, Momo ? me demanda monsieur Ibrahim.
Ça, c'était un vrai coup de poing, cette question, un coup de vache, je n'étais pas préparé.
- Sourire, c'est un truc de gens riches, monsieur Ibrahim. J'ai pas les moyens.
Justement, pour m'emmerder, il se mit à sourire.
- Parce que tu crois que, moi, je suis riche ?
- Vous avez tout le temps des billets dans la caisse. Je connais personne qui a autant de billets devant lui toute la journée.
(...)
- M'sieur Ibrahim, quand je dis que c'est un truc de gens riches, le sourire, je veux dire que c'est un truc pour les gens heureux.
-Eh bien, c'est là que tu te trompes. C'est sourire, qui rend heureux.
Le non, on l'a déjà dans notre poche, Momo. Le oui, il nous reste à l'obtenir.
— Ah non, pas l’autoroute, Momo, pas l’autoroute. Les autoroutes, ça dit : passez, y a rien à voir. C’est pour les imbéciles qui veulent aller le plus vite d’un point à un autre. Nous, on fait pas de la géométrie, on voyage. Trouve-moi de jolis petits chemins qui montrent bien tout ce qu’il y a à voir.
"Soufisme : courant mystique de l'islam, né au VIIIème. Opposé au légalisme, il met l'accent sur la religion intérieure." ...
... Enfin, le soufisme n'était pas une maladie mais une façon de penser - même s'il y a des façons de penser qui sont aussi des maladies, disait souvent monsieur Ibrahim...
... De tout ça, il ressortait que monsieur Ibrahim avec sa Suze anis croyait en Dieu à la façon musulmane, mais d'une façon qui frisait la contrebande, car "opposé au légalisme, et ça, ça m'a donné du fil à retordre
- Lorsque l'on veut apprendre quelque chose, on ne prend pas un livre. On parle avec quelqu'un. Je ne crois pas aux livres.
- Pourtant, monsieur Ibrahim, vous-même, vous me dites toujours que vous savez ce...
- Oui, je sais ce qu'il y a dans mon Coran...
p 41
- Tu es poli pourtant, Momo ?
- Bien obligé, sinon je reçois des baffes.
- Poli, c'est bien. Aimable, c'est mieux. Essaie de sourire, tu verras.
- Une échelle a été mise devant nous pour nous évader, Momo. L'homme a d'abord été minéral, puis végétal, puis animal ça, animal, il ne peut pas l'oublier, il a souvent tendance à le redevenir, puis il est devenu homme doué de connaissance, de raison, de foi. Tu imagines le chemin que tu as parcouru de la poussière jusqu'à aujourd'hui ? Et plus tard, lorsque tu auras dépassé ta condition d'homme, tu deviendras un ange. Tu en auras fini avec la terre. Quand tu danses, tu en as le pressentiment.
- Mouais. Moi, en tout cas, je ne me souviens de rien. Vous vous rappelez, vous, monsieur Ibrahim, avoir été une plante ?
Avec monsieur Ibrahim, je me rendais compte que les juifs, les musulmans et même les chrétiens, ils avaient eu plein de grands hommes en commun avant de se taper sur la gueule.