Timothy et moi partîmes à la recherche de Ralph et de Matthew, laissant des instructions strictes aux écuyers servants : il fallait que l'un d'eux soit constamment présent auprès de Sa Grâce. Avec une belle unanimité, ils baissèrent leur nez patricien et murmurèrent quelques propos vengeurs où il était question que Tim et moi nous mêlions plutôt d'apprendre à nos grand-mères à rassembler les canetons et o conduire les oies au pré. Nous partîmes certains qu'ils ne manqueraient pas à leur devoir.
Aussi menue que son époux était fort, elle avait des traits délicats et des yeux doux et bruns, comme ceux d’un oiseau. Elle me regarda craintivement avant de repérer ma balle que je posai à mes pieds.
— Une bolée de pieds de cochon en sauce, répondis-je, sans qu’elle parût enregistrer ma commande.
— Tu es colporteur, fit-elle observer. C’est mon jour de chance : je viens de finir ma bobine et j’ai cassé ma dernière aiguille… En aurais-tu ?
- Et qu’est-ce que j’peux offrir à un grand gars comme toi ? m’interpella-t-il sur le mode plaisant. J’dirais volontiers qu’à un estomac comme le tien, faut pas lui en conter !
- Je sens d’ici l’odeur de pieds de cochon en sauce, répondis-je. Une pleine bolée ferait mon affaire