« Y a-t-il un logement pour moi, pour ces mioches et pour mon chien ? demanda-t-il.
- Je loge les hommes, mais pas les bêtes, répondit l’aubergiste.
- Alors vous n’aurez ni l’homme ni sa suite », dit Moutier en continuant sa route.
« Courage, mon ami, [dit le général Dourakine à Dérigny]. Je suis là, moi ; j’arrangerai votre vie comme j’ai arrangé celle de Moutier ; vous aurez vos enfants et encore du bonheur devant vous. » (p. 171, Chapitre 22, “La Noce”).
Il faisait froid, il faisait sombre; la pluie tombait fine et serrée; deux enfants dormaient au bord d'une grande route, sous un vieux chêne touffu: un petit garçon de trois ans était étendu sur un amas de feuilles; un autre petit garçon, de six ans, couché jeunes; un autre petit garçon, de six ans, couché à ses pieds, les lui réchauffant de son corps; le petit avait des vêtements de laine, communs, mais chauds; ses épaules et sa poitrine étaient couvertes de la veste du garçon de sis ans, qui grelottait en dormant; de temps en temps ps un frisson faisait trembler son corps : il n'avait pour tout vêtement qu'une chemise et un pantalon à moitié usés; sa figure exprimait la souffrance, des larmes à demi séchées se voyaient encore sur ses petites joues amaigries. Et pourtant il dormait d'un sommeil profond; petite main tenait une médaille suspendue à son cou par un cordon noir; l'autre main tenait celle du plus jeune entant; il s'était sans doute en dormi en la lui réchauffant. Les deux enfants se ressemblaient, ils devaient être frères; mais le petit avait dû souffrir ni du froid ni de la faim comme son frère aîné.
Les pauvres enfants dormaient encore quand, au lever du jour, un homme passa sur la route, accompagné d'un beau chien, de l'espèce des chiens
du mont Saint-Bernard.
....
PAUL.
Et le bon Capitaine, qu’est-il devenu ?
MOUTIER.
Capitaine est mort en brave, au siège de Sébastopol, la tête emportée par un boulet, en montant une garde avec moi par vingt degrés de froid.
JACQUES.
Pauvre Capitaine ! J’espérais bien le revoir. »
Il faisait froid, il faisait sombre ; la pluie tombait fine et serrée ; deux enfants dormaient au bord d'une grande route, sous un vieux chêne touffu : un petit garçon de trois ans était étendu sur un amas de feuilles ; un autre petit garçon, de six ans, couché à ses pieds, les lui réchauffant de son corps ; le petit avait des vêtements de laine, communs, mais chauds ; ses épaules et sa poitrine étaient couvertes de la veste du garçon de six ans, qui grelottait en dormant; de temps en temps un frisson faisait trembler son corps : il n'avait pour tout vêtement qu'une chemise et un pantalon à moitié usés; sa figure exprimait la souffrance, des larmes à demi séchées se voyaient encore sur ses petites joues amaigries.
L’HOMME.
Pourquoi êtes-vous seuls ici tous les deux ?
L’ENFANT.
Parce que maman est morte et papa a été pris
par les gendarmes, et nous n’avons plus de
maison et nous sommes tout seuls.
L’HOMME.
Pourquoi les gendarmes ont-ils emmené ton
papa ?
L’ENFANT.
Je ne sais pas ; peut-être pour lui donner du
pain ; il n’en avait plus
« Comme c’est amusant de voyager ! dit
Jacques.
LE GÉNÉRAL.
Veux-tu que je t’emmène ?
JACQUES.
Je voudrais bien si vous pouviez emmener
aussi M. Moutier, Paul, maman et ma tante