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Citations sur Croix de cendre (126)

Les déviances qui séduisaient les pauvres étaient bruyantes et faciles à écraser, elles entraînaient des foules dont les cris grésillaient bien dans les flammes, mais aucun son ne s'échappait des cabinets secrets des érudits qui étudiaient sa pensée malsaine. Elle diffusait lentement par le haut. Ses racines étaient au ciel du monde, trop hautes pour être tranchées. Jamais un homme ne lui avait paru plus dangereux. Les mots... les mots d'Eckhart cachaient leur corruption. Ils n'infectaient pas l'esprit comme les remords ou les souvenirs honteux qui tournent en roues dans nos profondeurs. Leurs miasmes ne se formaient pas sur les marécages et sur les lieux de pourriture. La mort ne les accompagnait pas et ils ne terrifiaient personne. Ils ensorcelaient. Leurs vapeurs montaient subtilement pour éveiller un désir luxurieux. Leur charme était celui des ribaudes qui vous mènent sur les chemins de damnation. Les mots d'Eckhart avaient une telle beauté, pensait l'inquisiteur, leur peau une telle douceur, leur parfum vous enlaçait, irrésistible. Ils excitaient les désirs les plus enfouis, plus voluptueux que ceux du corps. Ils troublaient l'âme. Ils l'attiraient comme le chant des sirènes pour la fracasser ou l'engloutir dans les illusions de l'union divine.

Au temps de la grande pestilence, les rats annonçaient l'arrivée du mal, leurs cohortes fuyaient devant l'ennemi invisible avant d'être anéanties. Les mots promettaient une épidémie plus dévastatrice. La peste des rats tuait les créatures mais épargnait Dieu.
La peste d'Ekhart le tirait vers la terre, le coupait du ciel en le rendant a portée d'homme, autrement dit à portée d'arme. Sans la distance de majesté, le cœur de Dieu était ouvert. Il suffisait de l'ajuster.
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Guillaume retrouvait dans sa mémoire les mots du livre sacré des béguines que Mathilde citait souvent "Désencombre", disait Le Miroir¹. "Désencombre cette âme de toute opération, le parler l'endommage, la pensée l'enténèbre." Désencombre-toi, Guillaume, désenténèbre-toi...
L'horizon redevenait clair autour d'une lune à moitié pleine. Il respira l'air en fermant les yeux, rêvant aux quelques morceaux d'azur qui y flottaient encore. Le bleu ne disparaissait pas avec la nuit, il s'y diluait comme une poudre dans les flux qui nourrissaient les poumons des hommes. Un peu de ciel traversait donc son corps fatigué
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"C'est la peste qui a redressé la chrétienté. Aucun de nos châtiments, aucune de nos tortures n'auraient pu terrifier les pêcheurs à ce point. Depuis, le peuple fait pénitence."
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— On se gèle les couilles, frère Antonin.
— Ce ne sont pas des paroles de moine.
— Ce ne sont pas les paroles qui font le moine, mais la vérité… et la vérité c’est qu’on se gèle les couilles.
— Il fait effectivement très froid.
— « Effectivement très froid… » C’est sûr, on n’a pas été élevés dans les mêmes étables, frère Antonin. Maudit froid d’Anglais.
— Je dirais plutôt « froid de Franciscain ».
— Ces merdeux.
— Arrête, Robert.
— Heureusement, Dieu les protège pas plus que nous et donne bonne récompense à leurs leçons de misère. Hiver maudit mais juste, on dit qu’ils crèvent comme des sauterelles, sous la bénédiction de leur chère mère nature, cette cargne…
— Dépêche-toi, on est en retard.
— On serait pas en retard si t’avais pas traîné une heure aux latrines.
— Mes intestins.
— C’est vrai que la bouffe est dégueulasse.
— C’est toi qui la prépares…
— Je peux pas faire de miracles avec ce qu’on me donne. Je suis pas Jésus, Antonin, je peux pas changer le purin en liqueur de rose.
— Écoute… On nous appelle.
— Putain, le sacristain !

(Incipit)
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Dans la mémoire du prieur Guillaume, les souvenirs formaient des croix, plantées sur les dépouilles des actes qu’il avait laissés s’accomplir. Le temps les avait brûlées, mais les croix marquaient leur place. Toutes les mémoires étaient recouvertes de croix de cendre, de grands cimetières d’actes dont l’oubli avait emporté les ombres. Chacun pouvait prétendre renier leur existence. Mais les croix demeuraient, elles prouvaient qu’on ne décidait pas du destin de nos actes et qu’aucune trace ne s’effaçait jamais de la surface de la terre.
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Dieu ne vient que s'il trouve un lieu sans désir.
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Je prie pour que Dieu ne me donne rien. C'est cela qu'il faut attendre , Guillaume . Si Dieu donne du néant, il donne le juste prix de la prière.
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La vie est sèche, Antonin, c’est pour ça qu’il faut pleurer dessus. Pour qu’on puisse y faire pousser quelque chose.
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Les hommes ressemblaient aux loups que la pestilence avait rendu plus nombreux et plus redoutables. La famine et le froid avaient ramassé la faux que la maladie avait abandonnée et tuaient maintenant autant qu'elle.
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Il était écrit qu’aucun juif ni aucun Turc ne connaîtrait la fin du monde en Europe, tant on les massacrait pour les priver d’apocalypse.
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