Je prie pour que Dieu ne me donne rien. C'est cela qu'il faut attendre, Guillaume. Si Dieu donne du néant, il donne le juste prix de la prière.
Voilà bien le monde, se disait Antonin, un grand orphelinat où on passait son temps à se demander pourquoi on avait été abandonné. Quand à la nature, Dieu l'avait créé en oubliant la tendresse en route, elle aimait "dur", si elle avait un cœur, ce dont on pouvait douter.
(...) rien ne guérit la peste. Même le sacrifice des juifs est inutile. Plus on les brûle et plus le mal se répand.
Ce qui détournait le regard des filles n'avait rien à voir avec les habits ou la bonne mine, Ce qui les détourne de nous, c'est la honte de soi.
Mais ils savaient que l'Inquisition n'avait que faire des actes que l'on commettait et chassait plutôt les pensées mauvaises qu'elle découvrait par clairvoyance.
Les ordres mendiants mendient, petit frère. Pour recevoir les aumônes, il faut des bourses qui les donnent. Tu ne verras jamais de couvents de mendiants dans des coins de misère.
Il était écrit qu'aucun juif ni aucun Turc ne connaîtrait la fin du monde en Europe, tant on les massacrait pour les priver d'apocalypse.
Toutes les mémoires étaient recouvertes de croix de cendre, de grands cimetières d'actes dont l'oubli avait emporté les ombres. Chacun pouvait prétendre renier leur existence. Mais les croix demeuraient, elles prouvaient qu'on ne décidait pas du destin de ses actes et qu'aucune trace ne s'effaçait jamais de la surface de la terre.
(...) Il semblait aimer personne, prouvant ainsi que l'amour du prochain n'était pas une condition nécessaire pour exercer le métier de moine.
Nous regardions tous le ciel d’où s’abattaient les morts. Ils semblaient venir de loin, de l’éther où volent pourtant les anges, mais l’enfer était monté aux cieux.