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Citations sur Lettres à Lucilius (130)

Méprisons les richesses, ce salaire de tant d'esclavages.
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EXTRAITS SUR LE SUICIDE

* Mourir un jour, quand tu ne le voudrais pas, voilà ton obligation : mourir dès que tu le voudras, voilà ton droit.

* L’important est de mourir noblement, en sage, en homme de cœur. Songe que de temps passé à ne faire que la même chose : la table, le sommeil, les femmes, voilà le cercle où roule la vie. Et on peut vouloir mourir sans avoir grande sagesse ni grand courage, ou sans être fort malheureux ; il suffit qu’on s’ennuie de vivre.

* Souvent le devoir nous dit de mourir, et nous résistons ; la nature nous y force, et nous résistons. Nul n’est stupide au point d’ignorer qu’il doit un jour cesser d’être ; pourtant, approche-t-il de ce jour, il tergiverse, il tremble, il gémit. La vie, pour qui n’ose mourir, est un esclavage. Et qu’as-tu qui t’oblige d’attendre ? Les plaisirs qui t’arrêtent, qui te retiennent, tu les as épuisés. Il n’en est plus qui soit nouveau pour toi, plus qui ne te rebute par la satiété même.

* Il est doux d’être avec soi-même le plus longtemps possible, quand on s’est rendu digne de jouir de soi. Nous chercherons toutefois si cet âge qui couronne la vie en est pour nous la lie, ou bien la partie la plus limpide et la plus pure, quand du moins l’âme n’est pas flétrie, quand les sens, dans leur intégrité, prêtent force à l’intelligence, et que le corps n’est point ruiné et mort avant le temps. Grande est en effet la différence entre une longue vie et une mort prolongée. Mais si le corps est impropre au service de l’âme, pourquoi ne pas tirer celle-ci de la gêne ? Et peut-être faut-il le faire un peu avant d’y être obligé, de peur que l’obligation venue on ne le puisse plus ; et comme l’inconvénient est plus grave de vivre mal que de mourir tôt, c’est folie de ne pas racheter au prix de quelques instants la chance d’un grand malheur. Peu d’hommes arrivent par une longue vieillesse à la mort sans que le temps leur ait fait outrage ; la vie de beaucoup s’est usée dans l’inaction sans profit pour elle-même. Est-il bien plus cruel, penses-tu, de perdre quelque peu d’une vie qui, en dépit de tout, doit finir ? Ne m’écoute point avec répugnance, comme si l’arrêt te concernait ; mais pèse bien mes paroles. Je ne fuirai point la vieillesse, si elle doit me laisser tout entier à moi, tout entier dans la meilleure partie de mon être ; mais si elle vient à saper mon esprit, à le démolir pièce à pièce, si elle me laisse non plus la vie mais le souffle, je m’élancerai hors d’un édifice vermoulu et croulant. Je ne me sauverai point de la maladie par la mort, si la maladie n’est pas incurable et ne préjudicie pas à mon âme ; je n’armerai pas mes mains contre moi pour échapper à la douleur : mourir ainsi c’est être vaincu. Mais si je sais que je dois souffrir perpétuellement, je m’en irai non à cause du mal, mais parce qu’il me serait un obstacle à tout ce qui fait le prix de la vie. Faible et pusillanime est l’homme qui meurt parce qu’il souffre ; insensé qui vit pour souffrir.

* Mourir plus tôt ou plus tard est indifférent ; bien ou mal mourir ne l’est pas. Or, bien mourir c’est nous soustraire au danger de mal vivre.

* Un voyage est inachevé si l’on s’arrête à mi-chemin ou en deçà du terme où l’on tend ; la vie n’est point inachevée, si elle est honnête. N’importe où elle finit, si elle finit bien, elle est complète. Mais souvent il faut avoir le courage de finir, même sans motifs bien puissants ; sont-ils bien puissants ceux qui nous retiennent ?

* « Tant que la vie lui reste, l’homme peut tout espérer. » Cela fût-il vrai, la vie doit-elle s’acheter à tout prix ? Irai-je songer que la Fortune peut tout pour celui qui vit encore ? Pensons plutôt qu’elle ne peut rien contre qui sait mourir. Si je puis opter entre une mort compliquée de tortures et une mort simple et douce, pourquoi ne prendrais-je pas cette dernière ? Et de même que la vie n’en est pas meilleure pour être plus longue, la mort la plus longue est la pire de toutes. Attendrai-je les rigueurs de la maladie ou des hommes, quand je puis me faire jour à travers les tourments et balayer les obstacles ? La mort est la chose où l’on doit le plus agir à sa fantaisie : l’âme n’a qu’à suivre son premier élan : préfère-t-elle le glaive, le lacet ou quelque breuvage propre à glacer les veines, qu’elle achève son œuvre et brise les derniers liens de sa servitude. Les expédients ne sauraient manquer pour mourir là où le courage ne manque pas. On doit compte de sa vie aux autres, de sa mort à soi seul. La meilleure est celle qu’on choisit. Le grand motif pour ne pas nous plaindre de la vie, c’est qu’elle ne retient personne.

* Un des grands bienfaits de l’éternelle Loi, c’est que pour un seul moyen d’entrer dans la vie, il y en a mille d’en sortir.

* Tout est bien dans les choses humaines dès que nul ne reste malheureux que par sa faute. Vous plait-il de vivre ? vivez donc ; sinon vous êtes libres : retournez au lieu d’où vous êtes venus. […] Il est inique de vivre de vol ; mais voler sa mort est sublime.
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On a appris la sagesse si l'on meurt aussi dénué de soucis qu'en naissant ; mais, en réalité, nous tremblons lorsque le danger est proche, nous perdons notre force d'âme, nous perdons nos couleurs, tombent des larmes qui ne serviront à rien. Qu'y a-t-il de plus honteux que d'être inquiet au seuil même d'un état sans souci ?
Or en voici la raison : nous sommes dépourvus de tous les biens, nous souffrons d'avoir gâché notre vie. Pas une seule de ses parties, en effet, ne s'est déposée à nos côtés, on l'a laissée passer et elle s'est écoulée.
Personne ne se soucie de vivre bien mais de vivre longtemps, alors qu'il est accessible à tout le monde de vivre bien - de vivre longtemps, à personne. Porte-toi bien.
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Je ne partage pas le sentiment de ceux qui vont au milieu des vagues et qui, donnant leur approbation à une vie pleine d'alarmes, mettent une grande force d'âme à se colleter chaque jour avec les difficultés pratiques. Le sage les supportera, ne les choisira pas, et il préférera être en paix plutôt qu'en lutte ; il n'est guerre profitable d'avoir rejeté ses vices s'il faut batailler avec ceux d'autrui.
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Loin d'avoir à craindre la mort, on doit son bienfait de n'avoir rien à craindre.
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Il est sot, sans aucun doute, sous prétexte qu'un jour ou l'autre tu seras malheureux, d'être déjà malheureux.
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Les vœux de la Nature ont leurs limites, et celles que l'imagination trompeuse fait naître n'ont pas où s'arrêter ; car le domaine de l'erreur est sans borne.
Qui suit le droit chemin arrive au but; qui le perd s'égare à perpétuité. Fuis l'illusoire, et quand tu voudras savoir si ton désir est naturel ou suggéré par la passion aveugle, vois s'il a quelque part son point d'arrêt. Quand, parvenu déjà loin, il lui reste toujours à pousser au-delà, sache qu'il est contre nature.
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Personne ne se soucie de bien vivre , mais de vivre longtemps, alors que tous peuvent se donner le bonheur de bien vivre, aucun de vivre longtemps.
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Hâte-toi de bien vivre, et songe que chaque jour est une vie.
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Le vrai bonheur est en nous et non dans des choses extérieures.
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