AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de lan.. (27)

Tu m'as dit : Ecoute mon ami, lointain et sourd, le grondement précoce de la tornade comme un feu roulant de brousse.

L.S. Senghor, "Chant du printemps"
Commenter  J’apprécie          10
Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 12

Vers toi je me surprends à crier :
Je te reviens, Terre natale !
Je te reviens rayonnant comme l ’Annoncier de la paix, comme le
  Guerrier
de la Victoire !
Le butin réjouira tes entrailles, vieille Terre de flamme :
L’Amour total ! l’Amour vivant de la femme !

Sur les chemins du retour nous avons mêlé nos deux voix.
Elles ont retrouvé toutes seules le rythme augural d’autrefois !
Toutes seules retrouvé les couplets de l’unique épithalame !
Toutes seules alterné
les refrains de tes filles puisant l’eau claire à la fontaine du Vieux bourg.

Blanche, blanche, l’orchidée au col de la colline d’Alassour !
La pivoine embrase les sentiers sous les feux des couleurs immémoriales
La Sarcelle verte rejoint les roseaux murs du Maningour !
Et la brise du Sud trouble l’étang virginal d’une confidence d’Amour.
Tu viendras, Sœur pâle, au pays du rêve au bord des sources royales ;
Blanche, blanche l’orchidée au col de la colline d’Alassour !


//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
Commenter  J’apprécie          00
Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 11

Danseront tour à tour autour du Feu sacré les Princesses Célestes
L’ivresse du tam-tam affranchira ton cœur de tous ennuis funestes.
Epouse exorcisée avec l’eau de l’aurore, Astre d’un grand Seigneur,
tu laisseras ta voix rayonner, lumineuse, en la lice attentive.

Et les roses d’Imangue et les lis d’Iarive
et les plus rouges fleurs aux abords du Tritive
de couronner ta tête et orner ton manteau s’arracheront l’honneur !

Bien simples nos mystères et ne sont point farouches.
Mais
quel feu sort de la terre et dévore au loin les flancs rocheux du Karthala ?
Dans les gorges du Manamboule voir l’arc-en-ciel aux sept bouches !

Trop vieille es-tu, trop vieille, Europe, pour renaître à ces choses-là.

Mais prodige évident, celui-ci : brûle moins le volcan du Nord que le désir
  au fond de nos couches,
Ô Bien-Aimée !
Et mieux que tous les fleuves du Monde, mieux que toutes les sources,
  que toutes les liqueurs,
ta cruche en terre sèche
contient l’eau scellée et l’eau fraîche
qui, seule, désaltère les Dieux et berce la soif des Vainqueurs !

Par ce soir où s’égrène en mineur le Chant de la Flûte en bambou,
  du Songe nyctalope,
Le regret m’étreint du sol rouge où fleurit le tendre héliotrope !...


//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
Commenter  J’apprécie          00
Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 9

Là-bas, c’est le soleil ! C’est le bel été, caressant et tragique !
C’est l’homme au cœur plus vrai que l’acier le plus pur !
Et c’est la race enfant, chantante et pacifique,
pour avoir vu le jour aux bords harmonieux du Pacifique.
Et sur la natte neuve, au milieu des encens et de rares parfums,
ma mère t’apprendra le saint culte des Morts, la prière aux défunts.
Et t’apprendront mes sœurs, après le bain du soir et les rondes
  mystiques,
mes sœurs, Vierges d’Assoumboule et Filles de devins,
t’apprendront le secret des paroles magiques
pour envoûter les cœurs des princes nostalgiques.

Et tu l’aimeras mon pays,
mon pays où le moindre bois s’illumine de prestiges divins !
Et les montagnes et les lacs et les remparts et les ravins.
Un fût de pierre sur la route, un fût de pierre, tout est sacré, tout
  porte l’empreinte
encore vive des pèlerins captifs du Paradis.



//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
Commenter  J’apprécie          00
Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 7

       Cent et cent mille ans
sont tombés,
dès que nous ont arrachés du sol les frissons des premières fièvres.
Nous nous sommes reconnus soudain, sans possibilité d’erreur,
Frère et sœur dans la profondeur de l’être, un dans le miracle de
  l’étreinte
Frère et sœur comme le temps et la Genèse !...
       Puis la brusque terreur
de la mort nous a saisis, liés à jamais par toutes les fibres du désir Folle
   Crainte !
Pur enfant du tourment, de larmes et de sang nourri, l’Amour, nouveau,
grandit, grandit, grandit jusqu’à ta mesure, Eternité !
Altitude ! Abîmes ! Jusqu’au niveau
de l’autonome félicité !
Quelle béatitude, ma sœur ! Quelle grâce nous a comblés !...

       Mais de la couche d’ivresse
me ravit le souvenir, chers Morts, du pacte fait sur vos autels.
La nostalgie
enserre mes reins, ligote ma joie ainsi que fagots de brousse !
  Ô singulière détresse !
Moi, votre Fils,
l’authentique humain, fragile comme verre, étranger m’a jugé l’assemblée
  des mortels.



//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
Commenter  J’apprécie          00
Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 5

J’ai mesuré
d’un pas ferme l’étendue de l’ Univers. Rien n’a pu satisfaire ma grande
  quête d’amour
ni calmer mon mal invétéré.
Trop pure l’exigence de mon sang, du sang terrible dont vous avez fécondé
  mes veines
Et mon âme jouait d’indifférence et mon cœur était demeuré sourd
aux ruses de la fée, aux appels enchanteurs des sirènes !
Des douces sirènes, pourtant,
des douces sirènes aux voix vaines
Comme les filles du vent dans la baie houleuse d’Antongil…

Mon orgueil
florissait aussi sûr, aussi bleu qu’au milieu de l’Océan la fermeté de
  la Grande Île
Mais la rencontre décisive, ô mes Aïeux, a frappé sans retour,
comme la foudre l’herbe tendre de la savane,
a frappé sans retour la face éclatante du soleil d’hier.

Mer de flamme et de pourpre dans la nuit
la forêt où s’est abattu le feu du ciel. Ma chair
vive
n’est plus qu’incandescence ! De la racine à la fleur de tout l’être, je
  brûle, calciné ! Je tremble, liane
livrée aux jeux du cyclone, aux caprices fous du Cancer.
Ma gorge,
haletante comme l’athlète nordique, comme le coureur du désert,
qui s’abreuve au puits des Dieux, dans l’Oasis diaphane.



//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
Commenter  J’apprécie          00
Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 2

Des quatre points de l’horizon, pourtant
s’élèvent
les sons de la trompette et les courbes de tes hautes mélodies,
Ô Paix !
Fille de la terre douloureuse !
Image de l’Aimée et miel du printemps sur les rives bleues
  d’Assousiel.

Qu’importe l’éclat de l’asphalte et du marbre ! Fables de vos cités
  sonores !
Plus rapide
que l’éclair et les battements de tes cils s’écroulent gloire et palais.
De la flamme,
du sable,
tout est proie : il n’est rien ici que les mains du temps ne déshonorent.

La Faux
marque sans rémission
la face du héros et le dos des fuyards,
les reins du prince et des valets !

Pleure tes fils, Europe ! Pleure !
Les plus rares fleurs du sol et le sel et les prémices de la vie
tombent…
        Planent
sur les plaines rouges les corbeaux de la nuit, veilleurs de tombeaux.
L’ouragan tonne !
        Où donc la plénitude de l’Eté ? L’extase de la saison ravie ?

L’allégresse exaltante du Printemps, le bal de minuit sous le faste des
  flambeaux !

        Où donc la plénitude de l’Eté ?



//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (73) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1227 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}