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Citations sur Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de lan.. (27)

Pour sûr.

« Pour sûr j’en aurai
Marre
Sans même attendre qu’elles prennent
Les choses l’allure
D’un camembert bien fait

Alors je vous mettrai les pieds dans
Le plat
Ou bien tout simplement la main au collet
De tout ce qui m’emmerde
En gros caractères
Colonisation
Civilisation
Assimilation et la suite

En attendant vous m’entendrez
Souvent
Claquer la porte »

Pigments.
Léon-G. Damas
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Lune.

Sur la paume des papayers, à l'aisselle nue des bancouliers, pèse la fluence de la lune, et les grands arbres noirs ordonnancent l'ombre au flanc des routes de l'avenir. Un concile de moustiques hallucinés, irritant les buissons hantés de brume très lucide, émet incessamment ses ordres de recettes, et tremble le reflet d'argent au fond du ciel palustre, à cette indiscrète présence... Et mon cœur convulsif, trahi par tout ce mercure pâle coulant au centre de cette Afrique, dirai-je aujourd'hui même mes grandes souffrances d'ailleurs ? Le frémissement d'angoisse bleue qui fréquentait mon sein à cette transparence d'yeux où je couvrais l'absence ; l'intensité, la vanité de ma créance où tu lassas ta force espoir, et cette solitude par après, nul ne les a connus - nul - ni elle...
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" Qu’est-ce donc que vous espériez, quand vous ôtiez le bâillon qui fermait ces bouches noires ?Qu’elles allaient entonner vos louanges ? Ces têtes que nos pères avaient courbées jusqu’à terre par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient, lire l’adoration dans leurs yeux ? Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d’être vus. Car le blanc a joui trois mille ans du privilège de voir qu’on le voie ; il était regard pur, la lumière de ses yeux tirait toute chose de l’ombre natale, la blancheur de sa peau c’était un regard encore, de la lumière condensée. L’homme blanc, blanc parce qu’il était homme, blanc comme le jour, blanc comme la vérité, blanc comma la vertu, éclairait la création comme une torche, dévoilait l’essence secrète et blanche des êtres. Aujourd’hui ces hommes noirs nous regardent et notre regard rentre dans nos yeux ; des torches noires, à leur tour, éclairent le monde et nos têtes blanches ne sont plus que de petits lampions balancés par le vent. " Orphée Noir - Sartre
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Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 10

Là-bas, rien n’est stérile et le tombeau lui-même à l’angle de
  l’ Enceinte
engendre des bonheurs chaque jour inédits,
nouveaux comme l’aurore et, comme le désir, sans cesse renaissants
  et toujours agrandis !

Et puis quand on a bu l’eau du Manangarèze,
qu’était-ce du Lethé le sortilège vain ?
Montparnasse et Paris, L’Europe et ses tourments sans fin
nous hanterons parfois comme des souvenirs ou comme des
  malaises.
Aux derniers cris des Continents,
insensibles nos cœurs renés à la ferveur des hautes solitudes,
ivres de songes seuls, double offrande lyrique au vent des Altitudes
et gardiens de la source où rutile la paix des Astres éminents.

Et tu préfèreras la douceur d’une fraise, oh, d’une simple fraise
cueillie au petit jour au creux de nos falaises,
quand nous aurons rêvé sur le Manangarèze !...
Tu t’émerveillera de voir des oiseaux blancs,
plus blancs que neige et nacre , escorter, vigilants,
des berges de l’Alôtre aux rives de l’Ikoupe,
la génisse nomade aux yeux de pleine lune aussi beaux qu’une coupe.

Et, vois-tu, le long des buissons, les fiers taureaux aux lentes marches,
graves comme des rois, vénérés comme des patriarches!
Pour célébrer ton nom et consacrer l’éclat de tes hauts attributs,
Un sang riche, ma sœur, arrosera l’autel de nos douze tribus.



//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
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Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vus.
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Ce coeur obsédant qui ne correspond
Pas à mon langage ou à mes costumes
Et sur lequel mordent, comme un crampon
Des sentiments d'emprunt et des coutumes
D'Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D'apprivoiser avec des mots de France
Ce coeur qui m'est venu du Sénégal ?

Léon Laleau, "Trahison"
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Ecoute le message du printemps, d'un autre âge, d'un autre continent,
Ecoute le message de l'Afrique lointaine et le chant
de ton sang !
J'écoute la sève d'avril qui dans tes veines chante.

L.S. Senghor, "Chant du printemps"
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Mais le faisant, mon coeur, préservez-moi de toute haine
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n'ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n'est point par haine des autres races
que je m'exige bêcheur de cette unique race
que ce que je veux
c'est pour la faim universelle
pour la soif universelle
la sommer libre enfin

de produire de son intimité close
la succulence des fruits.
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En fait, la Négritude apparaît comme le temps faible d’une progression dialectique : l’affirmation théorique et pratique de la suprématie du blanc est la thèse ; la position de la négritude comme valeur antithétique est le moment de la négativité. Mais ce moment négatif n’a pas de suffisance par lui même et les noirs qui en usent le savent fort bien, ils savent qu’il vise à préparer la synthèse ou la réalisation de l’humain dans une société sans races. Ainsi la négritude est pour se détruire, elle est passage et non aboutissement, moyen et non fin dernière. (Préface de JP Sartre)
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Lyre à sept cordes
(Cantate)


Extrait 8

Se ferment alors mes yeux lourds. Ni tes merveilles, ni ton culte, fabuleuse
  et froide Europe
Mystère le travail de la neige ! mystère la loi des vains holocaustes, de
  l’obus meurtrier !
Mystère de l’homme de la rue !...
       Et, quand vers leur ciel gris, je tends mes mains avides de prier,
le Regret m’envahit du sol rouge où fleurit le tendre héliotrope !

Là-bas, tout est légende et tout est féerie. Et l’azur
s’anime d’un cristal au ton mythologique.
Douce, la vie est douce à l’ombre du vieux mur
qui vit nos grands Aïeux, Conducteurs de tribus, Fondateurs de royaumes
parés de leur jeunesse épique,
parés de pagnes bigarrés,
parés de gloire et de clarté comme les astres du Tropique.



//Jacques Rabemananjara (1913 – 2005)
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