"N'est-ce pas désespérant d'accepter comme une loi naturelle le fait que les hommes oppriment ceux qui cèdent et ne respectent que ceux qui résistent ?"
Début juillet 1962. Dans un contexte historique violent, trois gamins d'un quartier pauvre d'Oran sont les cibles d'un tueur anonyme. Deux garçons sont éliminés, le troisième reste introuvable. L'inspecteur Abel Helme, sur le point de quitter l'Algérie comme d'autres milliers de français, décide de rester et de mener l'enquête qui l'immerge dans les quartiers populaires européens en plein massacre.
L'ambiance est lourde, poisseuse, électrique, quasi palpable. Elle installe un malaise d'entrée de jeu et plombe un peu l'immersion dans l'histoire.
Je suis très très mitigée. J'ai adoré lire ce livre et pourtant en le refermant... Déception.
J'ai eu l'impression d'être bloquée dans le souvenir flou de l'auteur, sur lequel on a greffé une enquête. Je suis restée sur ma faim.
Je n'ai pas eu le côté polar attendu. J'ai trouvé l'intrigue secondaire, comme un prétexte à raconter
L Histoire. Mais je n'ai pas eu non plus le côté historique recherché.
Le sujet qu'est la guerre d'Algérie a été à mon sens survolé. Je n'ai pas eu l'immersion voulu au coeur du FLN, de l'OAS ou de la situation politique globale. Je n'ai pas eu non plus le plaisir de déambuler dans les rues d'Oran, d'avoir le point de vue des algériens, de découvrir la vie des pieds noirs d'Algérie (étant moi même issue d'une famille de pieds noirs Tunisiens).
Un livre qui m'a cependant touché par son humanité, par la violence racontée (certaines scènes peuvent heurter), par les questions que cela nous amène à nous poser, sur la façon dont
L Histoire nous a été retranscrite. Ce passé peu glorieux aux multiples nuances de gris qui mérite de ne jamais être oublié.
"Il se demanda seulement à qui reviendrait la gloire des armes : à un capitaine dont l'éthique lui commandait de désobéir aux ordres pour sauver des compatriotes ou à un général dont la soumission indéfectible à sa hiérarchie avait conduit au massacre de centaines d'innocents."
Le petit plus : On sent que l'auteur partage avec nous son histoire, avec son regard d'enfant de l'époque.