Comme son père avant lui, Takashi Aoki est employé par la société Goshima, à Tokyo. Commercial zélé, il ne compte pas ses heures, accepte volontiers les déplacements à l'étranger, sert occasionnellement de guide aux clients étrangers et ne refuse jamais d'accompagner ses collègues pour boire un verre après le travail.
Pressenti pour un emploi à Paris, le jeune homme se sent honoré même si son récent rapprochement avec la belle Yûko
Tanase, elle aussi employée chez Goshima, le fait un peu hésiter. La jeune réceptionniste, très courtisée, voudra-t-elle le suivre dans la capitale française ? Les amoureux se rencontrent secrètement au café
Mitsuba, échangeant promesses et projets d'avenir, jusqu'au jour où le fils d'un riche banquier tombe sous le charme de Yûko…
Il y a de la révolte sous la plume délicate d'
Aki Shimazaki. En peu de pages, elle nous plonge dans l'enfer des salarymen japonais. Un enfer feutré, bien sûr. Il n'est pas question de protester, de s'énerver ou de hausser le ton. On courbe l'échine et on accepte son sort. On laisse les dirigeants, les puissants, décider de son destin. On plie, on se conforme, on évite de sortir du lot. Car la société japonaise broie les individualités et décourage vivement les initiatives personnelles. Un bon employé, s'il veut être apprécié de ses supérieurs et faire évoluer sa carrière, doit acquiescer, faire des courbettes, se fondre dans le groupe et respecter les usages de l'entreprise. Naïvement, il croit que l'entreprise pour laquelle il travaille d'arrache-pied ne veut que son bien et saura le remercier pour ses efforts et ses sacrifices. Alors il oublie ses propres désirs, il néglige sa famille et met son travail en tête de ses préoccupations.
C'est cet enfer que dénonce l'autrice dans un court roman tout à la fois délicat et percutant qui explore le monde impitoyable des grandes compagnies japonaises où les sentiments n'ont pas leur place. A découvrir et à déguster, comme tous les romans d'
Aki Shimazaki.