Une découverte étonnante, un thriller,
Jeu de peaux, un premier roman d'
Anouk Shutterberg aux éditions Plon.
Anouk Shutterberg a suivi une première formation de juriste puis en communication d'entreprise. Elle a effectué plusieurs stages professionnels dans de grandes galeries et a été en contact avec de jeunes artistes. Intéressée par ce domaine dans lequel elle ne travaille plus, elle continue à suivre de nombreux artistes en galerie.
Le thriller est un genre littéraire qu'elle affectionne tout particulièrement. Déjà amenée à écrire dans le cadre de son activité professionnelle, le projet de ce livre mûrissait depuis quatre ans et elle a pu le finaliser en 2021. Pour cela, bien qu'étant déjà allée au Japon, elle a dû faire des recherches sur l'histoire du tatouage irezumi, sur l'île d'Hokkaido, mais aussi sur tous les lieux dans lesquels se déroule l'action du livre qu'elle a eu beaucoup de plaisir à écrire et à la fin duquel elle a fait le choix de laisser le lecteur sur sa faim, imaginant le pire pour son personnage principal.
En voici la présentation par l'éditeur :
« À trente-trois ans, Juliano Rizzoni est un jeune peintre prodige encensé par la scène artistique contemporaine internationale. Jet-setter et jouisseur à l'extrême, il affole autant les Unes des tabloïds que les galeries prestigieuses du monde entier.
Initié au Japon à la technique du tatouage Irezumi, aussi violente qu'ancestrale, il signe dix tatouages d'art sur le dos de ses amant(e)s. L'affaire prend une tournure inquiétante lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement chez Sotheby's Paris pour une mise aux enchères hors norme.
En l'absence de corps, le commissaire
Stéphane Jourdain et l'inspectrice Lucie Bunevial, sont saisis de l'enquête pour homicides multiples....
Une affaire sanglante et terrifiante qui les mènera d'un bout à l'autre de la planète dans le milieu de l'art contemporain. »
Jeu de Peaux est donc le premier roman d'
Anouk Shutterberg. Et pour un premier roman, c'est une réussite. L'intrigue est bien construite et très rythmée. Des retours en arrière fréquents et réguliers viennent à point pour donner du sens à ce qui se passe au présent. On ne s'y perd jamais, car les chapitres ont pour titre le lieu et la date. Les premiers cadavres sont découverts à la page 110 et, à partir de cette étape, on monte en intensité dans la violence et le sordide de crimes qui se produisent et dont on ne comprend pas la cause. C'est simplement dans les dernières pages qu'on a l'explication de l'enchaînement de meurtres et de ce qui les a provoqués. C'est très fort de la part de l'auteure qui sait maintenir le lecteur en haleine jusqu'au bout.
Parallèlement à cette intrigue policière, on pénètre dans le milieu de l'art contemporain, de son fonctionnement et de ses codes. Et on est initié à l'histoire et à la technique du tatouage japonais Irezumi. Mais cela est tellement bien intégré au récit que ce n'est jamais pesant ni ennuyeux. Je dirais même que cela donne une respiration et que cette immersion dans le milieu traditionnel japonais est apaisante.
Autre élément rafraîchissant : l'attirance mutuelle entre les deux policiers. Leur relation de travail, leur complicité, l'attente d'une histoire d'amour entre eux permettent de souffler dans cette succession d'événements brutaux et de meurtres sanglants et effrayants. Sans cela, le roman serait vraiment très très noir !
Le style est précis, efficace, adapté aux différentes situations. L'ensemble est écrit au présent, mais les différents repères chronologiques permettent de ne pas se perdre. Les personnages sont bien décrits et on arrive à comprendre leur façon de penser et de réagir.
J'ai lu ce livre en trois jours et j'attends le suivant avec impatience ; car l'histoire n'est pas finie… et nous devrions retrouver certains personnages du roman dans un livre à paraître sans doute en mai 2022.