Elle était consciente qu’un rêve aussi beau que celui qu’elle avait fait pouvait l’entrainer tout droit dans la folie. La frontière était toujours proche, dangereusement proche. Les rêves étaient irréels, la négation de la réalité. Ce pays des rêves que le poète avait chanté, si varié, si beau et si nouveau, n’offrait en réalité ni joie, ni amour, ni lumière, aucun secours pour l’âme.
Sais-tu seulement sourire ? Je ne pense pas t'avoir jamais vu sourire. Fais-le maintenant. Fais semblant, si tu ne peux pas faire autrement. Remonte les coins de ta bouche et ne t’inquiètes pas si cela te donne un air stupide.
Ecoute mon vieux, je t'aime bien, moi, un parfait étranger qui n'a absolument rien à y gagner. Je veux simplement que tu cesses de souffrir et voici ce que je peux faire pour toi.
Mais il est parfois nécessaire de se laisser séduire.
Comme si elle avait un peu peur de lui. Comme si elle comprenait qu’il avait le pouvoir d’ouvrir le poing qu’elle gardait fermé dans son âme.
Regarde là-haut, dit Tom. Tu sais combien d’étoiles on peut voir quand le ciel est clair ? Et ce ne sont que les plus brillantes et les plus proches. Notre galaxie a un diamètre de 100 000 années de lumière. Tu sais combien il y a d’étoiles en 100 000 années de lumière ? Et ce n’est que notre galaxie. Il y a des nébuleuses qui sont en elles-mêmes de véritables galaxies. Andromède. Le Cygne. Les nuages de Magellan. Elles sont remplies d’étoiles et toutes ces étoiles ont des satellites. Cela donne le vertige rien que d’y penser. Et notre pauvre planète… quel culot de prétendre que nous sommes les seuls dans tout l’univers !
Mais quel amour et où était l'amour ?
Deux êtres étrangers l'un à l'autre, pressant pathétiquement les unes contre les autres certaines parties de leur corps, était-ce cela l'amour ?
Oh ! mon amour, soyons fidèles
L'un à l'autre ! Car le monde
Qui à nos yeux s'étend comme un pays de rêves
A l'aspect si varié, si beau et si nouveau,
N'a en lui nulle joie, ni amour, ni lumière,
Ni paix, ni certitudes, aucun secours pour l'âme...
Nous sommes des êtres supérieurs. Tout ce que les humains peuvent faire, nous savons le faire cinquante fois mieux. Si nous n'avions pas d'instinct sexuel, nous pourrions nous considérer comme encore plus différents que nous le sommes, une sorte de race dominante. Mais la sexualité qu'on nous a donnée nous pacifie et nous permet de rester à notre place.
Du goblin avide et malin
Qui te déchiquetterait,
De l'esprit auprès de l'homme nu
Du livre des lunes, garde-toi.
Que tes cinq sens épanouis
Ne te fasse jamais défaut
Que jamais tu n'ailles vaguer
Avec Tom pour mendier ton pain
Cependant que je chante : "A boire,
A manger, un habit usé ?
Approchez, dames et pucelles,
Et surtout ne redoutez rien,
Le pauvre Tom est sans malice."