Tu mens comme tu respires. Tu uses ta vie à te mentir à toi-même, faute d'oser te regarder dans la glace.
Son cœur battait fort , à coups irréguliers , et il lui semblait parfois qu'il ne parviendrait pas à reprendre sa cadence. Qu'arriverait-il alors ? Elle mourrait ? Comme ça , d'une seconde à l'autre , sans s'en percevoir ? Elle n'appelait pas. Elle était décidée à ne pas appeler , à mourir seule au besoin et elle était contente de savoir que son corps était enfin propre.
Si elle tentait de se mettre debout , elle était sur de tomber. Elle tomberait quand même tout à l'heure , bien attendu , tôt au tard , mais elle préférait que ça se passe pas quand elle avait encore conscience.
C'était drôle d'entendre les syllabes se suivre, s'enchaîner, former des mots, des phrases, un peu à la façon du fil qui se transforme petit à petit en dentelle ou de la laine en chaussette tricotée
Vous désirez manger quelque chose ?
Elle fit non de la tête. Il lui semblait que la voix qu’elle entendait n’avait pas un son naturel, comme si on avait parlé derrière une vitre. – Remarquez que quand je dis manger quelque chose, cela veut dire du lapin, car, comme vous pouvez le voir autour de vous, aujourd’hui c’est le jour du lapin. Tant pis si vous n’aimez pas ça.
Lorsque c’est le jour de la morue, il n’y a que de la morue…
Il lui semblait qu'elle l'avait déjà vu. C'était une manie , cette nuit. Non seulement en ce qui concernait les personnes , mais encore les objets. Tout cela lui rappelait quelque chose. Mais quand ? Mais où ?
Il était vêtu de gris .Il était tout gris: ses yeux, ses cheveux, sa peau, même sa cravate et sa chemise. On ne voyait pas une tache de couleur.