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Citations sur Quartier nègre (5)

[...] ... C'était à se demander parfois si les Colombani ne le faisaient pas exprès ! Dupuche passait quand il voulait sur la place : il était sûr d'apercevoir Christian accoudé à la caisse, Christian qui avouait lui-même ne s'être jamais occupé de l'hôtel. Chaque matin, il arborait un complet propre - il lui arrivait d'en changer pendant la journée ! - et ses cheveux sentaient de plus en plus le salon de coiffure. Il restait là des heures à sourire à Germaine, à lui raconter des histoires qui la faisaient rire.

Si Dupuche entrait, il se contentait de lui toucher le bout des doigts en disant :

- "Ca va ?"

Quant à Germaine, non seulement elle se portait à merveille, mais elle était en beauté. A croire qu'elle était née pour vivre derrière la caisse d'un grand hôtel. On la sentait ferme, sûre d'elle, quiète aussi et c'est tout juste si elle ne levait pas la tête vers son mari comme s'il eût été un client.

- "Tu as quelque chose à me dire ?"

Oui ! non ! S'il commençait, ce serait trop long. Sans compter qu'après, leurs relations deviendraient plus désagréable.

- "Je passais ..." s'excusait-il.

Et derrière lui la vie reprenait son cours. Christian et Germaine riaient de futilités comme peuvent rire les amoureux et les vieux Colombani approuvaient.

Car ils approuvaient, cela ne faisait de doute pour personne. Tout le monde savait que Christian était pincé. Or, Tsé-Tsé et sa femme étaient ravis, entouraient le couple de sourires complaisants, lui ménageaient des moments de solitude comme à des fiancés.

Et Dupuche alors ? Car il était marié ! De quoi avait-il l'air ? Prenait-on les paroles de Jef à la lettre et espérait-on qu'il ne tiendrait pas le coup un an et qu'il laisserait ainsi la place libre ? ... [...]
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[...] ... Dupuche s'adressa à un premier guichet, à un second, suivit un nègre jusqu'à un bureau où le directeur de l'agence le reçut et lui prit des mains sa lettre de crédit.

- "Vous me donnerez la moitié en francs et la moitié en dollars ..."

Dupuche exhibait son passeport pour affirmer son identité. Le Yankee tournait les pages de la lettre de crédit, saisissait le téléphone, appelait un employé. Tous deux examinaient à nouveau le document en silence, le rapprochaient d'un câblogramme étalé sur le bureau.

- "Je regrette ..." prononça enfin le directeur en rendant la lettre à Dupuche.

- "Vous ne pouvez pas me payer aujourd'hui ?

- Je ne peux pas payer du tout. La Société Anonyme des Mines de l'Equateur a fait faillite. Notre agence de Paris me câble qu'il n'y a pas de provision ...

- Vous devez faire erreur !" s'écria d'abord Dupuche. "Ce n'est pas possible ! Cette lettre de crédit a été établie il y a un mois à peine, par l'administrateur lui-même, M. Grenier. Je suis l'ingénieur principal de la S. A. M. E. et je me rends là-bas pour prendre la direction des travaux ...

- Je regrette ...

- Ecoutez ! ... Il faut câbler à Paris ... Il y a certainement un malentendu ..."

Il ruisselait de sueur et ses jambes étaient devenues molles. Germaine demandait :

- "Il ne paiera pas ?"

Et Dupuche lui fit signe de se taire.

- "Comprenez-moi ... La société m'a remis dix-mille francs pour mon voyage jusqu'ici ... Je m'embarque après-demain sur le Santa Clara, de la Grace Line, pour regagner Guayaquil ... Il me faut ces vingt-mille francs, sinon ...

- Am sorry ... "Je m'excuse", répétait l'Américain en ouvrant la porte du bureau.

- "Un instant encore ! Combien de temps faut-il pour envoyer une dépêche à Paris et recevoir une réponse ?

- Deux jours." ... [...]
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Qu’est-ce que cela pouvait faire, puisqu’il n’y avait plus rien de solide ? Il avait imaginé la vie dans une maison propre, près d’une usine où il eût été respecté, avec une auto, des économies, des enfants. Sa mère serait venue le voir le dimanche …
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Dés le premier jour, ces gens-là l’avaient encadré et depuis lors il était resté comme leur prisonnier. Sans le vouloir, il leur rendait compte de ce qu’il faisait. Et ils jugeaient ! Et ils critiquaient ! Et ils poussaient des soupirs qui en disaient long.
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Au dessus de lui, c'est-à-dire en face, à deux kilomètres à peine, tout de suite après le canal, s’amorçait cette masse écrasante de l’Amérique du Nord tandis que derrière son dos commençaient, à moins de dix kilomètres, les paysages apocalyptiques de l’Amérique du Sud.
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