Citations sur Les Cantos d'Hypérion, tome 3 : La chute d'Hypérion 1 (23)
Avant même que les derniers feux du soleil aient tout à fait disparu, les éclairs dans le ciel confirmèrent que les combats se poursuivaient encore dans l’espace. Les trois hommes s’assirent sur les marches du Sphinx pour contempler le spectacle. Des explosions d’un blanc étincelant succédaient à des corolles rouges et à de soudaines traînées vertes ou orangées qui laissaient longtemps leur écho sur la rétine.
Elle ressemblait à un arbre trapu, une masse solidement implanté sur ses racines, à l'écorce brulée par le soleil, à l'énergie figée. Il essaya de l'imaginer épuisée. Cet effort l'épuisa lui-même.
Ses vêtements (...) étaient d'un luxe voyant sans être tapageur, et son attitude dénotait une confiance sereine que beaucoup rêvaient d'afficher et que peu parvenaient à atteindre. Sa vivacité intellectuelle était visible de prime abord, son intérêt pour les autres sincère et son sens de l'humour légendaire. Je détestai aussitôt cet enfant de putain.
Le poète s'interrompit, la plume levée, en s'apercevant qu'il parvenait à peine à relire sa page. (...)
Il reprit ses esprits, dans le sens où il laissa de nouveau le monde envahir sa conscience intérieure, un peu comme dans le retour aux sensations diverses qui suit l'orgasme. Seule la redescende de l'écrivain dans le monde réel est plus pénible, lorsqu'il traine derrière lui des nuages de gloire qui se dissipent rapidement dans le flot mondain des banalités sensorielles.
Je restais là quelques temps à contempler le panneau représentant Hypérion. (...) Les Tombeaux du Temps n'étaient pas indiqués, comme s'ils n'avaient aucune signification militaire, comme s'ils n'avaient aucun rôle à jouer dans les opérations en cours. Mais je savais, moi, à quoi m'en tenir là-dessus. Et j'avais dans l'idée que la guerre toute entière, les mouvements de milliers de personnes, le sort de millions ou peut-être de milliards d'humains dépendaient des actions de six individus qui se trouvaient actuellement sur le territoire orangé dépourvu de toute marque.
Ils s'abritèrent quelques instants à l'entrée du Sphinx, adossés à la pierre, pendant que la texture même de l'espace et du temps semblait se contracter et se gondoler autour d'eux. C'était comme si le monde avait été la surface d'un drapeau que quelqu'un avait déroulé d'un coup rageur. La réalité semblait miroiter et onduler, puis s'enrouler sur elle-même comme une haute vague qui se referme sur sa crête.
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Si vous voulez mon opinion, il s'agit d'un mythe nourri des mêmes superstitions que les vérités absolues formant la base des religions habituelles.
-Je n'ai perçu aucun signe de bienvenue de la part d'un Père bienveillant. Aucune assurance ne m'a été donné sur l'utilité de mes souffrances et de mon sacrifice. Je n'ai eu droit qu'à la douleur et aux ténèbres, aux ténèbres et à la douleur.
La perte de l'ignorance est parfois dangereuse, car l'ignorance est un bouclier.
Elle reprit le sentier d’un pas vif, le laissant derrière elle. Le ciel était sans nuages, viride, barré de striures lapis. La plaine jonchée de blocs rocheux, devant eux, s’étendait en direction du sud-ouest jusqu’aux terres désolées qui laissaient place, à leur tour, aux dunes. Ils marchèrent en silence durant une demi-heure, séparés par cinq mètres et par leurs pensées. Le soleil d’Hypérion était une petite boule brillante sur leur droite.