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250 pages
Librairie Plon Paris (31/05/1930)
5/5   1 notes
Résumé :
Les amours tristes et douloureux d'Emma Collinet, jeune femme laide et introvertie, vierge attardée, partagée entre le souvenir de son défunt père , homme pur et intègre, et le harcèlement méprisant de sa mère, femme cruelle et libertine qui la méprise...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« le Désordre » est un chef d'oeuvre méconnu, un roman initiatique à la douleur du monde, et un portrait de femme absolument magnifique. Il faut passer à la fois le désespoir âpre de la démonstration et l'écriture tantôt précise, tantôt chaotique, parfois d'un onirisme flou, pour saisir toute l'immense richesse de cette fable cruelle, plongée dans un réalisme tortueux, et baignée d'un héritage symboliste tourmenté. Bien que son héroïne semble avoir peu de similitudes avec ce que fut sa propre vie, Simone le Bargy, alias Madame Simone, a mis beaucoup de ses douleurs, de ses chagrins, dans ce roman, relatant la lente agonie d'une adolescence. « le Désordre » n'est pourtant pas un roman dur, cynique, morbide. La souffrance s'y installe progressivement, comme elle le fait assez souvent, au final, dans l'existence, au fur et à mesure que les illusions s'envolent et que la réalité des choses s'impose. le désordre ici est celui de chaque chose, chaque personne, qui échappe à l'idée que l'on pouvait s'en faire. Emma Collinet s'éveille au monde, à l'amour, à l'indifférence ou au mépris des autres, à la toute puissante solitude que rien ni personne ne parvient réellement à chasser. le désordre des choses tue lentement Emma, parce que de toute son âme, elle est rétive à ce désordre. Tout le mérite de Madame Simone est de souligner, ce qui était rare à l'époque, le terrible poids de la sensibilité qui fait parfois de nous des « mal nés », des instables, des dépressifs et de suicidaires, inaptes à la vie, inaptes au bonheur, ou seulement aptes à une forme de bonheur irréalisable. Elle montre jusqu'à quel degré de désespoir on peut tomber quand on ne veut prendre en compte que les sentiments les plus élevés, les idéaux les plus absolus. Et le raffinement suprême de l'auteur est de ne pas axer cette conclusion par rapport à une idéologie ou par rapport à une morale. Elle décrit , constate, décrypte un dysfonctionnement, sans en tirer de leçon particulière, sinon qu'il faut tracer son chemin en faisant de son mieux, sans se débattre inutilement, sans s'acharner outre mesure. Réaliser ses passions n'est pas à la portée de tout le monde, particulièrement quand ces passions incluent la nécessité d'une affection réciproque.
Tout cela n'est pas très gai, mais rien n'est effectivement plus vrai. « le Désordre » est une leçon de vie sans complaisance, mais qui peut aider à comprendre les choses, ou à défaut, à les admettre. C'est aussi une oeuvre étonnante, atypique, un touchant état des lieux des égarements de l'adolescence examinés à froid, mais non sans émotion, par une quinquagénaire qui avait traversé des douleurs atroces. Tout cela en fait une oeuvre exceptionnelle, qui gagnerait à être redécouverte.
Lien : https://mortefontaine.wordpr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Contre l’étroit panneau de glace incrusté dans l’armoire, le touchant presque du front, Emma regarde la ligne mal dessinée de ses sourcils, l’espace qui sépare les yeux du nez mince et long. Dans son visage à elle, quel désordre ! La bouche, la bouche devrait être là. Elle rougit brusquement, et si fort que, brûlante, elle dégrafe le haut de son corsage. Son cou se reflète, nu, dans la glace. Elle le palpe, curieuse, puis, sans se perdre de vue, lentement, elle se déshabille toute entière. Alors, confuse, mais avec une résolution grave et calme, elle se contraint à regarder enfin, pour la première fois, à bien connaître la fatalité de la forme que lui a donnée sa naissance.
Emma Collinet. La voilà, telle que l’ont faite un jour son père et sa mère, à jamais. Quand on dit Emma Collinet, c’est ce corps qu’on désigne, ce corps caché par les vêtements, mais le même à chaque minute et la nuit quand elle dort, ce corps pauvre, inégal, où les yeux ne trouvent de joie, qu’un instant, autour des seins roses.
Elle éteignit la lumière, s’étendit dans son lit. Elle pleurait silencieusement, comme interdite par une dureté ignorée d’elle jusqu’à cette seconde. L’étroitesse de sa couchette l’obligea à ramener contre son corps son bras gauche qui frôlait le cadre. Ah ! comme ce bras a trouvé sa place sans offenser la poitrine ni la hanche ! Quelle amitié ancienne, quelle pitié entre les membres d’un même corps, qu’il soit beau ou laid ! La main s’allonge contre la cuisse sans peser sur elle. L’ongle déguise son tranchant. La jambe s’appuie à la jambe, de tout son poids, sans nuire, et la cheville connaît depuis toujours la place creuse qu’épouse avec joie l’autre cheville, quand elle a décidé de reposer là.
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