Vivïen de Narbonne (...) un moine animé d’une curiosité sans limites pour les sciences occultes et qui, pour cette raison, avait failli, à plusieurs reprises, être pourchassé comme hérétique. Effectivement, se dit le marchand, la découverte d’un livre aussi extraordinaire que l’Uter Ventorum s’accordait parfaitement avec sa personnalité.
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Chapitre 15
« Le mot grec “ange”, melachim en hébreu, signifie “messager”, autrement dit : intermédiaire entre Dieu et les hommes. Les Sabéens de Harran s’y réfèrent par un mot très proche : malā’ika. Selon les Écritures, ils se divisent en neuf ordres, mais Platon atteste lui aussi de la présence de dæmones dans le ciel, et admet l’existence de créatures tout à fait semblables.
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Chapitre 15
Ignace n’était pas un homme ordinaire. Le marchand avait une vision très personnelle de la vie, il se retranchait toujours derrière un sourire insaisissable, et un regard qui observait sans se laisser observer. Et, comme nous aurons bientôt le loisir de le découvrir, ses actes étaient toujours dictés par un secret dessein.
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Chapitre 10
Ignace, par certains aspects, lui ressemblait. C’était un homme rationnel et curieux, naviguant entre le monde laïc et le monde religieux. Sans compter qu’il avait beaucoup voyagé, ce qui présentait un grand attrait aux yeux du garçon.
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Chapitre 10
Les moines vivaient dans un monde qui leur était propre, un monde de silence et d’isolement, où l’on accordait peu d’importance à la vie telle qu’elle était en dehors du monastère, ou aux sentiments ordinaires.
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Chapitre 10
La bibliothèque du Castrum abbatis était à l’état d’abandon. L’humidité suintait de partout, bien que les fenêtres aient assuré une aération discrète. Dégradés par le temps et l’usure, les livres dégageaient une odeur de moisissure, rendant l’air irrespirable. Jetant un regard à travers les portes des armaria, Ignace entrevit les œuvres d’Augustin, d’Isidore de Séville, de Grégoire le Grand et d’Ambroise. La grande majorité du fonds concernait les Saintes Écritures, mais des auteurs païens, comme Sénèque et Aristote y avaient également bonne place.
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Chapitre 9
Tommaso revint alors sur les années de la vie d’Ignace que très peu connaissaient. « Tout a commencé en 1202, quand le marchand de Tolède a rencontré un certain Vivïen de Narbonne, un moine errant à la réputation douteuse. Les deux hommes prirent le risque de s’associer en affaires avec un autre prélat de Cologne, vraisemblablement l’archevêque en personne. Ils lui montrèrent de précieuses reliques, récupérées Dieu sait où, de par le monde. »
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Chapitre 8
Qui était réellement Ignace de Tolède ? Nul n’aurait su le dire avec certitude. Tour à tour considéré comme un sage et un homme cultivé ou comme un fourbe et un nécromant. Pour bon nombre, il n’était qu’un pèlerin, errant d’un pays à l’autre, en quête de saintes reliques – ou réputées telles – à revendre aux dévots et aux puissants.
Bien qu’il évitât de révéler ses origines, ses traits mauresques, adoucis par un teint clair, ne rappelaient que trop les chrétiens d’Espagne ayant vécu au contact des Arabes. Son crâne rasé et sa barbe couleur de plomb lui conféraient un air doctoral, mais ses yeux surtout attiraient l’attention : vert émeraude et pénétrants, enchâssés dans des rides géométriques. Sa tunique grise, recouverte d’un manteau à capuchon, exhalait le parfum des étoffes orientales, mélange de multiples arômes rapportés de ses nombreux voyages. Grand et sec, il marchait en s’appuyant sur un bourdon. Tel était Ignace de Tolède, et c’est ainsi que le vit pour la première fois le jeune Uberto lorsque, au cours de la soirée pluvieuse du 10 mai 1218, la lourde porte du monastère de Santa Maria del Mare s’ouvrit avec fracas.
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Chapitre 1