AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de La-page-qui-marque


Il y a des livres qu'on aimerait aimer, des rendez-vous manqués qu'on regrette tellement. Tous les ingrédients semblaient réunis pour que ce livre me plaise, pourtant l'émotion n'est pas survenue, la magie n'a pas opéré et je suis restée sur ma faim. Alors, je vais essayer de vous expliquer pourquoi je suis passé à côté de ce texte qui aurait dû me plaire.

Jersey, avec ses fleurs et ses banques, fait figure de paradis terrestre. Pourtant, dans les années soixante pourtant, dans l'orphelinat de l'île, les enfants vivent un enfer. Ils subissent sévices et cruautés en tout genre. Soixante ans plus tard, la narratrice arrive sur l'île pour enquêter sur le passé de son père. Elle tente de comprendre ce qui s'est passé dans cet orphelinat mais se heurte au silence des habitants. Progressivement, elle tente de reconstituer le puzzle de l'enfance brisée de son père.

Le décor de l'île de jersey, un sujet douloureux et un récit qui alterne entre deux époques : je ne pouvais qu'être emportée. Pourtant j'ai eu la sensation de toujours rester en surface, de ne jamais réussir à entrer véritablement dans l'intrigue. Les passages d'enquête à l'époque contemporaine sont pour moi trop rapides et les ficelles employées trop grosses. Je n'y ai pas cru. La narratrice rencontre les bonnes personnes du premier coup, réussit à faire tomber les masques en quelques mots. Les chapitres racontant l'orphelinat m'ont davantage touchés sans que je sois néanmoins complètement convaincue. L'autrice suggère les sévices mais de manière tellement délicate qu'ils me semblent totalement édulcorés. Si j'ai aimé les descriptions de nature et le lien d'attachement entre les deux enfants que nous suivons, je n'ai pas ressenti l'effroi de l'orphelinat.

Ces derniers temps j'ai lu plusieurs livres traitant des internats pour enfants autochtones au Canada, notamment le poignant Maikan de Michel Jean et l'inoubliable Jeu blanc de Richard Wagamese. Est-ce que ces lectures récentes et bouleversantes ont joué un rôle dans mon incapacité à être émue par ce livre ? Est-ce qu'à force de lire des livres fouillant la noirceur des hommes, je ne suis plus touchée quand cette noirceur est seulement suggérée ? Ou bien est-ce que le roman de Maud Simonnot aurait gagné en intensité à être plus long et plus détaillé ? Ce qui m'a manqué dans ce livre finalement c'est du temps pour voir se créer la tension, se déployer l'intrigue. J'aurai aimé davantage explorer la relation entre les deux enfants et l'hostilité des îliens envers l'enquête de la narratrice. J'aurai aimé sentir le poids du secret sur les âme et celui de l'innocence brisée.

Je suis néanmoins contente d'avoir lu ce livre pour l'incroyable personnage d'ermite qui s'y trouve. Alphonse le Gastelois, roi des Ecréhous, est de ces marginaux qui me fascine tellement ! Que mes regrets ne vous empêchent pas de découvrir L'heure des oiseaux. Beaucoup ont été émus par cette histoire, je suis peut-être juste devenue complètement insensible d'avoir trop lu de romans américains…
Commenter  J’apprécie          00







{* *}