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3,54

sur 127 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai énormément aimé ce livre. J'ai d'abord vu l'exposition à Paris qui m'avait beaucoup séduite : sensation d'intimité avec Paul Rosenberg et ses peintres. La scénographie était particulièrement bien étudiée afin d'aborder aussi la spoliation des biens appartenant à ces familles françaises juives et aussi le thème vu par les nazis de l'art dit "dégénéré". Mais le livre m'a touchée particulièrement. La soixantaine, les parents qui nous quittent, et ce besoin de connaître "d'où je viens, qui je suis, où je vais". Anne Sinclair se livre, elle fait un beau cadeau au lecteur, c'est bien écrit, j'ai ressenti son besoin de mener cette quête, rassembler les morceaux de son puzzle familial. Elle s'était toujours reconnue comme la fille de son père, héros de la résistance, et avait délaissé sa branche maternelle, considérant cette dernière, peut-être, moins noble que son héros. Bien sur nous découvrons, sous sa plume, le monde d'un marchand d'art mais c'est surtout son émotion que j'ai ressentie dans son écriture, son questionnement aussi, qui donne beaucoup de profondeur à ce livre. J'ai été interpellée par le fait que ses grands-parents ont dû fuir la France alors que les Etats-Unis les ont recueillis et qu'Anne Sinclair a dû quitter les Etats-Unis après des évènements douloureux pour revenir en France. La boucle est bouclée!
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« On oublie d'interroger les grands quand on est jeune. »

Après une période difficile de sa propre vie (affaire DSK en 2011), Anne Sinclair se recentre sur ses racines et met en scène son ascendance maternelle Rosenberg, notables juifs parisiens, avec son grand-père Paul , mythique marchand et collectionneur d'art. Une aventure familiale bousculée par la Grande Histoire avec la fuite vers les États Unis en 1940 et la spoliation des biens en France.
Entre ses recherches dans les archives personnelles et la documentation sur une époque, Anne Sinclair ressuscite les disparus avec ses propres souvenirs d'enfance et cette nostalgie de les suivre dans les lieux qui les ont vus vivre ou passer.

Le 21 rue La Boétie devient une entité vivante dans les pas d'un marchand visionnaire sur l'art moderne, croisant la fine fleur de la création artistique de l'entre-deux-guerres. Si le destin des Rosenberg a été plutôt clément en miroir de la Shoah, il convient de mesurer les conséquences de ce bouleversement avec l'installation définitive de la famille aux États Unis et le parcours chaotique de récupération des biens spoliés.

Un livre passionnant écrit avec brio et une distance affectueuse, évoquant les aléas de la fortune, le sentiment d'exclusion et l'exil.
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Grâce à ce témoignage on entre dans le monde de l'art.
Merci à Anne Sinclair pour l'écriture de ce livre.
Cette lecture est importante car on découvre une autre vison de la seconde guerre mondiale celle de ceux qui ont pu partir quand cela a été possible.
Picasso dans cette histoire à une place importante.
Ce récit est hommage à sa famille et à de multiples époques et à l'art.
New York est celle que l'on s'attend pas à découvrir dans ce livre.
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Avant de visiter l'exposition "21, rue de la Boétie" ayant lieu au Musée de la Boverie à Liège (Belgique) jusqu'en janvier 2017, il m'apparaissait nécessaire de lire le livre du même titre d'Anne Sinclair, qui fit naître l'idée de cette exposition unique et particulière.
Particulière car passionnel fut l'amour de son grand-père Paul Rosenberg, l'un des plus grands et plus perspicaces marchands d'art de la première moitié du XXe siècle, pour la peinture.
Parcourir les souvenirs et suivre les recherches d'Anne Sinclair, c'est aussi parcourir l'histoire et L Histoire.
L'histoire du monde de la peinture avec les courants artistiques et tous ces grands noms d'artistes passés à jamais à la postérité (Picasso, Matisse, Braque, Laurencin...) et L Histoire dans tout ce qu'elle a de plus sordide, notamment la période noire de la fin des années trente jusqu'à la fin des années quarante (antisémitisme, pillage organisé par le régime nazi, conduite de certains compatriotes célèbres ou non, exil à New-York, déchéance de la nationalité, etc...)
Homme probe, exigeant, lucide, dur en affaire mais non exempt d'humanité, fidèle en amitié, blessé dans sa vie privée et par certaines trahisons, le portrait que finit par nous tisser sa petite-fille nous révèle toute la complexité de cet homme hors norme.
Ecrit dans une langue directe, le livre d'Anne Sinclair, par l'évocation des membres de la branche maternelle de sa famille qu'elle avait occultée jusque là, contribue à la mise au jour de faits souvent ignorés qui enrichissent notre connaissance et du monde de l'art et des fractures qui jalonnèrent le XXe siècle.

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Du début à la fin, j'ai éprouvé un réel plaisir à lire l'histoire de Paul Rosenberg telle que racontée par Anne Sinclair.

L'heureux découpage des chapitres, le ton naturel de celle qui cherche à savoir et qui rend simplement compte de ce qu'elle sait, ce rappel de l'histoire du point de vue de l'art en cette période particulière, les extraits de lettres qui mettent en évidence des points singuliers, tout cela constitue un regard qui nous semble extrêmement juste sur une époque connue et souvent réinterprétée.

Merci pour ce beau livre, Anne Sinclair.
Dommage que vous ayez senti le besoin d'ajouter un prologue qui fait référence aux événements de l'été dernier.
Pour ma part, j'ai lu ce livre en pensant uniquement à Paul Rosenberg et à sa petite-fille.
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C'est après avoir lu et apprécié La rafle des notables, évoquant un aspect méconnu de la traque des juifs de France (nuit du 12 décembre 1941) et en particulier l'histoire de son grand-père paternel Léonce Schwartz, que j'ai décidé de lire également ce 21, rue de la Boétie, évoquant cette fois son grand-père maternel, Paul Rosenberg (1881-1959), grand marchand d'Art et galeriste parisien avant d'être, en raison des circonstances (la guerre et la traque des juifs) forcé de devenir new-yorkais.

J'ai apprécié ce second livre d'Anne Sinclair qui a mis ici en oeuvre tout son talent de journaliste (non d'intervieweuse mais d'investigation cette fois) pour aller à la pêche aux informations documentées et fiables, disséminées ici ou là, sur ce grand-père, certes connu et aimé d'elle en sa qualité de petite-fille, mais néanmoins méconnu dans son rôle de chef de famille auprès des siens et de grande figure de l'Art en France et aux Etats-Unis, en sa qualité de conseil, mécène, galeriste et marchand de très grands peintres : Braque, Matisse, Léger, et surtout Picasso, et ce, dans un contexte particulier.

Pourquoi une telle démarche ?
A la base, car il a fallu à Anne Sinclair renouveler sa carte d'identité française et elle s'est trouvée confrontée à un vrai obstacle : faire la preuve que ses grands-parents à la fois paternels et maternels et ses parents étaient bien Français en fournissant les documents ad hoc.

En fouillant les archives familiales, elle a découvert toute une somme de documents précieux sur sa famille, mais aussi sur l'histoire de l'Art au cours du XXe siècle, documents qu'elle a donc envisagé d'exploiter pour sa famille en premier lieu, mais aussi pour le plus grand nombre considérant leur portée historique.

Bien sûr, par ce livre, elle avait à coeur de rendre hommage en premier lieu à ce grand homme que l'Histoire d'aujourd'hui à quelque peu oublié (sauf sans doute les spécialistes de l'Art), mais aussi de laisser traces à des fins de transmission aux descendants de sa famille et à des fins d'utile information pour les autres.

Laisser traces de son parcours personnel et initiatique dans le domaine de l'Art aux côtés de son père (et arrière-grand-père d'Anne Sinclair) Alexandre Rosenberg - antiquaire de son état - et de son frère Léonce et cheminer avec elle à la découverte de sa vie intime avec sa famille, de son parcours, de ses compétences spécifiques, de son côté ambitieux et novateur, de sa démarche d'accompagnement auprès des peintres qu'il a eu à protéger et à promouvoir.

Laisser traces d'un contexte spécifique en matière d'Art. Dans ce domaine, les courants artistiques sont très nombreux et le XXe siècle est, en cela, particulièrement parlant. Mais, certains peintres évoluent parfois plus vite dans leur peinture que les personnes (et les institutions de type musées) susceptibles de les apprécier à leur juste mesure. Aussi, toute la subtilité et le savoir-faire d'un marchand d'Art qui se respecte est de faire en sorte que les goûts parviennent à évoluer progressivement pour, à un instant T et alors que les stocks de nouvelles oeuvres ont été savamment constitués, faire en sorte de générer la demande et les vendre aux meilleures conditions ! Paul Rosenberg avait du nez pour détecter l'usure des acheteurs potentiels, pousser ses protégés à innover et à évoluer, favoriser l'envie des potentiels collectionneurs.

Laisser traces aussi de l'histoire d'un lieu spécifique : le 21 rue de la Boétie qui a servi de galerie à Paul Rosenberg, mais aussi de lieu d'habitation jusqu'à son départ aux Etats-Unis (automne 1940). de nombreuses descriptions des lieux, mais aussi de la décoration et des oeuvres qui ont pu y être exposées font de ce lieu vivant un personnage de l'histoire à part entière. Ce lieu aura tout un autre destin au cours de l'occupation par les Allemands : suite à réquisition, il hébergera en mai 1941 les locaux de l'Institut d'étude des Questions juives (sic !) devenu en 1943 l'Institut d'étude des Questions juives et ethno-raciales (IEQJER). Entre ces deux périodes, Anne Sinclair évoque la façon dont les oeuvres, les meubles, la vaisselle, la décoration, etc. ont été littéralement pillées par les Allemands avec la complicité du concierge de l'endroit, qui n'a pas hésité à se servir au passage (cf. le procès qui s'est tenu).
D'autres lieux sont également évoqués tout au long du livre, les lieux de vacances, le Castel aux environs de Bordeaux où un temps la famille a trouvé refuge, la galerie de New-York (1941-1953), d'autres adresses où Paul Rosenberg a logé après son retour en France, mais aussi des endroits où certains peintres avaient leurs habitudes de vie (on entre ainsi, un peu, dans leur intimité de vie) en région parisienne ou sur leurs lieux de villégiature.

Laisser traces des circonstances qui ont conduit la famille Rosenberg a émigré aux Etats-Unis, de la façon dont ils ont été accueillis, de leur implication certes limitée mais néanmoins importante pour financer certains projets et maintenir vivace l'intérêt pour l'Art français, de l'implication des autres membres de la famille en temps de guerre (Alexandre qui suivra la 2e DB du Général Leclerc ; Les frères et soeur de Paul) et leur devenir après-guerre.

Laisser traces du contexte dans lequel évoluaient les peintres et les marchands de l'époque, dans un Paris et dans une France occupée. On verra ainsi, ceux qui auront eu l'indécence de collaborer avec l'ennemi sans doute pour continuer d'exister et de s'enrichir et ceux qui, d'une façon ou d'une autre, faisaient tout pour résister à l'occupant).

laisser traces des liens amicaux particuliers qu'ont entretenu Paul Rosenberg et Pablo Picasso et de la teneur de leurs échanges (verbaux ou écrits) avant, pendant, et après-guerre.

Laisser traces de l'incroyable spoliation de leurs biens dont les juifs ont été les victimes (trop souvent avec la complicité de Vichy et de la police française), mais aussi du pillage systématique des oeuvres (et pas seulement les peintures) dans les musées nationaux (Hitler a ainsi fourni aux musées allemands des oeuvres qu'ils n'auraient jamais pu acquérir et Goering, grand amateur d'Art devant l'Eternel n'a pas manqué de constituer sa grande collection privée). Certaines seront malgré tout sauvées grâce au courage de Français (travaillant dans des musées) impliqués au péril de leur vie.

Enfin, le livre se termine sur les actions menées par Paul Rosenberg (et plus tard par ses héritiers) pour tenter de retrouver, en France, en Europe (Allemagne, Suisse) ou dans d'autres pays, chez des particuliers, dans des musées, ou chez des marchands ayant encore pignon sur rue, et le plus souvent par voie de justice, les oeuvres qui ont été volées à sa famille.
Mais aussi, sur la culpabilité ressentie par Paul Rosenberg d'avoir survécu après avoir fui pour sauver sa famille.

C'est un livre vraiment passionnant, mais je dois reconnaître qu'il faut toutefois s'accrocher tant il fourmille de va-et-vient et de détails (personnels, professionnels, contextuels, historiques) qui renseignent certes mais qui en font une matière particulièrement dense.
Je croyais lire une biographie et en fait, j'ai eu à lire, une enquête particulièrement fouillée et documentée (mêlant l'histoire d'une famille, l'histoire de certains peintres, l'histoire des courants artistiques au XXe l'Histoire de France...) évoquant beaucoup (trop ?) le domaine de l'Art et notamment les relations entre Paul Rosenberg et les peintres qu'il a suivis. Pour pouvoir aller au bout, j'ai vraiment dû sortir de ma zone de confort : si je connais bien la littérature et les écrivains, je ne connais pas grand-chose à la peinture et à ses nombreux courants (donc, de nombreuses informations ne me parlaient pas vraiment). de même, je ne visualisais pas une grande partie des oeuvres (magistrales ou pas) dont il était question ici.

Mais, je ne doute pas qu'un lecteur ou une lectrice avertie des choses de l'Art appréciera cette plongée dans l'univers de la peinture du XXe siècle.
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Beau personnage que celui de Paul Rosenberg, grand marchand d'art et grand-père d' Anne Sinclair. La célèbre journaliste lui rend un hommage appuyé, faisant revivre le 21 rue Boétie siège de sa galerie parisienne, évoquant sa féroce opposition au nazisme, son exil forcé et sa deuxième carrière à New York. Mais là où le livre est le plus intéressant, c'est lorsqu'il décrit le « découvreur » de peintres – Picasso, Braque, Matisse – à travers les traces que Paul Rosenberg a laissé dans l'histoire de l'art moderne et surtout dans la correspondance chaleureuse, amicale et féconde qu'il échangeait avec ses protégés. A la fin de la deuxième guerre mondiale et jusqu'à sa mort, Paul Rosenberg se battra pour récupérer les trésors de la peinture volés par les nazis. Avec succès, même si quelques-uns de ses tableaux se baladent encore dans la nature… Seul bémol: j'ai peu aimé la façon dont Anne Sinclair met en scène, même brièvement, son séjour à New York lors de l'affaire DSK. Pas vraiment digne de son grand-père, ça!
Le livre de poche
Lien : https://bcommebouquiner.com
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Lu après avoir vu l'exposition au musée Maillol, permet de rentrer dans l'intimité d'un galliériste à une époque troublée, celle de la 2ème guerre mondiale.
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Ouvrage très intéressant sur le marchand d'art Rosenberg. Après avoir lu il y a bien longtemps l'ouvrage sur son confrère Kahnweiller, il était pertinent d'avoir une autre vue du marché de l'art sur la période comprise entre la fin de la première guerre mondiale et les années 50. de plus Anne Sinclair nous livre des détails précis sur l'évolution de sa famille pendant la guerre, avec notamment des extraits de correspondance entre son grand père et notamment Picasso et Matisse. Bien documenté, bien écrit, bien analysé.
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très documenté, très intéressant ce récit sur le grand père d'Anne Sinclair, le marchand d'art Paul Rosenberg. Au début, une impression de fouillis puis j'ai été captivée par toute l'époque retracée de la guerre de 1940. Fils de galeriste, Paul prend la succession de son père au 21 rue La Boetie. Ami très proche de Picasso, de Renoir entre autres, il a su détecté et soutenir de nombreux talents. Il va partir en 1940 pour échapper aux nazis, à New York où il va recréer une galerie, aussi florissante. Beaucoup des oeuvres confisquées par les allemands, beaucoup de détruites dans l'autodafé. C'est passionnant parce qu'il y a un mélange d'intime avec la vie maritale malheureuse de Paul, ses 200 lettres avec Picasso, ses enfants etc,,,et puis L Histoire, si terrifiante de cette époque. Comment le 21 rue la Boétie est devenu le Commissariat aux questions juives. le travail de recherches d'archives effectuées est impressionnant et pourtant, ce récit se lit facilement.
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