La rafle des notables

Cependant, cette rafle je veux qu'on la connaisse, qu'elle dépasse le cercle des spécialistes de cette période. Elle n'intéressera pas ceux que ces récits lassent, dont la Shoah mille fois racontée a émoussé l'attention. Je voudrais simplement rendre hommage aux hommes qui ont souffert aux côtés de mon grand-père que je n'ai pas connu et peut-être ainsi atténuer la culpabilité de n'avoir pas tenté plus tôt de démêler les fils de cette histoire.

Jacques Débré, ingénieur et frère du grand médecin, le professeur Robert Debré est présent dans le manège, comme Me Ullmo le célèbre avocat. Ainsi que Robert Dreyfus, conseiller a la Cour de cassation, Eduard Laemlé, président de chambre à la cour d'appel de Paris, ou Georges Wellers déjà mentionné, futur historien du nazisme , qui sera déporté a Auschwitz et survécu. Jean-Jacques Berrice Goudeket, le mari de Colette. C'est la particularité de cette rafle (ou 13 hommes arrêtés sont polytechniciens et 55 porte l'insigne de la légion d'honneur) de rassembler une population socialement homogène.

Cependant, cette rafle, je veux qu'on la connaisse qu'elle dépasse le cercle des spécialistes de cette période. Elle n'intéresse pas ceux que ces récits lassent, dont la Shoah mille fois racontée a émoussé l'attention. Je voudrais simplement rendre hommage aux hommes qui ont souffert aux côtés de mon grand-père que je n'ai pas connu et peut-être aussi atténuer la culpabilité de n'avoir pas tenté plus tôt de démêler les fils de cette histoire.

Il y avait en effet chez ces « Israélites » assimilés, comme la plupart des Juifs français intégrés de longue date dans la société française, la volonté de se sentir français à part entière (…)
Se retrouver victimes d’autres Français ajoutait à leur incompréhension, augmentée de la conscience de leurs états de service, beaucoup étant d’anciens combattants. Ils n’avaient pas ou peu souffert d’antisémitisme dans leurs vies d’hommes, ils n’étaient, pour la plupart, pas pratiquants, ne fréquentaient pas la synagogue, étaient même, pour certains, mariés à des non-Juives. Et s’ils se considéraient comme Juifs, c’était davantage par tradition familiale que par une quelconque volonté d’appartenance. Ils refusèrent de se regarder comme tels et jugeaient offensant pour eux qu’on les considérât comme un groupe à part de la société française auquel aurait été attribué une identité.

On n'interrogeait pas les grands quand on était enfant. Parce que si les confidences ne nous étaient pas faites, il nous semblait indécent de les provoquer. Parcr que cela nous pesait, aussi. Écouter les histoires des anciens de la famille, font on se moquait bien, auxquelles on ne comprenait pas tout, nous embarrassait et empiétait sur les heures de jeu. Pourtant, j'aurais pu, plus tard, chercher à en savoir davantage. Pourquoi ne l'ai-je pas fait ?

Ce tourment, passager clandestin de ma propre mémoire, de ma propre histoire, j'espère pouvoir, en l'écrivant, le déposer comme un fardeau intime devenu mémoire collective

c’était un acheminement implacable vers la mort selon une méthode pour humilier, avilir, abrutir, épuiser, jusqu’à la complète extinction de toute personnalité humaine (…) une sorte de pogrom à froid.