... tandis qu'autrefois les gens pauvres et travaillant dur vivaient à la campagne, c'était maintenant presque réservé aux riches propriétaires terriens.
La pluie avait repris, son crépitement monotone sur la vitre et la lumière grise de la pièce, qui s'emplissait de fumée, créaient une atmosphère étrange, comme hors du temps.
- Comment ça s'est passé ?
- L'école de police ?
- oui.
- J'y suis entré mais, au bout de la moitié du trimestre, j'ai dû arrêter. C'était un véritable asile de fous.
- Qu'est-ce que tu fais maintenant ?
- Je travaille à la voirie. Je suis éboueur. C'est vachement mieux.
...tout le monde se dit qu'il faut mentir pour s'en sortir dans la vie,et,quand ceux qui ont le plus de pouvoir et qui sont chargés de dire aux autres ce qu'ils doivent faire et ne pas faire,quand ces gens-là sont encore plus menteurs que les autres,eh bien voilà ce que ça donne.Comment est-ce qu'un filou,une canaille,peut être placé à la tête d'un pays tout entier?(p441)
Eric Möller était le chef de la sécurité suédoise mais on pouvait se demander s'il savait lui-même ce qu'il dirigeait. Ce service n'avait en soi rien d'extraordinaire. Il occupait près de huit cent personnes qui passaient, semblait-il, leur temps à deux choses : primo, démasquer et arrêter les espions étrangers, et secundo, entraver l'action des différents groupes qui mettaient en péril la sécurité de l'état. Mais, peu à peu, les choses s'étaient compliquées, du fait que tout le monde avait toujours su que la seule mission de ce service était de mettre en fiche, de persécuter et d'emmerder de façon générale toute personne ayant des convictions socialistes.
Malm avait atteint sa situation actuelle grâce à ce qu'il est convenu d'appeler une habile gestion de sa carrière,c'est-à-dire un ensemble de procédés vulgairement qualifiés de "léchage de bottes".(p171)
C'était un homme excessivement occupé qui avait tellement peu le temps d'être chez lui,par exemple,qu'il lui avait fallu trois semaines pour découvrir que sa femme l'avait quitté définitivement et qu'elle était remplacée par un message laconique posé sur l'oreiller.(p41)
« Bon, c'est moi qui commence. Alors je dis X. X comme dans Marx. »
Plus d'un mois avant la veille de Noël,c'est-à-dire le grand jour,un matraquage publicitaire en faveur de tout et n'importe quoi,harcelait les nerfs des gens dans le seul but ,apparemment,de leur extorquer jusqu'à leur dernier sou.(p531)
Möller sortit un peigne et essaya de mettre un peu d'ordre dans son indocile chevelure rousse. Le résultat ne fut pas excellent mais il finit par dire :
- Eh bien, nous avons appris de source sûre , en provenance de Norvège et du Danemark, que nous pouvons nous attendre à l'arrivée de milliers de manifestants organisés. […]
- Ah bon.
- Je suis venu pour faire une proposition sérieuse, dit Möller.
- Ah oui.
- À savoir que vous nous donniez l'autorisation d'arrêter ces gens à la frontière et de les renvoyer chez eux. […]
- Non! […]
- Je vous ai fait une proposition très explicite et vous la rejetez. Sans raison.
- Des raisons, on peut t'en donner, dit Martin Beck. Si c'est ce qu'il te faut.
Il jeta un coup d'oeil en direction de Gunvald Larsson, qui dit :
- La première c'est que tes idées sont en contradiction avec nos principes quant au droit de manifester. Celui-ci est garanti par la Constitution.
- S'il s'agit d'une manifestation pacifique, oui.
- Dans la plupart des cas où elles ne l'ont pas été, c'est la police qui en a été la cause. C'est elle qui est responsable des violences, le plus souvent.