Il y a eu Spinalonga, décrite avec tant d'émotions par
Victoria Hislop dans L'Île des oubliés. Et il y a eu aussi Carville, en Louisiane. Leur point commun: une colonie de Lépreux.
C'est là-bas qu'est envoyée sans égards la femme du si beau et célèbre acteur de cinéma muet Charlie West, Mirielle.
Là bas, elle devient Pauline, dite Polly.
Là bas, elle comprend que si elle veut continuer sa vie mondaine d'oisive et retrouver ses filles, elle doit s'occuper. C'est ainsi qu'elle entre à l'infirmerie.
Au rythme du temps qui passe, de la maladie, des morts, du rythme inhérent à la colonie, aux gens rencontrés comme au stigma dont elle sera inévitablement confrontée, Mirielle change.
Il lui faut survivre pour vivre.
Avant même de lire la première page de cet épais roman, je savais que j'allais être conquise. Il y a bien quelques longueurs et poncifs, mais là n'est pas l'important.
L'écriture d'
Amanda Skenandore est très visuelle et immersive et l'on est transporté à Carville, une ville "presque" comme une autre, avec ses maisons, sa géographie, sa poste, son épicerie, son école, son hôpital bien sûr... Et même sa prison. On assiste aux repas, aux événements, et il y en a même des festifs, organisés au sein de la communauté.
Avec Mirielle, nous passons de l'adulation à l'ostracisation et nous vivons avec elle sa transformation, ses espoirs, ses échecs, ses relations, jusque celle avec son mari... Qui nous offre un point de vue extérieur à la colonie, fait d'ignorance, de préjugés et idées reçues.
Pour son roman, l'autrice s'est inspirée de plusieurs histoires vraies et Carville, qui a fermé ses portes dans les années 1990, peut désormais être visité. Ceci apporte davantage de relief à son récit déjà fort en émotions