Citations sur La diagonale de la joie (92)
Votre transe était impressionnante, avez-vous récupéré ? Je suis entraînée, mais imaginez la peur que j'ai pu avoir la première fois. D'avoir totalement perdu le contrôle. D'être devenue un pantin dont seul le son d'un tambour manipulait les fils. J'avais honte aussi. Honte ? Oui, honte d'avoir été reconnue comme l'une des leurs. Les chamanes de Mongolie. Puis honte d'avoir cru ce que ma société m'avait insufflé. Qu'ils étaient des charlatans, des simulateurs ou encore des hystériques gravement névrosés. J'avais accepté ce jugement comme une vérité alors qu'il n'était qu'une croyance. Ce qui m'est arrivé en est bien la preuve. Pourquoi ma culture, la société dans laquelle j'ai grandi, soi-disant savante, ne m'a-t-elle pas prévenue de cette possibilité ? Pourquoi s'obstine-t-elle à juger ce phénomène, sans prendre la peine de l'étudier sérieusement ?
p. 49
Selon un article que je viens de lire, des recherches ont permis d'établir un lien direct entre la cuisson de la nourriture, le raccourcissement de nos intestins et l'augmentation de la taille de nos cerveaux. Cuisiner sa viande aurait permis à Homo erectus de la digérer plus vite et d'absorber plus rapidement ses calories. Toute l'énergie que devaient utiliser ses intestins pour transformer une nourriture crue a ainsi profité à son cerveau, dont le nombre de neurones a pu augmenter. En gros, nos cerveaux n'auraient pas autant de neurones si nos ancêtres n’avaient pas eu l’idée de cuire leur nourriture.
p. 43
Dans cet état* le cerveau semble gagner en intelligence perceptive. Il capte des informations qu'il ne voit pas, ou peu, dans un état de conscience ordinaire. Un peu comme si la perception de la réalité était augmentée.
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* (de “transe” chamanique)
p. 35
Quelle est plus précisément la fonction du chamane ? Selon la tradition mongole, l'humain fait partie d'un monde créé par Tenger, l'esprit du ciel. Ce monde est surveillé par toutes sortes d'esprits secondaires, je ne vais pas développer ici, mais ces esprits sont les gardiens du maintien de l'harmonie dans ce système. Et le chamane joue le rôle d'interface, d'intermédiaire entre le monde des esprits et celui des humains.
Est-ce que le genre, homme ou femme, a une importance ? Aucune.
La nationalité n'a donc pas non plus d'importance, puisque cela vous est arrivé ? On dirait.
Les chamanes ont-ils un profil particulier ? Je ne sais pas.
Et vous ? Les chamanes m'ont dit que j'étais une deuxième génération. J'aurais hérité ce don de l'un de mes ancêtres. Quand j'ai posé la question à ma mère, elle m'a dit que mon arrière-grand-mère était considérée comme une guérisseuse dans son village des Landes. Elle était amusée de voir que sans en avoir connaissance j'avais choisi son nom de famille comme nom d'auteur, Sombrun.
p. 33
La minute perceptuelle
« Le chamanisme se rencontre à l'état de système central chez des peuples qui partagent les traits suivants : forte tradition de chasse, faible démographie, organisation égalitaire et absence de pouvoir central. Il est fondé sur une conception animiste du monde qui attribue à des entités naturelles une forme de subjectivité, ce qui permet d'établir des relations avec elle ... »
p. 30
Jacques Brel disait : « Il faut trois idées pour écrire une chanson, l’idée d’une musique, l’idée d’un texte et l’idée qu’on n’attendait pas. »
« Un homme est riche de tout ce dont il peut se passer », osait prévenir Henry David Thoreau.
Des vols d’étourneaux tourbillonnent devant mes yeux. Après des volutes dans le ciel ils disparaissent tous en même temps dans un grand platane, puis réapparaissent pour d’autres figures et atterrissent en chœur dans un palmier. Les moucherons passent un sale quart d’heure.
Deleuze : « Savoir vieillir n’est pas rester jeune, c’est extraire de son âge les particules, les vitesses et lenteurs, les flux qui constituent la jeunesse de cet âge. »
Grâce à elle, j’ai découvert le sens du sacré. Cette racine de la spiritualité est bien là, en chacun de nous. Et ces années de recherche, enfin, se réveillent, m’éveillent, éveillent. Diagonale de la joie.