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3,84

sur 328 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il est des livres dont l'on parle aisément , sans forcer et d'autres qui demandent un effort beaucoup plus soutenu lorsque vient le temps du bilan . La Caverne des Idées fait , sans conteste , partie de ces derniers...

Tramaque , ephebe brillant de l'Académie ( le premier qui dit : des Neufs en arborant le p'tit sourire extatique du ravi de la creche , aura une tapette ;) , est retrouvé mort , dévoré par les loups . Petit probleme , il n'a ni galette , ni petit pot de beurre et ne ressemble en rien à un certain Rouge , Petit Chaperon de son prénom . L'enquete s'annonce plus difficile que prévue . Pour ce faire , Diagoras , son mentor , plus enclin à envisager la these du meurtre que celle du casse-croute animalier , théorie semblant déja faire l'unanimité , décide de faire appel à Héracles Pontor , le Déchiffreur d'Enigmes ! Terme legerement pompeux qui prendra tout son sens au fil du récit...

Ce qui frappe , de prime abord , c'est l'intelligence narrative . Somoza maitrise et son récit et sa structure . Fin mélange de philosophie ( sans jamais etre rébarbative ! ) et de littérature léchée , Somoza l'orfevre fait dans le haut de gamme ! Il taille le mot , cisele le propos pour délivrer une enquete aussi aboutie que complexe ! Parfait rendu d'une Athenes plus vraie que nature . L'immersion est complete .
L'histoire déroule , aidée en cela par quelques notes judicieuses de bas de page généreusement mises à la disposition du lecteur par le gentil traducteur . Et là je dis , ATTENTION , entrée imminente dans la quatrieme dimension ! le prétendu traducteur , qui n'est autre que ce fou-fou de Somoza , devient partie intégrante de l'histoire , sorte de poupée gigogne pour le coup , de récit dans le récit . S'appuyant sur l'eidesis...comment , pardon , késako ? Là , je me gausse , ne pas connaitre un tel procédé pourtant inculqué dès bac + 36 , s'en est presque risible....Je me LOL à donf !
Eidesis : technique littéraire inventée par les écrivains grecs classiques pour transmettre des clés ou des messages secrets dans leurs oeuvres . Répétition de métaphores ou de mots qui , isolés par un lecteur averti , forment une idée ou une image indépendante du texte originel . Fastoche non ?...C'est ainsi que le prétendu traducteur ( fou-fou Somoza ) , traduisant le texte millénaire qu'est La Caverne..en temps réel et nous faisant part de son ressenti en bas de page , en vient à développer ce sentiment prégnant qu'il fait partie intégrante de ce récit , qu'il en est un des maillons . Somoza entremele brillamment enquete et paranoia aigue pour faire de ce roman un véritable OLNI : objet littéraire...
Tout se tient , se recoupe et l'on ne peut que s'incliner devant la profondeur de l'auteur . Lecture à plusieurs niveaux , mise en abyme de haut vol !
Les pérégrinations de Pontor et Diagoras , sorte de Laurel et Hardy de la Grece Antique , leurs joutes verbales , leurs échanges philosophiques se boivent comme du p'tit lait . L'imbrication du traducteur et sa possible adhésion au récit scotche véritablement un lecteur tenu en haleine par cette nouvelle donne . La fin est cohérente tout en proposant une vision de la lecture tres loin d'etre inintéréssante !

Meme si j'avoue m'etre parfois égaré , cette caverne propose une expérience de lecture peu commune qui légitime pleinement sa découverte ! Entrée gratuite pour les enfants de - de 40 ans...
3.5 / 5
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A lire en VO si possible car l'auteur écrit vraiment bien.
Si vous aimez les récits où plusieurs histoires sont entremêlées et dont l'issue finale vous surprend (agréablement).... Somoza est pour vous.
Cet ouvrage est l'un de ses plus connus... mais ils sont tous du même niveau.
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Une enquête en Grèce antique, présentée comme la traduction d'un manuscrit! Tout pour me plaire!
Certes, le dispositif narratif, avec les notes du traducteur qui prennent de plus en plus de place, même s'il est cohérent avec le récit, rend assez vite la fiction du manuscrit invraisemblable. Cela reste agréable, surtout si on a fréquenté les textes anciens.
On suit avec intérêt les deux enquêteurs, Héraclès le déchiffreur d'énigmes qui ne croit qu'à ce qu'il voit, Diagoras le philosophe qui accorde plus de crédits aux émotions, dans leurs efforts pour expliquer la mort du jeune Tramaque.
Le roman questionne les limites de la raison et de la folie, et dans la lignée de la philosophie platonicienne, s'interroge sur la réalité et sa perception.
[i]La Caverne des Idées[/i] n'est pas un pur roman policier placé dans un contexte historique, qui ne viserait que la distraction. Il s'agit bien plutôt d'un roman philosophique qui suscite une réflexion sur des thèmes déjà présents dans la philosophie antique. C'est bien écrit, c'est intéressant, mais cela peut aussi passer pour "prise de tête" si l'on cherchait un roman classique!
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Un auteur que j'apprécie énormément, mais ce livre m'a moins plu que ces autres écrits.
Le thème et la forme sont intéressants et très imaginatifs, mais le rythme un peu lent. L'histoire prend du temps à se mettre en place et avance assez péniblement..
L'oeuvre reste agréable à lire, mais moins passionnante que les autres romans de l'auteur.
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Deux intrigues parallèles se mêlent dans ce texte que l'on pourrait qualifier de « thriller philosophique ».
La première introduit les personnages d'Héraclès Pontor et de Diagoras, tous deux habitants d'Athènes au IVème siècle avant J.C. Héraclès, chargé par Diagoras d'enquêter sur la mort d'un de ses élèves -que l'on dit dévoré par des loups-, est entraîné dans une affaire complexe. Guidé par la seule raison, cet enquêteur obèse, dont les observations rappellent parfois le célèbre Sherlock Holmes, accompagnera le philosophe Diagoras, ami de Platon, dans les recoins les plus sombres de la ville d'Athènes.
Dans la seconde intrigue, le traducteur contemporain de « La Caverne des Idées » décrit les avancées de son travail grâce à de courtes notes de bas de page, au fur et à mesure de ses découvertes. En effet, il remarque très tôt la présence de plus en plus large d'une eidesis.
Et c'est là que se situe toute l'originalité du texte de Somoza.
L'eidesis, explique ce personnage du Traducteur dont on ignore le nom, est une technique littéraire utilisée par les écrivains grecs (en réalité, bien sûr, inventée par Somoza), qui consiste à faire passer une idée dans un texte grâce à l'utilisation d'images fortes, de métaphores, de répétitions.
Cette idée, qui relève de l'obsession chez le lecteur qui la découvre (ou croit la découvrir), est décrite de cette manière par le Traducteur :
« Je me rappelle un traité astronomique d'Alcée de Quiridon où l'on répétait, sous toutes ses variantes, le mot « rouge » presque toujours accompagné de deux autres : « tête » et « femme ». Eh bien : je me suis mis à rêver d'une belle femme rousse … Son visage … j'ai même pu le voir … [...] J'ai fini par apprendre, par un autre texte qui m'est tombé par hasard entre les mains, qu'une ancienne maîtresse de l'auteur avait été condamnée à mort dans un jugement injuste : le pauvre homme avait dissimulé sous une eidesis l'image de sa décapitation. »

L'allégorie de la caverne de Platon, qui motive l'idée principale du texte, éclaire plus loin le principe de l'eidesis : « Platon affirmait que les idées existaient indépendamment de nos pensées. Il disait que c'était des entités réelles, et même beaucoup plus réelles que les êtres et les objets.«

Ainsi, il arrive souvent, dans le texte de Somoza, que ces idées transmises par l'eidesis aient un pouvoir physique sur la chose littéraire. On ne doit pas s'étonner, par exemple, de l'apparition soudaine de serpents aux pieds des personnages, qui ne les remarquent pas. Ou de la brutalité avec laquelle d'invisibles animaux forcent les portes de l'académie et font trembler les murs, sans inquiéter ces mêmes personnages.

Le traducteur le rappelle, toujours dans ces notes de bas de page qui interrompent le récit :

« Je m'empresse d'expliquer au lecteur ce qui se passe : l'eidesis a une vie propre, elle s'est transformée en l'image qu'elle représente, dans ce cas, un taureau furieux, et emboutit maintenant la porte du vestiaire dans lequel se déroule le dialogue. Mais l'on remarquera que l'activité de cette « bête » est exclusivement eidétique et les personnages ne peuvent donc la percevoir de la même façon qu'ils pourraient non plus percevoir, par exemple, les adjectifs qu'a employés l'auteur pour décrire le gymnase. Cela n'a rien de surnaturel : il s'agit simplement d'un procédé littéraire utilisé dans le seul but d'attirer l'attention sur l'image cachée dans ce chapitre -rappelons-nous les « serpents » de la fin du deuxième chapitre. J'implore donc le lecteur de ne pas être trop surpris si le dialogue entre Diagoras et ses disciples se poursuit comme si de rien n'était, indifférent aux puissants assauts auxquels la pièce est soumise.«

Il s'agit là, une fois encore, de la grande trouvaille de Somoza, qui livre dès les premières pages cette idée d'eidesis, et fait fonctionner le texte sur un double sens constant.

Si je regrette la fin abrupte et prévisible, bien en-deçà des promesses soulevées par le concept profond de l'oeuvre, je ne peux que souligner l'impressionnante maîtrise de la structure dont fait preuve Somoza. L'intrigue est ficelée comme un bon polar, et l'eidesis propose une lecture inédite d'un texte dont on se prend à imaginer qu'il est effectivement traduit du grec ancien. le style de l'auteur (qui m'avait pourtant semblé bien peu porté sur les descriptions et les métaphores dans La Théorie des Cordes) sert admirablement le contexte antique. Les images sont toujours percutantes, et contribuent à renforcer l'immersion du lecteur dans une Grèce Antique parfaitement reconstituée.

La Caverne des Idées est sans aucun doute l'un des textes contemporains les plus exigeants que j'ai pu lire ces derniers temps. Une réflexion à la fois dense et divertissante sur le pouvoir de la littérature, à lire pour l'expérience …
Lien : http://latheoriedesmasques.c..
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