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Citations sur Journée d'un opritchnik (20)

En sortant mon portefeuille, j'examine le vitrine. Il y a l'éventail standard d'un kiosque : des paquets de cigarettes "Patrie" et des paquets "Russie", de la vodka "Orge" et de la vodka "Froment", du pain noir et du pain blanc, des bonbons "Ourson pataud" et des bonbons "Ourson du Nord", de la marmelade aux pommes et de la marmelade aux prunes, du beurre et de l'huile de carême, de la viande avec des os et de la viande désossé, [...]
Le père du Souverain, feu Nikolaï Platonovitch, a eu une bonne idée en liquidant tous les supermarchés étrangers et en les remplaçant par des boutiques russes. Et en décidant que dans chaque boutique les produits présentés seraient de deux sortes afin que le peuple puisse faire son choix. Cette décision était pleine de sagesse et de profondeur. Car notre peuple porteur-de-Dieu doit choisir l’un des deux, et non parmi trois ou trente-trois. Ayant le choix entre deux produits, le peuple acquiert une égalité d’âme, l’assurance de pouvoir s’abreuver tout son soûl le lendemain, cela lui évite de vaines affres, et par conséquent il est rassasié. Et que de grandes œuvres peut-on accomplir avec un peuple ainsi rassasié !
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De la neige est tombée au cours de la nuit sur les sapins, sur la palissade et la petite tour de guet. J’aime quand il y a de la neige ! Elle camoufle l’immondice de la terre. Et grâce à elle, mon âme devient plus pure.
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Je reste assis, gardant ma tête baissée qui n’est pas encore disposée au réveil : hier, il a fallu de nouveau se pocharder. J’avais pourtant fait serment de ne boire et de ne sniffer qu’avec les frères ; j’ai accompli quatre-vingt-dix-neuf prosternations de repentance à la cathédrale de la Dormition et prié saint Boniface. Queue de chie ! Que faire dès l’instant que je ne peux rien refuser au boyard Kirill Ivanovitch ? Il est malin, le bougre.
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Notre Souverain s’est attaqué à la noblesse avec pugnacité. Eh bien, il a raison. Dès l’instant que la tête est partie, inutile de pleurer sur la perte de ses cheveux. Quand le vin est tiré, il faut le boire. Et dès qu’on a la main levée, on n’a plus qu’à sabrer !
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Comme le patron a été avisé en inventant la chenille ! Auparavant, nous nous répartissions par couple ce qui faisait peser sur l’opritchnina l’ombre de la menace d’une divergence. Une limite est maintenant posée à la jouissance par couples. Nous œuvrons ensemble et nous jouissons ensemble. Ce sont les cachets qui nous y aident. La chose la plus avisée, en fait, c’est que les jeunes de l’opritchnina se bousculent toujours dans la queue de la chenille. Cette règle est judicieuse pour deux raisons : premièrement, les jeunes se font leur place au sein de notre hiérarchie, deuxièmement, le mouvement de la semence se transmet de la queue de la chenille vers sa tête, ce qui symbolise le cycle éternel de la vie et le renouvellement de notre fraternité. D’une part, les jeunes respectent les plus anciens, de l’autre, ils les nourrissent. C’est sur ces principes que nous tenons. Et loué soit Dieu !
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Comme a l’habitude de dire notre Patron, il y a trois choses que l’on a envie de regarder et de regarder sans cesse : le feu, la mer et le travail d’autrui.
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Le père du Souverain, Nikolaï Platonovich, a publié en son temps un grand édit « Sur l’usage des drogues revigorantes et relaxantes ». D’après cet édit, la blanche, la codéine et l’herbe sont une fois pour toutes autorisées pour la consommation de masse. Car elles ne sont pas nuisibles à l’Etat et ne font qu’apporter une aide aux citoyens dans leur travail et leur repos. Dans n’importe quelle pharmacie on peut acheter un grain de blanche au prix standard fixé par l’Etat : deux roubles et demi. Dans toutes les pharmacies, sont installés des comptoirs afin que les travailleurs puissent dès le matin ou durant la pause du déjeuner sniffer et se rendre au travail plein d’entrain pour le bien de l’Etat russe.
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Nous avons refermé la vanne
Comme le Souverain l’a ordonné.
Alors que les ennemis ont décidé
De pomper notre gaz, comme autrefois.

Nous leur disons « Halte ! » tous ensemble ;
Nos regards pénétrants sont aiguisés
Car le parasite « Europe-Gaz »
S’est empiffré de gaz russe.
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En 1565, Ivan le Terrible règne sur la « Sainte Russie » et se prend pour le représentant de Dieu sur terre. Despote paranoïaque, il crée une milice spéciale, l’opritchnina, qui lui est entièrement dévouée et dont les symboles sont une tête de chien et un balai destinés à attraper les « traîtres » et à les « balayer » du royaume, c’est-à-dire les supprimer physiquement. Pour appartenir au clan des opritchniks, il faut renoncer à tout lien avec sa famille. […] L’opritchnina fascine encore aujourd’hui certains nostalgiques de la « sainte Russie » orthodoxe.

-Avertissement du traducteur-
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Chacun s’approche, reçoit son cachet et le place sous sa langue, puis s’écarte. C’est mon tour. Je prends ce cachet d’aspect banal. Je le mets dans la bouche tandis que mes doigts tremblent déjà ; mes genoux ont du mal à me porter et mon petit cœur bat comme un marteau inquiet, le sang tarabuste mes tempes comme les opritchniks la demeure d’un nobliau.
Ma langue qui tressaille recouvre le cachet, tel un nuage enveloppant une église au sommet d’une colline. Il fond, il fond délicieusement sous ma langue dans la salive qui jaillit, telle la crue de printemps du Jourdain. Mon cœur bat, ma respiration est saccadée, l’extrémité de mes doigts refroidit, mon regard perce mieux la pénombre. Arrive enfin ce que l’on espérait depuis longtemps : un afflux de sang dans la mentule. Je baisse mes yeux. Je la vois qui en est injectée. Elle se lève, rénovée, avec deux enchâssements cartilagineux, une extrémité en hypertoile, des galets en relief, une vague de chair, un tatouage mobile. Elle se dresse, telle la trompe d’un mammouth de Sibérie. Et sous la vaillante mentule, les couilles pesantes restent dans la chaleur d’un feu pourpre.
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