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EAN : 9782330073145
352 pages
Actes Sud (01/02/2017)
3.07/5   14 notes
Résumé :
Avec Telluria, roman dystopique, Vladimir Sorokine, au sens propre du mot, anticipe… pour décrire de façon époustouflante, complètement déjantée, un futur annoncé, alors que le pouvoir actuel en Russie fait de la construction d’un empire eurasiatique centralisé sa doxa.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans un style pauvre dénué de raffinement,‭ ‬l‭'‬auteur de ce roman de science-fiction mineur imagine un avenir proche dans lequel l‭'‬espace politique de l‭'‬Europe aurait été totalement modifié suite à des conflits majeurs.‭ ‬Le fil narratif est impossible à suivre à cause notamment d‭'‬une déconcertante multiplicité de personnage‭ (‬je ne crois pas qu‭'‬il y ait deux chapitres qui s‭'‬enchaine avec les mêmes protagonistes‭)‬,‭ ‬d‭'‬une fantaisie formelle inopérante‭ (‬un ou deux chapitres sont écrits dans un langage inconnu‭) ‬et d‭'‬un enjeu fictionnel‭ ‬affligeant.
Sorokine est un ingénieur et scientifique de formation.‭ ‬Il aurait été préférable pour nous tous qu‭'‬il‭ ‬se contente de résoudre des équations‭ ‬dans un laboratoire anonyme,‭ ‬plutôt qu‭'‬il n‭'‬essaye d‭'‬insuffler dans ses lignes un‭ ‬prétendu lyrisme en‭ ‬s‭'‬appropriant des textes poétiques russes datés du début et du milieu du‭ ‬XXème siècle.‭ ‬Je n‭'‬ai rien compris au‭ ‬livre et‭ ‬à‭ ‬son‭ ‬intrigue‭ (‬si‭ ‬tant est‭ ‬qu‭'‬il y en est une‭)‬,‭ ‬et cherche désespérément l‭'‬intention de l'éditeur dans sa volonté de publier ce livre.
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Comment présenter Telluria? Tout d'abord en précisant que ce n'est pas "que" de la SF et que Actes Sud a sans doute refroidi des lecteurs de "littérature blanche" par son choix de collection. Car oui, ok Telluria se passe dans un monde futuriste, plus technologique, plus holographique mais c'est avant tout une vaste fresque d'un monde divisé socialement, économiquement, religieusement, etc. C'est aussi, à travers des chapitres courts et bien séparés (qui font que je l'ai plusieurs fois laissé de côté avant de le reprendre avec passion), un descriptif de la Russie celle d'hier et celle d'aujourd'hui (même si Poutine est évoqué au passé, nous ne sommes pas dupes!).
Bref un roman à multiples facettes, aux ambiances variées, que vous devriez vous dépêcher de lire!
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. le pessimisme ambiant met la dystopie à la mode mais « Telluria » va bien au-delà de ce simple constat . Dans cette Russie post-moderne ,empire émietté, où Lénine,Gorbatchev et Poutine ne sont plus qu'une trilogie d'icônes ,où les touristes affluent dans un Disneyland stalinien , où se croisent nains ,géants , humains à tête d'animal issus de manipulations génétiques ,le seul espoir réside dans un paradis artificiel que l'on vous enfonce dans le crâne à coups de marteau . « Telluria » est une fête de l'imagination portée par une remarquable virtuosité stylistique , kaléidoscope de formes et de personnages dont l'on sort secoué et vaguement inquiet devant le futur annoncé.
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Le très réussi mariage alchimique du cyberpunk futuriste, de la farce médiévale fantastique et du sens tragique de l'histoire politique et économique.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/03/25/note-de-lecture-telluria-vladimir-sorokine/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La monstrueuse catapulte s’orienta lentement au sud-est. Le tocsin sonnait toujours. Un signal retentit, l’allumage se fit et cinquante fulgurantes traînes de feu emportèrent à la file, en un rugissement formidable, les soldats d’acier du Christ dans le ciel bleu du Languedoc. Les chevaliers fusèrent, tels des comètes, vers leur destination lointaine : les rivages de la mer Noire. Au même instant, des centaines de comètes semblables s’arrachaient aux aires de lancement des environs de Liège, de Bréda, des forêts de Siewierz, du Sud des Carpates, des bords du lac de Starnberg et des îles Solovki.
La treizième croisade volante gagnait en force pour porter à l’ennemi un coup prodigieux. Les cris d’une foule retentirent derrière les murailles du château. Des milliers de Languedociens étaient venus, ce matin-là, saluer leurs héros partant pour la guerre sainte. Les havresacs d’acier à l’épaule des robots ne contenaient pas que des munitions. On avait trouvé à y loger aussi de la nourriture, préparée avec soin par la population et apportée des villages environnants : fromages, pain maison encore chaud, beurre de brebis, tomates séchées, artichauts à l’huile, jambon de pays, morue salée, figues et, bien sûr, l’ineffable aligot. Ces marques de chaleur humaine, charmantes, touchantes, symboles de la douceur du foyer, emportées par les impitoyables géants d’acier, avaient vocation, au premier bivouac, à soutenir les forces des chevaliers fatigués après leur premier combat et à leur rappeler les humbles chrétiens d’Europe pour lesquels ils allaient accomplir leur exploit…
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Par la grâce du Top-Manager souverain, ad majorem PCUS gloriam, dans la communion des saints, au nom trois fois sacré du bonheur du peuple autant comme par la volonté de Dieu, autant comme par la chevillette de l’impérialisme mondial, autant comme par la bobinette du satanisme éclairé, autant comme pour qu’arde la flamme éternelle du patriotisme orthodoxe, dans le consensus dur et la paix de l’âme cuirassée par l’expertise financière des principes capitalistes, pour la glorieuse histoire de l’État russien ayant pleine et entière jouissance du droit hautement technologique de détruire et de réunir, d’appeler et de convoquer, d’orienter et de faire l’unité de la communauté autant comme de savater les gueules dans les saints lieux de l’universelle holding de la conciliarité, autant comme de la pseudo-science soviétique, sur l’injonction-décision du comité d’immeuble, dans les balbutiements stakhanovistes des nanotechnologies de l’Esprit-Saint, confortés par l’instauration de pratiques démocratiques dans les ermitages et les collectifs de travail, les maisons de tolérance et les institutions pour l’enfance, les planques transportables et les abris jetables, les casernes d’arquebusiers et les coopératives du BTP, les périodiques à gros tirage, les églises des catacombes, les sublimes combats singuliers, les couloirs du pouvoir, les incubateurs génétiques, sur les pageots superposés des colonies pénitentiaires, sur les châlits et les tinettes des camps de notre Patrie sans limites pour l’écrasement du presse-papier informatique, en pointe dans le non-commercial et les fusions-acquisitions non amicales, autant comme dans la capacité à percuter, enfoncer-défoncer, pressurer, tabasser, buter jusque dans les chiottes la gloire et la victoire militaire, à la lumière des installations secrètes du Comité central et du Conseil central panrusse des Unions professionnelles qui ont bouté-bousillé le perfide enchanteur de l’humanité progressiste, autant comme par le vol noir des corbeaux sur nos plaines, par les démons baratineurs des jeunesses communistes, société affiliée aux Justes Mafieux de la banque orthodoxe qui préserve, accroît et multiplie les traditions impérialistes des preux chevaliers du high-tech dans les zones réservées de la confiance populaire, sur les rives du grand fleuve russe, dans les cellules de moines et les éditoriaux des feuilles de chou monarchistes, dans les bafouilles communistes et les boniments liturgiques, les directives sexuelles et les budgets-caisses noires, autant comme au travers des saints innocents lâchement assassinés pour interventions sur le marché des changes, pour le pain et le seul de l’hospitalité, pour les cris et chuchotements, pour le çà et le là autant comme le ci et le ça, pour le cortège présidentiel, l’antisoviétisme zoologique, le bouleau blanc à ma fenêtre, l’internationalisme prolétarien, les bijoux de famille autant comme le service trois pièces, le dollar et l’euro, les smartphones de septième génération, la verticale du pouvoir et la sécurité du crime organisé, afin de barrer la route à la terre et la liberté, autant comme de faire bisquer le partage noir et la fraternité blanche, au nom de l’inlassable exploit spirituel des androïdes, retraités, national-bolcheviks, moissonneurs et tisseuses, explorateurs polaires et gardes du corps, homosexuels et technocrates, médecins et anthropo-généticiens, terroristes, serial killers, travailleurs culturels et employés de la sphère des services, grands maîtres de cérémonies et échansons du Grand Office, strip-teaseurs et strip-teaseuses, prononciateurs et sourds-muets, tailleurs et gabelleurs, jeunes et vieux, autant comme tous les hommes d’honneur portant fièrement les noms de Vassili Bouslaïev, Serge de Radonège et Iouri Gagarine, tous honnissant les ennemis falsificateurs de l’histoire russe, pourfendant inlassablement le communisme, le fondamentalisme orthodoxe, le fascisme, l’athéisme, le globalisme, l’agnosticisme, le néoféodalisme, les maléfices des démons, la sorcellerie virtuelle, le terrorisme verbal, la drogue informatique, le libéralisme invertébré, le national-patriotisme aristocratique, la géopolitique, le manichéisme, le monophysisme et le monothéisme, l’eugénisme, la botanique, les mathématiques appliquées, la théorie des grands et petits nombres, pour la paix et la prospérité dans le monde, l’avènement de Notre-Seigneur parmi nous, autant comme pour le petit gars à la guitare, pour Jésus-Christ, les jeunes mariés, la lumière au bout du tunnel, la journée d’un opritchnik, l’exploit des mères héroïques, ceux partis en mer, les académiciens Sakharov et Lyssenko, l’Arbre de Vie, le BAM, les camions KamAZ, Peroun, dieu du tonnerre et des éclairs, les clous de tellure, les fumées tourguiéniéviennes, le cran et le talent, autant comme l’iconoclasme, les CP-CCP-CCCP, les choux et les poux, les cailloux et les hiboux, sans oublier les genoux, la chaleur du poêle, les bijoux et les bougies à la cire dégoulinante, le verre plein et la brume bleutée du matin, les pros, les écolos et ce bon Barko Makhno, au nom des idéaux prônés par l’humanisme, le néoglobalisme, le nationalisme, l’anti-américanisme, le cléricalisme autant comme le volontarisme, aujourd’hui et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.
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Commençons donc. Point ne sert d’aller fouiller dans l’histoire prérévolutionnaire de l’Empire de Russie qui présentait à la face du monde l’incarnation du despotisme asiato-byzantin, combiné à une géographie coloniale d’une démesure proprement indécente, un climat rude et une population docile dont la plus grande part était réduite en esclavage. Autrement plus intéressant est le XXe siècle qui s’ouvre par une guerre mondiale, laquelle fera vaciller le colosse monarchique russe. Puis vint, tout naturellement, une révolution bourgeoise à la suite de laquelle notre colosse se retrouva les quatre fers en l’air. Enfin pas lui (le colosse), mais elle : la Russie est du genre féminin. Son cœur impérial cessa de battre. Si cette géante à la belle implacabilité, couronnée de diamants, une mante de neige recouvrant ses épaules, s’était heureusement effondrée en février 1917 et éparpillée en plusieurs formations étatiques à taille humaine, elle se fût pleinement intégrée à l’esprit de l’histoire moderne, et les peuples, artificiellement maintenues ensemble par la dextre du tsar, eussent enfin pu jouir d’une identité nationale post-impériale et vivre en liberté. Mais il en alla autrement. Le parti bolchevique ne permit point à la géante de tomber, compensant le petit nombre de ses adeptes par une poigne proprement bestiale et une activité sociale inépuisable. Ayant effectué nuitamment un coup d’État à Petrograd, les bolcheviks rattrapèrent in extremis le cadavre de l’Empire, à l’instant où il touchait le sol. C’est ainsi que je vois Lénine et Trotski, en petites cariatides portant, avec des ahanements furieux, la belle défunte.
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Cette voie , désormais, était libre.Cela signifiait que l'on exporterait le précieux métal non seulement dans la république d'Extrême-orient , terriblement en manque,mais aussi au japon , en Corée , au Vietnam.Finis les couloirs aériens tortueux ,les voies détournées, les sentiers de montagne périlleux.Il n'était plus nécessaire de se cacher.Le Transsibérien!
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Vidéo de Vladimir Sorokine
Dimanche 16 mai 2010 Rencontre avec le romancier russe Vladimir Sorokine, Anne Coldefy-Faucard et Luba Jurgenson : « L'espace dans l'oeuvre de Sorokine », dans le cadre du banquet de printemps 2010 intitulé "L'Espace russe".

Vladimir Sorokine est connu dans les milieux non-conformistes depuis la fin des années soixante-dix. Il est né en 1955, et devient un écrivain russe majeur après l'effondrement de l'Union soviétique. Ses romans, nouvelles, récits et pièces de théâtre sont de véritables événements, suscitant louanges, critiques acerbes, contestations, indignation. Écrit dans les années 1985-1989, Roman est un des chefs-d'oeuvre de l'auteur. Il est publié en 2010 en français chez Verdier, en même temps que La Voie de Bro (Éd. de l'Olivier).
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