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Au premier roman de l'auteur, j'ai mis 3 étoiles, au deuxième 4 et donc logiquement je mets le maximum pour son troisième roman.
Jean Marc Souvira est officier au 36 quai des orfevres, il connait donc bien la musique des sérénades criminelles. Mais c'était justement son problème: trop technique, trop réaliste et pas assez romanesque pour faire un trés bon polar.

Les sirènes noires lui permettent d'intégrer les grands du polar francais.
Tout d'abord, son héros, le commandant Mistral a pris du coffre, sa personnalité s'est complexifié et sa vie personnelle deteint sur son boulot ( comme chacun d'entre nous). Ses équipiers sont beaucoup plus que des faire valoir, notamment l'officier Dalmatte.

Mais surtout son style est plus abouti: il mêle 4 enquêtes differentes- qui se rejoindront ou pas- avec une dextérité remarquable. La conséquence en est que les procédures judiciaires n'altèrent pas un rythme soutenu et un suspens haletant tout en étant d'un réalisme étouffant . En effet, ces "affaires" nous parlent de traites des blanches , qui en fait sont noires puisque des jeunes filles nigériannes viennent faire le trottoir en France, mais il nous parle aussi d'albinos , noires mais un peu moins que noires mais beaucoup plus que blanches qui, dans la culture africaine ont un statut très particulier.

Si vous aimez les vrais polars réalistes , lisez ce roman de toute urgence.
Je ne sais pas s'il ya des sirènes noires mais il y a un nouveau roi du polar noir blanc.

Mais ce n'est que mon humble avis
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Trois jeunes filles nigérianes participent à une étrange cérémonie ayant pour vocation de les protéger, mais aussi de les rendre folles si jamais elles se parjurent. Encouragées par leur mère, cette cérémonie marque leur départ du pays pour devenir « coiffeuse » ou « esthéticienne » à Paris, en France. A Paris, justement, le commissaire Ludovic Mistral, dont le couple bat de l'aile, et son équipe, travaillent d'arrache-pied sur des meurtres très étranges et pour lesquels les indices sont très minces : des troncs de corps humain, sans tête ni membre, impossible à identifier. Pendant ce temps-là, un homme ayant fui lors d'une perquisition à son appartement parcourt les parkings pour trouver les endroits où il ne sera pas filmé. Il savoure d'avance son crime.

Les sirènes noires, c'est le nom poétiques de ces femmes qui arpentent les trottoirs de Paris ou d'ailleurs pour "rembourser" une dette qui n'en finit jamais de s'alourdir et qui n'ont aucun espoir de salut, emprisonnées par la "magie" du sorcier qui a gardé une "part d'elles" avant de partir. Dans ce livre, Jean-Marc Souvira, lui-même commissaire divisionnaire à la police criminelle, entremêle leur histoire moderne à des pratiques et croyances d'un autre temps : les rituels de magie où l'on emprisonne l'esprit, la puissance du sang et des membres des albinos, une sorte de vaudou à la sauce des téléphones portables et d'internet. Il évoque également la traque d'un tueur en série qui étouffe les jeunes femmes dans les parkings pour mieux les violer. On suit également Ludovic sur les traces de son passé, de son présent avec ses fils et sa femme, et ses questions sur l'avenir.
J'ai eu un peu de mal, au départ, à raccrocher les wagons de ces intrigues multiples portées par les voix de nombreux personnages de l'histoire. Comme dans le magicien, le premier roman de cet auteur, le début est un peu lent, et puis, sans qu'on ne s'aperçoive de rien, les liens se font et se défont, l'intrigue, voire les intrigues, accrochent et s'imbriquent pour finir par s'emballer. Les personnages comme leurs histoires viennent hanter les lecteurs : combien y a-t'il de Margaret, renommée Stella, à se vendre de force aux passants de Barbès ?
L'une des grandes forces de ce livre vient de son réalisme, celui de l'histoire, celui de ces hommes et femmes flics, qui sont assez loin des clichés habituels des romans policiers : ni Colombo, ni super héros de la gâchette, Souvira fait dans la "sobriété", sans sensationnalisme et sans "gore" autre que descriptif, voire clinique. Les personnages y compris secondaires sont, sauf exception (j'avoue avoir trouvé Sylvie aussi attachante que caricaturale...), aussi très crédibles (une mention particulière pour Dalmate, j'aime beaucoup !). le second point fort de cet auteur, que j'avais déjà remarqué dans le magicien, c'est la maitrise du rythme de l'histoire : l'auteur nous amène exactement là où il veut et seulement quand il le veut. le lecteur a beau être omniscient, puisque disposant du regard et des actions de nombreux personnages, on reste surpris par la tournure des évènements, qu'on l'avait ou pas prévue ! C'est assez déstabilisant... mais réussi !
Enfin, et de façon très personnelle, j'ai voyagé au travers de ces enquêtes dans tout un tas d'endroits que je connais bien : la rue Guisard, où habite l'un des personnages, est la rue de mon coiffeur ; le Monteverdi fait un excellent risotto (la prochaine fois, je me laisse tenter par le mille-feuilles !) ; je passe devant l'IML à chaque fois que je me rends à la gare de Lyon, direction Aix-en-Provence, dont je suis originaire ; j'ai failli aller au collège Mignet (chez Souvira, il s'agit d'un lycée...) mais finalement, je suis allée à un autre, dans lequel ma meilleure amie du moment habitait le Tholonet. Plus tard, mon lycée en étant proche, j'allais régulièrement déjeuner au barrage de Bimont... C'est franchement très plaisant de suivre tous ces évènements en connaissant les lieux !

Bref, Les sirènes noires, c'est vraiment bien ! Un grand merci aux éditions à Fleuve Editions et à Babelio pour m'avoir permis de renouer avec cet auteur que j'avais un peu perdu de vue !!!
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Avant de commencer cette critique, je souhaite faire part de toute ma compassion et de mon respect envers les victimes des attentats de vendredi à Paris, et de leurs familles.


Je remercie les Editions Fleuve Noir et Masse critique de Babelio de m'avoir donné la possibilité de lire Les Sirènes Noires de Jean-Marc Souvira et de participer le 5 novembre à une rencontre-dédicace avec le romancier,au siège des Editions Fleuve Noir à Paris.

Comme le résume Balme, directeur de la PJ, le supérieur de Ludovic Mistral : "arrivés à un certain niveau, les emmerdements de s'additionnent plus, ils se multiplient". Et c'est bien le cas pour Mistral, Chef de la brigade criminelle de la PJ. Sur son bureau, deux dossiers, deux enquêtes qu'il va devoir gérer en parallèle : le tueur des parkings, qui, invisible, agresse et tue des jeunes femmes dans les parkings, des fous qui tuent et découpent en morceaux de jeunes africains albinos ; se rajoutent la disparition d'une jeune femme Ingrid Sainte-Rose, policier à la brigade criminelle, et un "cold case"....

Jean-Marc Souvira, alors qu'il nous détaille les différentes affaires auxquelles est confronté Mistral, nous dépeint simultanément le parcours difficile de trois jeunes filles nigériannes, depuis leur village d'Afrique jusqu'aux trottoirs de Paris, ainsi que les manipulations mentales liées à la magie africaine, dont elles font l'objet. Ainsi Magaret, rebaptisée Stella, accepte sans aucune rebéllion de devenir une esclave à la solde d'une Africaine, mère maquerelle qui fait la traite des êtres humains, achetant les jeunes filles à leurs mères en Afrique, en faisant miroiter un avenir de coiffeuse en France.

Tout l'art du romancier va consister à rattacher progressivement les différentes enquêtes les unes aux autres, mais aussi à souligner comment les policiers vont, pour pouvoir progresser dans leurs enquêtes, devoir accepter d'emprunter des "chemins de traverse" : de s'adapter au milieu dans lequel ils enquêtent, de comprendre son fonctionnement, de jongler entre procédure judiciaire classique et pure intuition.

Renonçant provisoirement à ses certitudes cartésiennes, Mistral va découvrir le poids de la magie et des sorciers qui, en région parisienne, jouent un rôle dans la communauté africaine.Afin de comprendre les meurtres des albinos africains, Ludovic Mistral doit demander l'aide d'un de ses amis, Hervé le Carme, universitaire spécialiste de l'Afrique.Hervé le Carme et Ludovic Mistral ont fait connaissance lors d'un drame : l'assassinat de la femme d'Hervé le Carme, assassinat jamais élucidé. Depuis l'universitaire a sombré dans une profonde dépression, sur fond d'alcool.

L'ancien séminariste Dalmate, va, quant à lui, faire progresser son enquête sur les milieux de la prostitution africaine en ayant recours aux précieuses informations fournies par une vieille prostituée française, Sylvie, dont le rôle n'est pas des moindres.

Bien sûr, Mistral et son équipe vont résoudre les différentes énigmes - Mistral au terme d'une grande remise en question, sur son entourage et ses certitudes.

J'ai retrouvé avec plaisir les ambiances des deux autres romans de Jean-Marc Souvira, le Magicien et le vent t'emportera. Ludovic Mistral est un policier attachant, qui jongle entre sa vie familiale, sa femme et ses deux fils, et la résolution d'enquêtes difficiles. Les relations d'estime avec ses collaborateurs, Dalmate et Calderone sont bien décrites. La description des enquêtes, leur enchevêtrement m'a vraiment intéressée. J'ai beaucoup aimé également la description du monde de la prostitution africaine, de la manipulation mentale qui a été faite par Jean-Marc Souvira. On ne peut que s'apitoyer sur le sort des prostituées africaines, Sirènes Noires, comme les nomme Sylvie, sirènes que nous avons tous vues dans les rues de Paris.

Je dirais en conclusion que les Sirènes Noires est un très bon roman policier, qui met un accent particulier sur la psychologie. Un roman qui précise, complète le Magicien, et Et le vent t'emportera, les précédents romans de Jean-Marc Souvira. le personnage de Ludovic Mistral prend de l'épaisseur, son fonctionnement, son équipe font sens. Paradoxalement, on a hâte de le retrouver face à de nouvelles enquêtes, mais aussi face à ses problèmes et ses démons, et de voir comment il va réagir, en homme juste, humain, dans un monde qu'il tente de comprendre.

J'ai pris un grand plaisir à participer à la rencontre-dédicace. Jean-Marc Souvira, policier, nous a parlé avec passion de l'office central pour la repression de la Traite des Etres humains qu'il a dirigé. Avec simplicité, et professionnalisme, il nous a expliqué tous les ressorts du proxénétisme africain et a répondu avec gentillesse et humour aux questions de Pierre Krause - toujours aussi habile et souriant - et de son auditoire, sur son expérience de policier, mais aussi sur son écriture et ses romans. Un moment d'émotion partagé par les lecteurs et lectrices.

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Je découvre cet auteur avec ce récit, la quatrième de couverture m'ayant donné très envie, les personnages enquêtent ici sur plusieurs meurtres sur fonds de meurtres rituels.

Il est question de beaucoup de sujets comme la prostitution car nous suivons de jeunes femmes nigérianes qui pensent se rendre en Europe pour une vie meilleure et devenir coiffeuse en région parisienne. La vérité est bien différente et elles vont le découvrir rapidement lors de leur périple pour rejoindre l'Europe.

Il est également question de sorcellerie/magie noire, de victimes dont on récoltent le sang et des albinos qui selon certaines coutumes auraient plus de pouvoir pour pratiquer certains rituels.

Le trafic d'être humain est également évoqué dans ce récit, j'ai aimé suivre le récit qui est mené tambour battant.

Cependant je n'ai pas plus que cela accroché aux enquêteurs et cela est dommage, j'ai donc peiné un peu plus à la moitié du récit mais j'ai tout de même dévoré ce récit.

Je pense d'ailleurs avoir dans ma bibliothèque le Magicien du même auteur que je lirai avec plaisir.
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Merci à Babelio et aux éditions Fleuvenoir pour m'avoir sélectionné.
J'ai adoré ce roman. Je ne connaissais pas cet auteur et je ne suis point déçue de l'avoir connu.
Gérard Collard en avait déjà parlé, pour un autre roman, mais je n'y avait pas trop prêté attention à ce moment et quel dommage!
Enfin bon, ça y est il est dans ma bibliothèque rangé au rayon coup de cœur.
Tout y est, le suspense et la méthodologie de raconter.
L'histoire nous happe jusqu'à la fin pour ne plus laisser de place à notre cerveau que pour ce roman.
Thriller-policier, à chacun sa définition pour ce livre.
Jean Marc Souvira m'a ouvert un nouveau champ de lecture, ses œuvres, que je vais m'empresser de lire pour satisfaire et emplir mon cerveau et mon cœur d'adrénaline avec un bon moment de lecture comme celui que je viens de passer.
J'ai été sous l'emprise et la soumission de ce roman.
Un grand merci.
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« Les sirènes noires », titre à la beauté tragique qui nous met direct dans l'ambiance…

Ce polar, très dense et prenant, décrit à la perfection la traite des jeunes filles à la peau d'ébène ainsi que leurs illusions perdues dès le départ de leurs villages.

J'ai eu la chance de rencontrer l'auteur ce soir lors d'un dîner / rencontre littéraire des plus intéressants.

Jean-Marc Souvira n'a pas eu besoin de se documenter.
Commissaire divisionnaire il a, dans le cadre de sa belle carrière (toujours d'actualité) exercé (entre autre) au sein de l'Office Central pour la Répression de la Traite des Etres Humains.
Il le dit lui même : son livre reste une fiction mais celle-ci est basée sur de véritables morceaux d'enquêtes.
C'est donc un milieu qu'il connaît extrêmement bien et qui encre son livre dans un réel pas si courant en la matière.

Côté écriture je l'ai trouvée très visuelle, j'entends par là que tout du long j'avais l'impression de participer à un film grandeur nature.
Il faut savoir que c'est par le biais du scénario qu'il est entré en littérature, et cela se ressent vraiment beaucoup et rend l'histoire haletante tellement les détails offerts à la lecture sont imagés.

Plusieurs évènements se mêlent, marquant ainsi le fait que la PJ ne travaille jamais que sur une seule affaire.
En cela aussi ces pages sont terriblement crédibles.

Difficile d'en dire plus sans trop raconter l'(es) intrigue(s)…

Tout ce que je peux ajouter, c'est que j'ai découvert un écrivain de polar que je vais continuer de dévorer (il a déjà écrit trois livres : « le magicien », « le vent t'emportera » et « Les rotules en os de mort ») et si l'occasion se représente je prendrai plaisir à converser une nouvelle fois avec lui tellement il est abordable et intéressant à écouter.
Au-delà du commissaire il y a un auteur assurément talentueux……… et un homme. Un homme qui a deux passions, aussi fortes l'une que l'autre et qu'il sait partager.

Pour information, il sera le 11 juin prochain à Dijon pour les rencontres littéraires « Clameur(s) ».
Ne le ratez surtout pas…

Je terminerai avec ses propres mots fort à propos relevés lors du dîner : « L'écriture apporte des moments de coïncidences exceptionnelles ».
Lien : https://arthemiss.com/les-si..
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Découverte de Jean-Marc Souvira pour moi et quelle découverte !! Une enquête comme j'adore.

Ludovic Mistral, commissaire au 36, quai des orfèvres est fatigué mais bien trop accro à son boulot pour « lâcher l'affaire »…pour le coup les affaires. Nous voilà plongés en douceur dans le Sud-Est du Nigéria lors d'une cérémonie qui scelle le destin du jeune beauté à celui de « Madam » pendant qu'à Paris un homme guette les entrées et sorties de parking…

Le décor est planté, le héros récurrent de Jean-Marc Souvira va avoir du pain sur la planche. Les pages avancent, les histoires se mêlent sans jamais s'embrouiller, les intrigues se posent et les questions se font incessantes pour le lecteur au point d'être agacé de devoir faire autre chose que poursuivre l'enquête.

L'histoire est brillamment menée et jusqu'à la fin du livre, nous allons de rebondissements en rebondissements sans jamais les voir arriver. Pas de répit, pas de longueurs, l'écriture est nette, parfois violente mais Jean-Marc Souvira maîtrise à la fois l'intrigue et la plume. Commissaire divisionnaire lui-même il tient les commandes du début à la fin et rien ne lui échappe, il est captivant.

Je ne parlerai pas d'avantage de l'histoire pour que vous puissiez la découvrir de vous même mais si vous aimez lire un polar avec l'impression que vous faites partie de « l'équipe des flics », foncez sur ce bouquin, il est génial !

Jean-Marc Souvira en a écrit deux autres livres, « le vent t'emportera » et « le magicien » que j'ai hâte de lire évidemment.
Lien : https://emiliaetjean.wordpre..
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Les sirènes noires est le dernier livre de Jean Marc Souvira. Il sort aujourd'hui, 12 novembre 2015.

Je remercie les éditions Fleuve (et Fleuve Noir) ainsi que Babelio pour cet envoi et la très intéressante rencontre avec l'auteur jeudi passée.

J'avais entendu parler de cet auteur mais je n'avais jamais eu l'occasion encore de le lire. Cette remarque est désormais du passé et j'ai depuis acheté (et fait dédicacé par Jean Marc Souvira) les deux premières enquêtes de Frédéric Mistral, son alter égo flic, tellement j'ai été conquis et enthousiasmé par ce 3ème opus. C'est sans contestation un nouveau coup de coeur.

Très réalistes, les sirènes noires se dévorent tellement le rythme est haletant et le contenu est passionnant. Intrigues, personnages, action, écriture, style, adrénaline, vous l'avez déjà compris j'ai tout apprécié dans ce polar.

Le livre nous conte le quotidien des flics du 36, quai des orfèvres. Frédéric Mistral a 4 enquêtes à mener de front, toutes distinctes en apparence : jeunes filles africaines à qui on promet la belle vie à Paris et qui sont prises au piège d'un réseau de prostitution (les fameuses sirènes noires), violeur psychopathe et meurtrier, assassinats sordides et démembrement de pauvres victimes albinos, assassinat d'une prostituée de luxe. C'est clairement basé sur du vécu, c'est violent même si c'est romancé. C'est ce qui donne tout l'intérêt pour moi de ce polar si différent de l'habituel.

Certes on peut regretter qu'une enquête n'ait pas de suite et se demander pourquoi l'auteur en a parlé si ce n'est pour perturber son lecteur. Mais cela permet d'avoir une vision très pragmatique du difficile travail d'un commissaire de police et de son équipe aujourd'hui. A l'heure où les séries TV (françaises ou américaines d'ailleurs) falsifient les choses, les sirènes noires permettent de bien remettre les faits dans leur contexte.

L'écriture est sèche, directe, ciselée, sans superflu ni élément perturbateur. La vérité, rien que la vérité. Les faits, rien que les faits. Elle n'est pour autant pas dénuée d'émotions, ni d'empathie (on déteste certains, on se prend d'affection pour d'autres, on souffre…). Elle s'adapte aux personnages (du dialecte africain au parler « d'jeuns »). Elle exprime parfaitement les états d'esprits des différents personnages.

Les faits sont rapportés de manière brute, ce qui exacerbe la dureté et le caractère si réaliste de ce livre. C'est fort, dur, limite supportable souvent. On est réellement en immersion dans l'enquête, au côté des commissaires et autres policiers.

« Des mecs et des gonzesses partout. Les filles hurlaient, hyper agressives, les mecs roulaient des mécaniques, prêts pour la baston. Il a fallu en sécher deux ou trois pour calmer un peu le jeu. T'imagine ? Un début de bagarre générale éclairée à la lampe torche ! La pire, c'était la mère maquerelle, Justina. Elle hurlait dans leur dialecte et ça électrisait tout le monde. J'ai dû l'attacher pour qu'elle se calme. Bien entendu les autres familles africaines nous sont tombées dessus. La BAC est venue en renfort, j'avais prévu le coup, et tout s'est calmé. »

Le style est très descriptif, très évocateur et précis. On n'a aucun mal à imaginer la scène, se représenter chaque détail, à frissonner, à détester ou à compatir. L'auteur accorde une importance particulière à décrire avec soin l'environnement et les faits. Il ne laisse ni flou, ni ambiguïté, ni n'autorise d'autres interprétations au lecteur. Peu de surprise dans ce polar.

« Il s'isola et, fidèle à son habitude, ferma les yeux pour s'extraire de la nef des fous dans laquelle il naviguait. Il parla longtemps avec son épouse. Les yeux fermés, il devinait son parfum. Un parfum qui n'existait pas dans le commerce, qu'elle n'avait conçu que pour elle, en parlant avec son mari, si sensible aux odeurs. Mistral ouvrit les yeux, raccrocha la communication et mit quelques secondes à se replonger dans l'univers hallucinant de la maison du sorcier. »

La plume est sans concession. On se retrouve happé par les journées et les nuits de Mistral, captivé par le déroulement des enquêtes et ce souhait de savoir. C'est addictif et un pur concentré d'adrénaline. Il est impossible de lâcher le livre.

L'auteur connait son métier et ça se voit (mention spéciale sur les analyses ADN par exemple), ça se lit et se ressent en tournant les pages. Quel bonheur !

L'écrivain s'autorise même quelques piques sur le métier « de la vraie vie de l'auteur » comme l'atteste la citation suivante. C'est subtilement écrit et criant de vérité.

« La discrétion, on s'en fout ! Tout le monde parle à tout le monde. le secret de l'instruction ? Vaste fumisterie, les journaux en sont remplis, et le public en raffole. Les flics sont toujours pointés du doigt et les premiers à morfler, alors que ça bavasse dans tous les coins. Et pour l'instant, il n'y a pas de juge d'instruction, donc pas de violation du secret de l'instruction. le procureur ? le secret de l'enquête ? J'en fais mon affaire. »

Vous l'aurez je pense compris, il ne faut absolument pas passer à côté de ce livre. Il se lit comme on regarderait un épisode d'une série ou un documentaire sur le 36. Il se déguste sans modération et je vous le conseille très vivement. En ce qui me concerne, je vais plonger dans les deux premières enquêtes de Mistral.

5/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Merci aux éditions Fleuve Noir et Babelio poir m'avoir permise de découvrir cet auteur !!! Dommage que je n'ai pu rencontré l'auteur ! Pierre Krause de Babelio à été prévenu dès mes soucis.
J'ai adoré cette histoire qui mélange sorcellerie, meurtre, prostitution et souvenirs ! !! Mistral, qui veut prendre des années sabbatiques, se retrouve face à une série d'événements qui prennent une tournure assez étrange pour un homme qui a es convictions telles que les siennes.
Ça m'a fait bizarre de retrouver dans une histoire le noms de villes que je connais et qui sont proches de chez moi. J'avais l'impression d'y être réellement.
L'écriture est fluide et très compréhensive. On voit que l'auteur sait que doit il parle.
Texte intrigant mais qui reste assez vaste sur l'élocution et la description des meurtres. On est pas dans du gloque ! !!
Je recommande vivement cette lecture
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Je ne connaissais pas cet auteur et bien heureusement l'erreur est réparée. Je remercie les éditions Fleuvenoir et Babelio qui m'ont permis de découvrir ce roman.

J'ai dévoré ce roman : les intrigues, le rythme, les personnages, l'action... Je me suis retrouvé engloutit dans l'histoire. J'ai commencé ce roman en milieu de semaine, et me suis levé à trois reprises a 3 heures du matin pour avancer. C'est après une dernière nuit quasi blanche que je viens de le terminer.

L'histoire mêle brillamment plusieurs intrigues, et démarre par un portait froid et glaçant de jeunes filles prises au piège d'un réseau de prostitution, d'un violeur psychopathe et meurtrier, et le démembrement de pauvres victimes, le tout rythmant la vie compliquée des policiers de la Direction régionale de la police judiciaire de Paris.

Je me suis retrouvé happé et hypnotisé. On compatie avec la vie de ces policiers, du leur maux, ainsi que celles des jeunes filles et des prostitués, et des victimes.

Le style est très précis: il n'y a pas de flou ou d'approximation. Tout se tient, et l'histoire défile trop vite.

Ce n'est pas le genre de livre à lire dans les transports : les distances sont trop courtes. S'arrêter au milieu est vraiment frustrant. J’ai donc sacrifié trois nuits et trois pauses déjeuné pour dévorer ce roman.

Il n'y a pas de suspens : ou du moins il n'y a pas le temps de l'avoir. Il se lit comme un documentaire. Certes c'est romancé, mais il est clair que l'histoire se base sur du vécu, un quotidien sordide et sombre, ou l'on côtoie le pire.
Je recommande chaleureusement la lecture de ce livre. Je vais rattraper mes lectures par les trois précédents (qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant), et je vais suivre cet auteur avec plaisir.

Petit bonus du livre : le monteverdi est mon restaurant préféré, et j'y vais régulièrement avec ma femme. Le mille-feuille est une vrai tuerie, je confirme.
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