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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vladek Spiegelman est un rescapé juif polonais des camps nazis. L'homme est acariâtre et autoritaire et communique difficilement avec son fils. Pourtant il finit par raconter à Art sa terrible expérience. de ce récit nait Maus, une bande dessinée où les juifs sont des souris, les nazis des chats et les Polonais des cochons...

Des animaux pour raconter l'inracontable : les nazis qui ne considèrent pas les juifs comme des êtres humains et de là s'autorisent, telles des bêtes féroces, à les exterminer. Voilà le passé que le fils a besoin d'entendre de la bouche de son père. Une passation de mémoire dont Art a fait une oeuvre récompensée par le prix Pulitzer — une oeuvre pour survivre au survivant, pour que le monde n'oublie jamais de quoi sont capables les hommes.
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Moi qui n'ai pas trop le moral en ce moment, je ne sais pas pourquoi 'ai été attirée vers de telles lectures (car j'ai lu ce premier tome en connaissance de cause et compte bien lire le second juste derrière) mais il fallait que le le lise, une sorte d'urgence absolue, comme celle qu'à Vladek Spiegelman de raconter son histoire à son fils, sur demande pressante de ce dernier. Lui aussi doit savoir. Certes, L'Histoire avec un grand H, il la connait, comme nous tous d'ailleurs mais c'est celle de ses parents qu'il veut connaître, celle avec un petit h comme tant d'autre de milliers de juifs qui ont tous connu un destin similaire ou presque en se fondant dans la grande Histoire...sauf que certains s'en sont réchappés (heureusement) tandis que de nombreux autres (trop nombreux d'ailleurs) n'ont pas eu cette chance.

Bref, déjà 96 critiques sur cet ouvrage, donc je ne vais peut-être pas m'attarder trop sur le sujet mais pourtant, il faut que l'on en parle encore et encore. Ici, l'on joue au jeu du chat et de la souris (le chat pour les nazis et le juif pour la souris) sauf que c'est beaucoup plus profond que cela car là, il n'est pas question de jeu mais de passation de mémoire ! Ici, deux histoires s'entremêlent, le renouement du dialogue entre un père et son fils et celle de ce qui s'est passé pour Valadek et son épouse Anja durant la Seconde Guerre mondiale, dans une Pologne déchirée où il ne faisait alors pas bon d'être juif car ce dernier étant la personne à abattre ou à dénoncer !

Un graphisme à couper le souffle, tout en noir et blanc (ce qui rajoute un peu de l'horreur à celle déjà terrifiante de l'Histoire et une histoire qui est loin d'être singulière (bien qu'elle le soit, singulière car unique mais qui est ô combien éprouvante pour tout lecteur je pense !).
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Art Spiegelman aura beau crier sur tous les toits qu'il ne fait pas des bandes dessinées mais des « romans graphiques », aka les bandes dessinées pour les snobs qui trouvent que les bandes dessinées sont trop populaires et pas assez élitistes pour leurs palais de gourmets, ses œuvres appartiennent bel et bien à l'art séquentiel ^^
Dans les années 1980 l'auteur mêle au récit de son père Vladek qui tient autant de la biographie que du témoignage son propre récit qui tient à la fois de l'autobiographie et de l'autofiction vu qu'il n'hésite pas à repousser le 4e mur en interrogeant les lecteurs sur la manière dont il a réalisé son oeuvre et sur la manière dont il agit et interagit avec son père qui il faut bien l'avouer n'est pas facile à vivre... Il réalise ainsi l'histoire d'un survivant de la Shoah entrecoupée de tranches de vie centrées sur une difficile relation entre un père et un fils laissés en vis-à-vis par le suicide en mai 1968 d'Anja épouse de l'un et mère de l'autre et elle aussi survivante de la Shoah. Avec un tel matériel de base, difficile d'en tirer un récit qui ne soit pas poignant ! (et qui pour des raisons que la raison ignore, à moins qu'il ne s'agisse d'un humanisme universel qui soit commun aux deux oeuvres, j'ai eu les mêmes émotions qu'avec le film de Jean Renoir intitulé "La Grande Illusion")

Dans la 1ère partie intitulée "Mon Père saigne", Vladek juif polonais raconte sa rencontre et son mariage avec Anja, son entrée dans très riche famille des Zylberberg, la naissance de leur fils Richieu qui provoque une dépression post-partum chez Anja et amène le couple en Tchécoslovaquie mise en coupe réglée par l'Allemagne nazie, puis son incorporation dans l'armée, son passage de courte durée sur le front, et son incarcération dans les camps de prisonniers de la Wehrmacht. Il finit par rentrer chez lui sain et sauf pour découvrir que désormais tous les Juifs sont prisonniers : les habitants juifs sont ghettoisés, ratonnades, pogroms et rafles deviennent des menaces quotidiennes alors que les Allemands encouragent la délation (et force est de constater que les Polonais ne se font pas prier)... Entre rumeurs et réalités, on essaie de survivre, de se cacher ou de s'enfuir (voire de se suicider pour ne pas offrir aux Nazis la satisfaction d'être tués) : l'argent permet de gagner du temps, mais on ne sait jamais si on a affaire à un kapo, un collabo ou un juste (c'est la grande force du récit que de mettre en scène toute le palette des émotions humaines)... Malgré une ruse sacrément culottée, la chance finit par manquer à Valdek, et lui et Anja finissent pas se faire attraper par les chiens de garde du nazisme ! To Be Continued !!!


Les prescripteurs d'opinions présentent tous "Maus" comme un chef-d’œuvre voire le seul chef-d’œuvre de la bande dessinée (qui pour information a été auto-édité pour pouvoir être publié). Mais moi je me superméfie du monde de l'entre-soi ou une œuvre est encensée par les médias prestitués parce qu'elle reconnue et étudiée par l'université et qu'elle est reconnue et étudiée par l'université parce qu'elle est encensée par les médias prestitués (et on voit bien que certains ont la carte ou n'ont pas la carte en fonction de leur statut social, culturel et intellectuel : suivez mon regard)...
- les graphismes sont simples voire basiques, or l'auteur est capable de graphismes autrement plus détaillés sinon autrement plus stylés... C'est donc un choix assumé que de dessiner dans les années 1980 comme dans les strips comics de l'entre-deux-guerre, mais dans mon souvenir "Tintin au pays des soviets" était mieux réussi... Du coup il s'échine à donner de l'expression à ses souris alors que le style graphique choisi ne se prête absolument pas à l'expression des sentiments...
- le choix de l'anthropomorphie est-il pertinent ? Si c'est une mise à distance par rapport au sujet, est-elle pour les lecteurs ou pour l'auteur ? La tradition est riche dans la culture anglo-saxonne depuis Rudyard Kipling et Walt Disney n'a fait que s’inscrire dans cette tradition qui a acquis ses lettres de noblesse avec "Watership Down" de Richard George Adams. Les Allemands sont tous des chats qui aiment jouer avec leurs proies avant de les tuer, les Juifs sont tous des souris qui se cachent et s'enfuient... Mouais c'est quand même sacrément manichéen, et puis avec Polonais = cochons, Français = grenouilles, Anglais = poissons, Américains = chiens, Suédois = rennes, et Tziganes = papillons on est au royaume des clichés. Alors on a quelques jeux d'identité avec Françoise Mouly qui passe de grenouille à souris en se convertissant au judaïsme, le Juif allemand qui passe de chat à souris, ou le fait qu'il suffit de porter un masque de cochon pour que pour le monde vous prenne pour un Polonais... Si j'étais vachard je dirais qu'une telle simplification correspond ou à la vision communautariste des Américains ou à la vision du monde raciste des Nazis ! De plus Vladek s'exprime comme Maître Yoda dans la saga Star Wars : c'est pénible et cela n'apporte aucune plus-value positive au récit...
- quel message veut faire passer l'auteur avec son père caricature du juif avare et cupide qui s'avère aussi raciste que les racistes qui ont détruit sa vie ? Art Spiegelman veut faire de la littérature du réel fusse-t-elle peu reluisante, mais passé un cap je me demandais si Vladek disait vraiment la vérité... Son histoire d'amour est invalidé par le fait qu'il a épousé Anja par appât du gain, alors que la WWII éclate il s'inquiète uniquement pour son business, il voue aux gémonies capos et kombinators mais fricotent avec eux du début à la fin du drame, et avec son habilité à sortir de son chapeau argent, bijoux et produits de premières nécessité jusqu'au bout du bout je me suis demandé s'il n'avait pas racketté ses coreligionnaires pour se les approprier... (et je passe sur certains agissements et certains comportement qui aurait fait le bonheur de la propagande antisémite des Nazis)
- les interrogations de l'auteur sur sa propre œuvre parasitent le récit, et on entre dans le voyeurisme / exhibitionnisme quand il s'épanche sur ses passages chez le psychiatre qui font la part belle au suicide de sa mère, son sentiment d'infériorité par rapport à son frère fantôme Richieu et ses relations conflictuelles avec son père Vladek qui pourrait être le pendant masculin de Tatie Danielle... Tous ces passages étaient-ils vraiment nécessaires au récit ?

PS : les mécanismes de la politique d'épuration ethnique nazie ressemble tellement aux mécanismes de la politique d'épuration économique yankee que j'ai très peur pour l'avenir... Jack Welch l'übermanager de General Electrics vénéré dans les écoles du commerce du monde entier pensait et pense toujours qu'il faut éliminer les 20% les plus faibles qui sont un coût nuisant à l'efficacité et à la compétitivité, qu'il faut exploiter jusqu'à la corde les 60% les plus valides pour faire un maximum de bénéfices (parce que pour les homines crevarices qui parasitent l'humanité les êtres humains ne sont rien d'autre qu'un coût à réduire, à optimiser ou à éliminer), et qu'il faut promouvoir les 20% les plus forts pour jouer le rôle de capos devant maintenir le système sous contrôle... Sauf qu'à ce petit jeu là, il y a toujours 20% à éliminer et que de fil en aiguille on aboutit à une extinction totale ! Un jour le traître à l'humanité qui a troqué le terme « directeur du personnel » pour celui de « directeur des ressources humaines » sera jeté du haut de la Roche Tarpéienne et ce sera bien fait pour lui !!! Et évidemment ça ne choque personne parmi la ploutocratie mondialisée qui nous dirige, à commencer par Emmanuel Macron le président des riches autoproclamé héritier de cette sorcière de Margaret Thatcher...
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Rego Park, New York. Un fils Artie, un bon fils qui va voir son vieux père aux articulations rouillées. Dessinateur de BD, il a eu une idée en tête, ça ne va peut-être pas intéresser grand monde, côté public ou côté éditeur mais il a envie d'écrire sur son père, une histoire de famille polonaise des années 30 à l'hiver 44. Finalement ce témoignage sera un grand succès que je découvre enfin à mon tour. Une histoire de souris – les juifs – et de chats – les nazis. Mais l'histoire est loin d'avoir la folle ambiance de « Tom et Jerry ». On y croise aussi des cochons, les autres, ni juifs ni nazis, ambiance « La Ferme des Animaux ».

Par de petites entrevues, il ne faut pas trop bousculer les douloureux souvenirs d'un vieil homme, il sera question du premier envahissement de la Pologne, des restrictions alimentaires puis libertaires, de se cacher – loin du jeu du chat et de la souris -, puis de déportations, de fusillades, etc… Des camps de concentration. C'était à une époque où l'on dessinait sur les murs de la ville ou sur les portes d'un immeuble, des étoiles de David ou des croix gammées…

Tout en noir et blanc, le témoignage reste d'une puissance actualité sur cette sombre – comme le dessin – période de notre récente Histoire. « Les juifs sont indubitablement une race, mais ils ne sont pas humains », Adolphe Hitler. Maus, c'est un survivant qui raconte son effroyable parcours pour ne pas oublier l'évidence. Une oeuvre, le devoir d'un fils à son père avant qu'il ne soit trop tard pour récupérer de tels témoignages. Pour se souvenir.
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Témoignage d'un père, rescapé des camps nazis, retranscrit sous forme de BD par son fils, en noir et blanc.
Le ton et l'ambiance sont présents; douleur, souffrance, dénonciation, peur, traque, violence.
Les caricatures des souris pour représenter les Juifs et des chats pour les nazis, nous transmettent sans doute possible l'effroyable traque et soumission dont les Juifs ont été victimes.
Les dessins sont impitoyables et les dialogues assez bruts, démontrant la déshumanisation totale et la disparition de toute solidarité entre les déportés. Chacun pour soi : " À ce moment, la famille ça existait plus, chacun s'occupait que de lui-même."
On entre aussi dans la famille du père, exilé aux États-Unis, et de ses rapports conflictuels avec son fils et sa femme. On comprend que l'homme a souffert, que son passé a laissé des empreintes.


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Maus, l'oeuvre d'Art Spiegelman qui raconte la vie de ses parents vivant en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale est assez incontournable. Incontournable dans le domaine de la BD, dans le domaine de la littérature juive américaine (affreuse étiquette mais les universitaires aiment bien) et dans le domaine historique. Alors quand en plus j'ai vu que Yan Lindingre avait choisi d'envoyer cet ouvrage pour son opération "Une BD pour Finkie", je me suis dit que c'était quand même la honte de ne pas l'avoir lu. Ouf ! C'est maintenant chose faite !

Et il est indéniable que cette bande dessinée constitue un véritable document historique qui nous renseigne énormément sur le processus de "dégradation" de la vie des Juifs polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. D'autant plus que le père et la mère de Spiegelman viennent de familles assez différente - bien que totalement à l'opposé de celles décrites par Isaac Baschevis Singer car ici ce sont des citadins. En plus cette lecture est bien plus accessible (et agréable, avouons le) que celle du Roman de Wladislaw Szpilman , le Pianiste - magnifiquement adapté par Roman Polanski mais vraiment pas facile à lire. En plus, il y a ici beaucoup d'humour, notamment dû au fait que Vladek Spiegelman s'avère souvent être une caricature du juif ashkénaze à plusieurs égards.

Bien sûr, on peut retenir l'aspect "zooliquement original" de Maus où les Jifs sont des souris, les Polonais ("goys") des cochons, les Allemands des chats et les Américains des chiens. Tous sont très expressifs et le fait de transposer des humains en animaux n'atténue en rien l'émotion ressentie ou les expressions de désespoir. Mais Maus c'est tellement plus que ça ! Certes c'est là que se trouve la griffe Spiegelman mais il y a d'autres procédés spécifiques au neuvième art ou non qui se trouvent dans cet ouvrage. Il y a d'abord toute la mise en abîme où qui permet à l'auteur de retracer toute la genèse de son projet ainsi que les "obstacles" auxquels il s'est heurté. : les conflits familiaux, les impossibilités de dialogues et le silence très pesant laissé dans le foyer après le suicide d'Anja Spiegelman, la mère de l'auteur. Une figure centrale dans ce récit, même si, comme le titre l'indique, ce tome se concentre bien bien sur la figure paternel (avec qui l'auteur est et a toujours été en conflit).
Pour résumer ce premier tome, il traite surtout de la vie des Spiegelman au du milieu des années 1930 jusqu'en 1944 où ils sont dénoncés aux Nazis par les passeurs qui devaient les conduire en Hongrie et amenés au camps d'Auschwitz. La narration a quelque chose de très pédagogique car elle montre petit à petit l'arrivée de l'étoile jaune, la confiscation des biens puis des appartements et le "relogement" dans des ghettos.

Après cette lecture, je suis comme Finkielkraut - s'il s'est prêté au jeu - je me sens moins bête. Direction le tome 2 : au camp d'Auschwitz.

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J'ai pris la résolution de me tourner un peu plus vers les BD et romans graphiques. Il était temps de m'intéresser un peu plus au 9ème art et pas seulement aux Asterix et Tintin, déjà lus et relus.
Maus n'a plus besoin d'être présenté et est mondialement connu. 
Ce premier tome est très émouvant car avant de traiter de l'holocauste il présente un père et son fils et leur relation parfois tendue. 
Le fait que les personnages soient des animaux,  les juifs sont des souris traquées par les nazis dessinés sous les traits de chats,  n'allège absolument pas le sujet ni le destin cette famille si meurtrie.
À travers cette oeuvre ce n'est pas que le témoignage d'une page de l'Histoire avec une majuscule qui est mis en avant  mais surtout la transmission d'une histoire et d'un héritage familial.
Bouleversant évidemment,  ce livre est un merveilleux moyen de poursuivre notre devoir de mémoire et je le ferai lire aux jeunes lecteurs autour de moi.
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Dans cet album, Art Spiegelman évoque les Juifs et le nazisme en Pologne dans les années 1930 et 1940, sous forme de souris traquées par des chats. L'auteur se base sur les témoignages de son propre père. Juif polonais, celui-ci lui retrace l'histoire familiale entre guerre, rafles, ghettos, fuite et cachettes pour échapper aux nazis, et déportation. Il y a des images dures, terribles, des passages bouleversants. La façon de s'exprimer du papa bougon est particulièrement touchante, sa grammaire chaotique fait résonner la voix d'un vieil homme émigré et cela ajoute encore une note de réalisme au récit... Dommage cependant que le dessin soit si épais, chargé. Il m'a semblé que cela nuisait à la compréhension du récit déjà dense, d'autant que les têtes d'animaux empêchent de différencier les personnages... Cela n'en reste pas moins un témoignage important, à découvrir dès 14-15 ans.
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Maus. Un survivant raconte d'Art Spiegelman raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis polonais durant la seconde guerre mondiale et de son fils auteur de bande-dessinée. Artie enquête auprès de son père pour comprendre les raisons du suicide de sa mère. Mais au fur et à mesure de ses questions, il découvre un passé lourd d'épreuves. Biographie ou fiction, il est difficile de démêler la réalité de la fiction. Toujours est-il que cette histoire emprunte à la biographie de l'auteur. La vision de la Shoah exposée dans cette BD est d'ailleurs originale : nous sommes loin du témoignage de certains livres dont le devoir de mémoire était le principal objectif (évidemment le premier titre qui vient spontanément à l'esprit est Si c'était un homme de Primo Levi). Au travers cette BD, Spiegelman règle à sa façon, des comptes avec ce père qu'il admire et déteste à la fois...

Navigant entre souvenirs et moments présents, ce récit propose un scénario des plus percutants. Malgré la période pessismiste évoquée, le bédéiste ne verse absolument pas dans le pathos et le dur Vladek en témoigne : son langage si particulier dénote un détachement étrange, comme si les événements racontés avaient eu lieu dans une autre vie. Artie est quant à lui partagé entre le respect pour son père et la rancoeur qu'il ressent envers lui : le portrait qu'on découvre dans Maus est d'ailleurs peu attachant. Et pourtant, l'on doit reconnaître que Vladek force le respect. En effet, des dénonciations, des rafles, du rationnement, de la faim et la peur, qu'il a subi sans exception, Vladek s'en est sorti avec dignité... Mais aussi avec amertume. Tout au long du récit, les sentiments d'Artie/Spiegelman ? alternent entre admiration et colère. Et le lecteur est pris à parti malgré lui... C'est donc le signe d'une oeuvre passionante que je ne découvre que maintenant et que je recommande à tous.

Par contre, pour ce qui est des graphismes, j'avoue ne pas accrocher avec le style. Les personnages campés par des animaux et le trait dur des dessins n'est pas pour me plaire. Ceci dit, c'est cette touche qui fait la notoriété de Spiegelman et reconnaissons-le, sa représentation de Hitler (voir ci-dessous) est des plus réussies.

Publiés aux USA par Pantheon Books, les chapitres 1 à 6 ont paru à l'origine sous une forme différente dans le magazine Raw de 1980 à 1985.

Prisonnier en enfer (qui raconte le suicide de la mère d'Artie) a été publié dans le numéro 1 de Short Order Comix en 1973.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Maus est à la fois une oeuvre bouleversante pour son histoire, ses personnages et la thématique abordée, mais c'est aussi une oeuvre éducative pour les mêmes raisons.
Spiegelman raconte L Histoire des juifs pendant la seconde guerre mondiale par le prisme de son père, mais ne tire pas sur les larmes car il donne beaucoup de profondeur à son père et n'enjolive pas la personnalité de celui qui l'a éduqué.
Ici pas de héros, pas de gagnants, pas de perdants, juste une réalité mise en lumière avec tout ce que cela implique et l'auteur.

C'est passionnant et l'auteur garde une "légèreté" (grâce aux moments en famille qui permettent de couper avec l'histoire racontée) malgré la thématique et arrive à capter le lecteur tout du long sans aller jusqu'au point de nous dégouter et nous faire lâcher le livre de colère.
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