Maus, l'oeuvre d'Art Spiegelman qui raconte la vie de ses parents vivant en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale est assez incontournable. Incontournable dans le domaine de la BD, dans le domaine de la littérature juive américaine (affreuse étiquette mais les universitaires aiment bien) et dans le domaine historique. Alors quand en plus j'ai vu que
Yan Lindingre avait choisi d'envoyer cet ouvrage pour son opération "Une BD pour Finkie", je me suis dit que c'était quand même la honte de ne pas l'avoir lu. Ouf ! C'est maintenant chose faite !
Et il est indéniable que cette bande dessinée constitue un véritable document historique qui nous renseigne énormément sur le processus de "dégradation" de la vie des Juifs polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. D'autant plus que le père et la mère de Spiegelman viennent de familles assez différente - bien que totalement à l'opposé de celles décrites par Isaac Baschevis Singer car ici ce sont des citadins. En plus cette lecture est bien plus accessible (et agréable, avouons le) que celle du
Roman de Wladislaw
Szpilman ,
le Pianiste - magnifiquement adapté par
Roman Polanski mais vraiment pas facile à lire. En plus, il y a ici beaucoup d'humour, notamment dû au fait que Vladek Spiegelman s'avère souvent être une caricature du juif ashkénaze à plusieurs égards.
Bien sûr, on peut retenir l'aspect "zooliquement original" de Maus où les Jifs sont des souris, les Polonais ("goys") des cochons, les Allemands des chats et les Américains des chiens. Tous sont très expressifs et le fait de transposer des humains en animaux n'atténue en rien l'émotion ressentie ou les expressions de désespoir. Mais Maus c'est tellement plus que ça ! Certes c'est là que se trouve la griffe Spiegelman mais il y a d'autres procédés spécifiques au neuvième art ou non qui se trouvent dans cet ouvrage. Il y a d'abord toute la mise en abîme où qui permet à l'auteur de retracer toute la genèse de son projet ainsi que les "obstacles" auxquels il s'est heurté. : les conflits familiaux, les impossibilités de dialogues et le silence très pesant laissé dans le foyer après le suicide d'Anja Spiegelman, la mère de l'auteur. Une figure centrale dans ce récit, même si, comme le titre l'indique, ce tome se concentre bien bien sur la figure paternel (avec qui l'auteur est et a toujours été en conflit).
Pour résumer ce premier tome, il traite surtout de la vie des Spiegelman au du milieu des années 1930 jusqu'en 1944 où ils sont dénoncés aux Nazis par les passeurs qui devaient les conduire en Hongrie et amenés au camps d'Auschwitz. La narration a quelque chose de très pédagogique car elle montre petit à petit l'arrivée de l'étoile jaune, la confiscation des biens puis des appartements et le "relogement" dans des ghettos.
Après cette lecture, je suis comme
Finkielkraut - s'il s'est prêté au jeu - je me sens moins bête. Direction le tome 2 : au camp d'Auschwitz.