Citations sur Stargirl (16)
"Mon chariot du bonheur est presque vide, Léo. Plus que cinq cailloux. Question bonheur, je fonctionne seulement à vingt-cinq pour cent de mes capacités. Tu te rappelles la première fois que je t'ai montré mon chariot ? Combien de galets contenait-il, alors ? Dix-sept ! Ensuite, j'en ai rajouté un, tu te souviens ? Je ne te l'ai jamais avoué mais, avant de me coucher ce soir-là, après que nous avons échangé notre premier baiser, sur le trottoir devant chez moi, j'ai mis les deux dernières pierres. Vingt en tout. Le nirvana. Comme jamais auparavant. Le chariot est resté plein jusqu'à ce je peigne ce drap et que je l'accroche sur le panneau d'affichage du lycée pour que tout le monde le voie...
STARGIRL
AIME
LÉO
Est-ce ma faute, Léo ? Ai-je exagéré ? T'ai-ce à ce point effrayé ? J'ai l'impression que, depuis, je n'ai cessé de retirer des gallets de mon chariot. Maintenant, j'en suis réduite à cinq, je me sens mal, et j'ignore comment aller mieux."
Plus tard, je lui ai expliqué comment fonctionnaient les gens. On ne pouvait encourager tout un chacun. Pourquoi ? Parce qu'on appartenait à un groupe, qu'il était impossible d'appartenir à tous les groupes. Pourquoi ? (...)
L'appartenance au groupe était quelque chose de très fort. De primitif. On la retrouvait à tous les niveaux, dans les plus petites communautés - la famille - comme dans les plus grandes - le lycée, la ville. Et jusqu'aux plus vastes échelles - les pays. Les planètes aussi ? N'importe. Ce qu'il fallait retenir, c'est que, dans un groupe, tout le monde se comportait grosso modo de la même façon. C'était la condition sine qua non de la cohésion. Tout le monde ? Presque. Voilà pourquoi on avait inventé les prisons et les hôpitaux psychiatriques. Pour assurer la cohésion des groupes. (p.195-196)
- Tu n'as pas l'air de t'inquiéter de ce que pensent les gens. Tu n'as même pas l'air de SAVOIR ce qu'ils pensent. Tu...
- Parce que toi, tu le sais ?
J'ai réfléchi. J'ai sèchement hoché la tête.
- Ouais. Ouais, je crois. je suis relié à eux. Je suis l'un d'eux. C'est normal, inévitable.
- Et ça compte ?
- Evidemment, que ça compte ! Regarde, ai-je ajouté en agitant le bras en direction des bâtiments, regarde ce qui se passe. Personne ne nous parle. Tu ne peux pas t'en foutre ! (p.193)
Je savais parfaitement ce dont j'étais coupable. je m'étais attaché à quelqu'un d'impopulaire. Tel était mon crime. (p.189)
- Tu collectionnes les pierres ?
- C'est mon chariot du bonheur. Ou du malheur, au choix. Mais j'aime mieux l'idée du bonheur.
- A quoi il sert ?
- A mesurer mes humeurs. Quand quelque-chose me rend heureuse, je mets un caillou dans le chariot. Dans le cas contraire, j'en enlève un. En tout, il y a vingt galets. (p.174)
Quelle amitié compte le plus pour toi, la sienne ou celle des autres ? (p.153)
Comme la plupart des discours d'Archie, celui-ci a moins semblé entrer par mes oreilles que se poser sur ma peau. Ses mots se terraient en moi, pareils à des œufs minuscules qui attendraient la pluie de ma maturité pour éclore et me permettre de les comprendre enfin. (p.151)
Un espace-temps. Pour la plupart, il s'agit du matin. Des premières secondes où nous nous éveillons, mais où nous ne sommes pas encore complètement lucides. Durant ces brefs instants, nous sommes plus primitifs que la normale. Nous venons de dormir du sommeil de nos plus anciens ancêtres, et quelque chose d'eux et de leur monde s'accroche encore à nous. Ces quelques secondes, nous ne sommes pas encore formés, pas civilisés. Nous ne sommes pas ceux dont nous avons l'habitude, mais des être plus proches d'un arbre que d'un clavier d'ordinateur. Nous n'avons ni titre ni nom, nous sommes à l'état de nature, suspendus entre "l'avoir été" et "l'être", des têtards pas encore grenouilles, des chenilles pas encore papillons. Nous sommes, brièvement, tout et n'importe quoi. Et puis... (p.150)
J'avais un million de réponses à cette question, mais pas les mots pour exprimer mes sentiments. (p.127)
- Hum, et... tu changes de prénom quand tu en as assez ?
- Quand il ne me va plus. Je ne suis pas mon prénom. Mon prénom est quelque chose que je porte, comme une chemise. Il s'use, devient trop petit. Alors j'en prends un autre. (p.95)